Un manqueNon, les gens qui mènent des doubles vies ne sont pas tous de beaux salauds, égoïstes et sans coeur. La vie est généralement beaucoup plus «complexe» que cela, nuance le psychologue. «La majorité du temps, c'est parce qu'il y a un besoin non comblé dans la relation. Il y a un élément personnel qui fait en sorte que la relation ne suffit pas», dit-il. Il peut s'agir d'un trouble de l'humeur, d'une personnalité narcissique ou carrément d'une dépendance sexuelle. «Ce sont des gens qui, parce que leur relation ne les nourrit plus - ils ne se sentent plus valorisés dans le regard de l'autre, ou ils n'ont plus de bon sexe -, sont tout à coup attirés par quelqu'un d'autre. Quand? Ça, on ne le sait pas.»

Préserver le statu quo

Non, ce n'est pas nécessairement l'excitation de l'interdit qui les anime ici non plus. Au contraire. Bien souvent, si on choisit de mener une double vie, c'est plutôt pour éviter de «tout chambouler», poursuit François St Père. «Si ces gens-là faisaient le choix de la séparation, ils savent qu'ils auraient tellement de conséquences négatives: baisse du niveau de vie, ils verraient moins leurs enfants, ils perdraient bien des acquis.»

Penser aux enfants

Surtout, ce sont les enfants que l'on souhaite ici préserver. «Là-dedans, il y a de bons pères et de bonnes mères. Des gens généreux, fait valoir le psychologue. La double vie est une façon de moduler ses besoins sans trop chambouler de vies.» Il signale au passage qu'il n'y a pas de bons ni de méchants. La vie n'est jamais toute noire ou toute blanche. «J'ai tellement rencontré de bonnes personnes qui avaient vécu un écart dans leur vie!», signale l'auteur de deux ouvrages sur la question: L'Infidélité et Le burnout amoureux.

Une drogue

Il reste que ceux qui sautent la clôture le savent bien: la passion amoureuse, c'est une «drogue». «Et c'est la drogue la plus puissante sur terre, renchérit le psychologue. Et quand on est envahi, on peut se poser la question: est-ce qu'on a vraiment le choix?» Tel un alcoolique qui ne peut pas se retenir de boire, la passion peut nous faire perdre tous nos moyens, à commencer par notre raison. «C'est un sentiment tellement fort qu'il devient difficile de se retenir, analyse François St Père. Et c'est bien difficile à comprendre, pour ceux qui ne l'ont pas vécu...»