On le sait, faire l'amour est un excellent anti-stress et anti-anxiété, en plus d'être une source de plaisir. Pourtant, certaines personnes dépriment juste après l'acte sexuel ou après avoir atteint l'orgasme.

Directeur de la clinique psychopharmacologique au Weill Medical College de l'Université Cornell, à New York, Richard A. Friedman a cherché à mieux comprendre ce type de dépression. Il explique dans un article du New York Times publié lundi, qu'il a été surpris de rencontrer des patients pour qui les relations sexuelles avec leur conjoint ou conjointe sont synonymes d'une grande tristesse. Car même si, sous les draps, l'expérience est agréable, ces personnes vivent une dépression intense, qui dure plusieurs heures, juste après avoir fait l'amour ou après avoir atteint l'orgasme, en couple ou en solo. Pourtant, il ne s'agit pas de personnes généralement dépressives.

Dépression post-coït

Ce phénomène, même s'il semble étrange, n'est pas si marginal. Un ancien proverbe latin dit d'ailleurs que «tous les animaux sont tristes après avoir fait l'amour». C'est ce que l'on appelle la dépression post-coït. Il existe toutefois peu de références scientifiques sur le sujet. Plusieurs experts que nous avons interrogés n'avaient d'ailleurs peu ou pas de commentaires à faire là-dessus.

On sait que la sexualité est intiment liée avec le psychique. Mais que se passe-t-il dans la tête lors des ébats amoureux ? C'est encore un mystère pour les chercheurs.

En 2005, le Dr Gert Holstege de l'Université de Groningen, en Hollande, a découvert que lors de l'acte sexuel, l'activité dans les amygdales, soit la partie du cerveau qui contrôle la peur et les craintes, baisse de façon importante. Il a ainsi pu conclure que les relations sexuelles diminuent clairement le niveau d'anxiété.

Alors se peut-il que chez certaines personnes, les relations sexuelles entraînent une diminution tellement importante d'activités dans les amygdales, qu'elles deviennent irritées et déprimées ?

Pour le savoir, le Dr Richard A. Friedman a fait un test auprès de deux de ses patients atteint de dépression post-coït. Il leur a donné des antidépresseurs, en misant sur leurs effets secondaires immédiats, soit la dysfonction sexuelle. Résultat : si les ébats sexuels de ses patients avec leur partenaire étaient moins intenses qu'à l'habitude, l'effet de déprime avait disparu.

Bien sûr, il est difficile de prouver un véritable lien scientifique entre la prise des médicaments et la disparation de la dépression post-coït. L'effet placebo ou une disparition naturelle de la déprime peuvent aussi être considérés.

Les patients ont pris leur pilule pendant deux semaines. Durant cette période, ils ont eu des relations sexuelles sans avoir de problèmes dépressifs. Après 15 jours, ils ont arrêté le traitement, mais les symptômes de dépressions post-coït avaient réapparu. Ce qui laisse croire que les antidépresseurs ont fait effet.

Conclusion du chercheur : si l'acte sexuel réunit deux corps, tout se passe bel et bien... dans la tête.