Cet automne, la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile a mis la dernière main à un nouveau programme: une vingtaine de diabétiques ont été choisis comme mentors pour des jeunes et leurs familles aux prises avec le diabète de type 1.

«À l'adolescence, on a souvent de la difficulté à accepter les tracas de l'injection d'insuline», explique le président bénévole du nouveau programme, Luc de la Boursodière, également haut fonctionnaire. «On se rebelle contre ses parents et on jette aux poubelles les années d'efforts des parents. Ou alors on oublie simplement l'injection, ou on la dose au hasard, sans calculer à partir des mesures de glucose. Nous avons choisi nos mentors pour qu'ils soient crédibles pour les jeunes. Ils ont eux aussi connu les difficultés de la gestion du diabète.»

M. de la Boursodière a lui-même bénéficié, bien involontairement, de l'aide d'une autre diabétique. «Quand j'ai eu le diagnostic de diabète de type 1, à 21 ans, j'ai passé 13 jours à l'hôpital. Ma voisine de lit était diabétique depuis 15 ans, mais ne s'en était jamais occupée. Elle avait 51 ans, mais je pensais qu'elle en avait 70. Un matin, les médecins lui ont annoncé qu'il fallait lui amputer une jambe. Je pense que je n'aurais peut-être pas eu la motivation pour si bien maîtriser mon diabète sans ce souvenir.»

Le mois dernier, une étude américaine a confirmé l'efficacité de tels groupes d'entraide. «Ça aide les deux personnes», explique Michele Heisler, endocrinologue de l'Université du Michigan et auteure principale de l'étude publiée dans la revue Annals of Internal Medicine. «Celle qui donne les conseils se sent valorisée et l'autre a un exemple à suivre. C'est un peu comme les écoliers qui aident leurs camarades: c'est bénéfique pour tout le monde.» Le Dr Heisler a étudié des personnes âgées atteintes de diabète de type 2.

Au départ, l'idée des groupes d'entraide dans les maladies chroniques tournait autour de réunions animées par un travailleur social. Mais depuis quelques années, les spécialistes du diabète adoptent le modèle de l'entraide entre pairs, calqué sur les groupes de soutien de toxicomanes ou de sidéens. «On se rend compte que l'approche ne fonctionne pas seulement parce qu'elle permet de réduire l'opprobre associé à la maladie, dit le Dr Heisler. C'est aussi valorisant. Mais le diabète est aussi associé à une certaine gêne, notamment parce qu'il touche davantage les obèses.»

Diabètes de type 1 et 2

Le diabète regroupe deux maladies très différentes. Le type 1 est une maladie autoimmunitaire: le pancréas, responsable de la production d'insuline, est attaqué par le système immunitaire. Il apparaît en moyenne au milieu de l'adolescence. Le type 2 voit apparaître une résistance à l'insuline. La quantité normale d'insuline que sécrète le pancréas n'est plus suffisante. L'obésité est le principal facteur de risque et la maladie apparaît généralement après la quarantaine.

Quelques chiffres

750 000

Le nombre de Québécois qui souffrent du diabète, selon les estimations, dont 10 % sont atteints du diabète de type 1. Ce pourcentage est basé sur des données américaines de prévalence parce qu'il n'existe aucun registre des cas de diabète au Canada. L'Ontario vient d'attribuer un contrat pour mettre sur pied un tel registre et la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile a fait une demande similaire lors d'une visite au Parlement à Québec cette semaine.

15 milliards

Le coût du diabète chaque année au Canada. Il est notamment responsable du quart des interventions cardiaques et de 40 % des cas d'insuffisance rénale.

Chez les Canadiens d'origine européenne :

> 5 % de la population est touchée par le diabète de type 2

> 0,3 % de la population est touchée par le diabète de type 1

> Le risque de diabète de type 2 augmente de 3 à 4 fois quand l'un de nos frères ou soeurs ou l'un de nos parents est atteint par la maladie.

> Le risque de diabète de type 1 augmente de 15 fois quand l'un de nos frères ou soeurs a la maladie.

> Le risque de diabète de type 1 augmente de 6 fois quand notre mère a la maladie.

> Le risque de diabète de type 1 augmente de 25 fois quand notre père a la maladie.

> Le risque de diabète augmente de 34 % chez les utilisateurs d'inhalateurs de corticostéroïdes (utilisés contre l'asthme).

Source : Fondation de la recherche sur le diabète juvénile, Diabète-Québec