S'ils ne sont pas plus précoces que les générations qui les ont précédés, les milléniaux sont plus ouverts à l'exploration et très nombreux à avoir des relations sexuelles sous l'influence du cannabis. Faits saillants d'une étude sur la vie sexuelle des jeunes Québécois, publiée hier par l'Institut national de santé publique du Québec.

La première fois

Le mythe voulant que les jeunes d'aujourd'hui soient hyper précoces continue d'être déboulonné. À l'âge de 17 ans, 50 % des femmes et 40 % des hommes ont eu une première relation sexuelle. Ces proportions sont les mêmes depuis les années 80. L'âge des premières relations orales et l'âge des premières relations vaginales sont semblables. « En gros, on ne parle pas ici de sexualité débridée, fait remarquer en entrevue le docteur Gilles Lambert, médecin-conseil à l'Institut national de santé publique. On n'est pas du tout dans une situation de sexe oral dans les autobus à 12 ans », comme le veut le mythe.

Les relations homosexuelles plus fréquentes chez les femmes

Les relations avec un partenaire du même sexe sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes : chez les 21 à 29 ans, 11 % des hommes et 27 % des femmes ont déjà eu une relation sexuelle avec quelqu'un de leur propre sexe. « Cela ne signifie pas que ce sera le choix de toute une vie, mais les jeunes sont très ouverts à l'expérimentation », dit le Dr Lambert.

Le sexe sous l'influence du cannabis

Un peu plus de 4 hommes sur 10 et 3 femmes sur 10 ont indiqué avoir eu « quelques fois ou plus » des relations sexuelles sous l'influence du cannabis au cours des 12 derniers mois. « Le cannabis est la drogue consommée par le plus grand nombre de jeunes lors de leurs relations sexuelles », peut-on lire.

Partenaires d'un soir

Au cours des 12 mois précédant l'étude, 8 jeunes sexuellement actifs sur 10 ont eu au moins un partenaire « de couple » ; 26 % des jeunes sexuellement actifs ont eu un partenaire d'un soir alors que 23 % ont eu des relations sexuelles avec un ex. « C'est donc dire que le couple reste le modèle prédominant, fait remarquer le Dr Lambert, mais il est souvent combiné avec d'autres types de partenaires dans la dernière année. » Le grand danger sous-estimé : une relation sexuelle avec un ex, lors de laquelle « les jeunes ont plus de difficulté à exiger le condom ».

Des contextes de rencontre diversifiés

Au total, 40 % des hommes et 25 % des femmes ont trouvé de nouveaux partenaires par les sites de rencontre en ligne. Le phénomène Tinder - une application de réseautage social (et plus si affinités) - n'avait cependant pas la même portée sociale au moment de l'étude (une période de 18 mois en 2013-2014), et les auteurs relèvent que cela peut avoir changé la donne. Notons par ailleurs que parmi les jeunes sexuellement actifs, 5 % ont eu une relation sexuelle de groupe (dans 70 % des cas, des « trips à trois »).

Impopulaire condom

Les jeunes de 21 à 29 ans sont moins nombreux (21 %) que les 17 à 20 ans (32 %) à utiliser un condom avec leur partenaire « de couple » même si les jeunes qui se considèrent comme en couple sont nombreux à papillonner en même temps. Par ailleurs, dans 20 % des cas où le condom a été utilisé, il y a eu pénétration avant et les jeunes sont encore nombreux à croire aux vertus du coït interrompu. Autre fait troublant, selon le Dr Lambert : « Soixante pour cent des jeunes n'ont pas utilisé le condom lors de leur dernière relation d'un soir ». La pilule demeure la contraception de choix des jeunes.

Avortements

Parmi les participantes à l'étude, 3 % des 17 à 20 ans et 16 % des 21 à 29 ans ont eu recours à un avortement. « Selon les données de l'Institut de la statistique du Québec, depuis 10 ans, on observe une diminution des taux d'avortement chez les femmes de moins de 30 ans au Québec. Cette diminution a aussi été constatée aux États-Unis et dans d'autres pays. »

7/10: Note moyenne que les jeunes attribuent à leur bien-être sexuel

Méthodologie : 3000 résidants du Québec, âgés de 17 à 29 ans, mais très majoritairement de 17 à 25 ans, ont accepté de répondre au questionnaire et de se soumettre à des autoprélèvements biologiques.