Pas de sucre, pas de produits laitiers, pas de soya, pas de blé, pas de gluten, pas d'oeufs et pas de produits transformés qui peuvent être inflammatoires.

Pour un chef, cuisiner sans ces ingrédients représente tout un défi. Et c'est celui que relèvent quotidiennement le chef Philippe de Vienne et sa femme Ethné, qui suivent, depuis trois ans, les principes de l'alimentation paléolithique. Ils misent essentiellement sur les fruits frais, les légumes verts ou riches en soufre, les algues, le poisson sauvage, la viande de qualité, les noix, les graines et les aliments fermentés.

Les deux amoureux ont entrepris ce virage alimentaire après que Philippe a reçu un diagnostic de sclérose en plaques progressive primaire, en avril 2013. Ils publient aujourd'hui La cuisine d'Ethné et Philippe, un coffret qui contient un livre de leurs nouvelles recettes familiales et les épices pour les cuisiner.

À l'époque du diagnostic, Philippe de Vienne était déjà hypothéqué par la maladie: difficulté à marcher et à monter les escaliers, douleurs neuropathiques, trouble de sommeil, dépression, anxiété...

«Il n'y avait pas de réponse dans la médecine conventionnelle. C'est ce qu'on nous avait dit: "Désolé, mais il n'y a rien qu'on puisse faire pour vous"», raconte Ethné de Vienne, que nous avons rencontrée avec son mari à leur domicile familial, construit au-dessus des locaux de production de leur entreprise, Épices de cru. «On a décidé de voir ce qu'on pouvait faire pour nous-mêmes.»

Le couple est tombé assez rapidement sur une vidéo d'une médecin américaine, la Dre Terry Wahls. Cette dernière, atteinte de sclérose en plaques, y racontait avoir adopté l'alimentation paléolithique et avoir constaté une amélioration majeure de son état de santé.

«On a dit: "On va essayer et on va voir ce que ça donne", raconte Philippe de Vienne, qui en a d'abord parlé à son médecin. Et le résultat est fulgurant.» Cinq semaines après avoir entrepris le régime, dit-il, il a passé un bilan de santé et son médecin lui a dit que les résultats de tous ses tests étaient «entre normal et excellent pour un homme 10 ans plus jeune». Il pèse aujourd'hui 60 lb de moins qu'avant.

Philippe et Ethné de Vienne reconnaissent que le recours à ce régime pour soigner les symptômes de la sclérose en plaques est loin de faire l'objet d'un consensus scientifique (voir plus bas). Mais il est difficile, note Philippe de Vienne, de mener une étude randomisée en double aveugle (la méthode reconnue comme étant la plus fiable et objective en recherche) pour mesurer les effets d'un régime complet.

«La science occidentale a tendance à tout briser en morceaux, dit-il. En fait, le secret de ces régimes-là, c'est toujours d'avoir une alimentation complète et équilibrée où il y a une synergie.»

Santé... et savoureux

Dans La cuisine d'Ethné et Philippe, le couple puise son inspiration dans la cuisine de Crète, de Bali et du Yucatán, notamment. Ethné et Philippe de Vienne ont voulu offrir des recettes simples et claires, qui se font rapidement (la plupart en moins de 15 minutes de travail) et avec des aliments qu'on peut trouver facilement.

Mais surtout, ils ont voulu offrir des recettes savoureuses, pour que ce soit «bon au point qu'on veut aller ramasser avec son doigt les derniers petits bouts qui collent».

________________________________________________________________________________

La cuisine d'Ethné et Philippe est publié aux Éditions Trécarré. 59,95 $

Bienfaits non prouvés

«Globalement, on ne dispose d'aucune donnée scientifique concluante permettant de déterminer l'impact du régime paléolithique chez les gens qui ont la sclérose en plaques», écrit la Société canadienne de la sclérose en plaques sur son site web. La plupart des données dont on dispose à ce sujet sont issues de témoignages personnels, souligne-t-on. Aux yeux du Dr Michael Rasminsky, professeur émérite en neurologie à l'Université McGill, la Dre Terry Whals fait des affirmations «très extravagantes». «Elle affirme qu'elle a guéri sa propre sclérose en plaques avec ce régime. Tout le monde qui a vu plusieurs cas de sclérose en plaques sait que des gens gravement handicapés par la maladie peuvent soudainement aller mieux», souligne-t-il. Il rappelle que la seule façon d'établir une relation de cause en effet, c'est en menant une étude sur un très grand nombre de personnes.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE-

Philippe et Éthné de Vienne publient aujourd’hui La cuisine d’Ethné et Philippe, un coffret qui contient un livre de leurs nouvelles recettes familiales et les épices pour les cuisiner.