Le «pole-dancing» a longtemps été associé aux salles enfumées des bars à strip-tease, mais ses adeptes veulent aujourd'hui réhabiliter cette discipline qui mêle, selon eux, sensualité et gymnastique.

Après la mode de la danse du ventre qui a fait le tour du monde, le «pole-dancing», qui consiste à enchaîner des mouvements autour d'une barre verticale, est la nouvelle coqueluche des femmes qui affirment le pratiquer pour leur propre détente, et non pas pour que des hommes fantasment en reluquant leurs courbes dans des arrière-salles obscures.

La nouvelle version du «pole» n'a rien à voir avec sa soeur dévergondée née dans les bars pour adultes: les pratiquants gardent leurs vêtements et leurs exercices s'apparentent plus à des acrobaties qu'à une danse lascive devant des salariés en goguette.

«Il y a deux courants dans ce sport», a expliqué Tina Burrett, porte-parole de l'Association internationale de remise en forme par la «pole-dance», qui organisait son troisième championnat international jeudi soir à Tokyo.

«L'un est associé au strip-tease et à l'industrie du sexe, mais je pense qu'aujourd'hui, le courant dominant est en fait celui lié à la remise en forme.»

«La raison pour laquelle il est devenu aussi populaire auprès de nombreuses femmes est que non seulement il permet d'exprimer sa sensualité, mais qu'en plus c'est un entraînement incroyable», a souligné Mme Burrett.

«Il faut être capable de supporter son poids en s'aidant d'un seul membre. Ca demande aussi de l'endurance. Une danse de cinq minutes peut paraître très courte, mais en fait cela demande une somme d'énergie monumentale», a-t-elle ajouté.

«Les danseuses ont un physique fantastique: très musclées mais également bien faites et féminines.»

Mme Burrett, diplômée en sciences politiques de 33 ans, affirme que pour elle, comme pour beaucoup d'autres femmes modernes, le «pole-dancing» est libérateur.

«Il y a des femmes dans mes cours qui sont docteurs, avocates, diplomates. Donc je pense que l'image du "pole-dancing" est en train de changer. Il y a encore du chemin à faire, mais je pense que c'est en train de devenir un sport associé aux femmes fortes et sûres d'elles».

La barre verticale fait également des adeptes parmi les hommes.

Duncan West, un Australien vainqueur cette année dans la catégorie masculine, s'est formé tout seul à ce qu'il appelle "la barre chinoise" -- une forme de gymnastique héritée des traditions du cirque en Chine.

«Je ne suis pas un artiste né», a-t-il dit, ajoutant que ses partisans l'ont aidé à «surpasser son extrême timidité (...) et à simplement s'amuser en faisant des tours un peu dingues.»

Il reconnaît que sa passion n'est pas facile à faire accepter autour de lui. «Surtout avec les gars du boulot, mais je peux y faire face, ce n'est pas un drame», a-t-il confié avec un sourire.

Au Japon, prompt à s'enflammer pour les nouvelles modes, le «pole-dancing» a aussi ses aficionados.

«C'est devenu populaire aujourd'hui au Japon», a confirmé la gagnante cette année du championnat, Mai Sato, qui participe aux spectacles du Cirque du Soleil à Tokyo. «C'est un vrai sport !»

Mme Burrett rêve même du jour où cette discipline fera son entrée aux Jeux Olympiques.

«Si le tir est considéré comme un sport admis aux JO, je ne vois vraiment pas pourquoi le "pole-dancing" ne pourrait pas y être.»