Du pénis de cheval, le chef Xiao Shan dit qu'il est l'ingrédient le plus délicat de son bouillon d'organes génitaux, un régime «vergétarien» auquel on prête souvent, en Asie, des vertus aphrodisiaques.

«Tant la texture que le goût (du pénis de cheval) sont agréables. C'est également bon pour la santé», affirme le cuisinier, héritier d'une longue tradition familiale.

Phallus et testicules d'âne, de bouc, de chien, de taureau et de cerf complètent le ragoût proposé pour 200 dollars dans son restaurant pékinois. On peut y déguster aussi les parties du bélier, du yak, mais aussi du serpent et du phoque, pourvus de deux pénis chacun.

Les organes sont découpés avant d'être joliment disposés sur un lit de laitue dans un plat en verre.

Selon une responsable de Guolizhuang, l'unique chaîne de restaurants chinoise spécialisée, sa carte insolite est très populaire auprès des hommes d'affaires et des fonctionnaires.

L'immense majorité des clients sont des hommes en quête de virilité qui espèrent améliorer leurs performances sexuelles.

«Les Chinois croient qu'on peut revitaliser certaines parties du corps en les nourrissant avec le même organe» pris sur un animal, justifie Li Yanzhi. «Manger des pénis et des testicules rend un homme plus fort et lui garantit une vie sexuelle épanouie».

Ces croyances n'ont jamais été étayées scientifiquement, mais elles restent vives en Asie.

«Les hommes le consomment pour être vigoureux au lit»

À Lahore, la capitale économique du Pakistan, on consomme le Takatak, sorte de ragoût composé de coeur, de cervelle, de reins et de gonades de bouc et de bélier.

«Les hommes le consomment pour être vigoureux au lit», raconte le chef Faher Hayat, qui rehausse le tout d'oignons, tomates, gingembre, poivre et coriandre.

En Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde, on affectionne pour les mêmes raisons le sang frais de serpent.

Dans la vieille ville de Jakarta, les clients choisissent pour 70 000 roupies (environ 6,34$) un reptile vivant. Le vendeur lui coupe la tête et récupère le sang dans une tasse de thé ou un verre.

Une cuillère de miel est ajoutée au breuvage pour en adoucir l'amertume. Prescrit pour la libido, le sang de serpent serait aussi bénéfique dans le traitement du diabète et de la tension artérielle.

À Pékin, Wei Jingsheng, 47 ans, est un client régulier de la cuisine... testiculaire.

«Ça marche très bien», assure cet entrepreneur en BTP. «Depuis que j'en consomme, je ne perds plus mes cheveux et maintenant je me sens plein d'énergie du matin au soir. Avant, je devais me coucher à minuit pour être en forme. C'est fini. Chaque aspect de ma vie est devenu fantastique».

Réputé pour avoir de multiples partenaires sexuels, le cerf est particulièrement prisé. «Un pénis de cerf a le même pouvoir que trois pénis de taureau», assure Du Yuemei.

Nutritionniste attitrée du restaurant, elle va d'une table à l'autre informer les commensaux des propriétés de chaque organe, évoquant malicieusement les exploits sexuels de la faune sauvage.

Une fois les clients avisés, une serveuse plonge les appendices émincés dans une soupe de coeur de cerf et de bouillon de canard.

Les verges de taureau et de bouc sont les premières sorties du pot fumant sur le feu. Alors, quel est le goût de la verge?

Celle du taureau rappelle simplement la viande de boeuf, sa texture est plus ferme ce qui la rend difficile à avaler.

La verge de bouc est à la fois flasque, caoutchouteuse et légèrement filandreuse, un peu comme un bâton de réglisse sans saveur.

L'âne est fade, alors que le cheval est dense et de fait l'élément le plus fort du plat.

Le cerf est lui aussi pénible à la mastication tandis que le chien sauvage de Russie s'avère nettement plus épicé.

Les testicules en revanche se révèlent moelleux, entre tofu et pâté.

Le chien est le seul produit importé du restaurant pékinois --et le seul animal doté d'un os pénien: celui-ci, retiré de la viande servie, est offert aux clients à la fin du repas dans une petite boîte rouge...