Le changement de sexe ou l'annonce du statut transgenre occasionne beaucoup de souffrance dans un couple. Peu tiennent le coup. «C'est difficile de cheminer dans une transition qui nous est imposée. Le conjoint non transsexuel voit son identité, hétérosexuelle ou homosexuelle, être effacée», dit la psychologue Françoise Susset, cofondatrice de l'Institut pour la santé des minorités sexuelles.

Quand la transsexualité devient publique, les risques d'éclatement augmentent subitement. «Dans la maison, ça peut passer. Mais quand ça se sait, le conjoint non transsexuel se sent marginalisé. Il doit affronter la pression des proches, les regards et les remarques. Il y a beaucoup d'homophobie et de transphobie», indique Mme Susset. De son côté, le transsexuel, fragile, vit beaucoup de culpabilité. Quand il y a des enfants, l'enjeu est grand.

La transition de sexe ne met pas automatiquement fin au couple. «Le deuil est important à vivre. Sans s'oublier, la personne trans doit respecter ces étapes de deuil chez sa ou son partenaire.» Ça peut prendre des années. Certains couples se séparent puis, au bout d'un moment, une relation forte se rétablit.

«Ça demande beaucoup de souplesse de part et d'autre, indique Michel Campbell, sexologue et psychologue. Le conjoint doit avoir la capacité de considérer l'être aimé, au-delà du nouveau paraître.» Il doit aussi avoir la capacité d'érotiser le corps transformé. Parfois, la relation devient surtout amicale.

Selon son expérience, deux couples sur trois sont voués à l'échec. Moins chez les jeunes. Les réactions peuvent être agressives, voire violentes. Des transsexuelles - très vulnérables en début de processus de féminisation - se retrouvent même dans les centres de femmes violentées, aujourd'hui sensibilisés à cette réalité.

«Quand le couple survit, au-delà de la transition, ça donne les plus belles histoires d'amour», conclut Françoise Susset.