Le logo Visez santé - un crochet blanc sur fond rouge - disparaîtra des produits d'épicerie et des menus de restaurants «au cours des prochains mois», a annoncé à la fin juin la Fondation des maladies du coeur et de l'AVC.

«Ce n'est pas une mauvaise chose, a commenté Alexandra Leduc, diététiste et présidente de Makéa nutrition. Ce programme était désuet. Certains aliments avaient ce logo alors qu'ils n'auraient pas dû l'avoir. Les critères utilisés étaient surtout reliés à la santé du coeur, moins aux fibres, au sel et au sucre. Ce n'était pas un logo hyper intéressant pour les clients.»

Lancé en 1999, Visez santé devait permettre l'identification rapide des choix sains. Vertement critiqué, le programme faisait valoir que les aliments ornés de son logo étaient de meilleurs choix que ce que les Canadiens mangeaient habituellement.

Une vingtaine de chaînes de restaurants - dont Harvey's et Boston Pizza - participaient à Visez santé, selon le site internet du programme.

Visez santé était aussi concurrencé par les repères-sourires identifiant les bons aliments chez Metro et par le Guide-étoiles de Loblaws - qui donne une cote allant de zéro à trois étoiles aux produits, le maximum étant attribué aux plus nutritifs. D'autres logos, gérés par des géants de l'industrie agroalimentaire (comme Solution sensée de Kraft et Bien choisir de PepsiCo), sont aussi visibles en épicerie, ce qui finit par créer de la confusion.

«En raison de cette industrie changeante, Visez santé n'est plus le bon programme pour le moment», a indiqué la Fondation dans un communiqué émis le 18 juin.

Frais de licence élevés

Mettre fin à Visez santé «est la bonne décision», a corroboré Nathalie Jobin dans le blogue d'Extenso, le centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal. Mme Jobin a été membre du comité technique consultatif de Visez santé au cours de ses six derniers mois d'existence. Elle a constaté que les programmes de Metro et Loblaws ont l'avantage «de mettre en valeur les fruits et les légumes», contrairement à Visez santé, qui ne colle pas de logo sur les fraises et le brocoli.

Pour avoir le droit de mettre le logo Visez santé sur leurs produits, les petites entreprises pouvaient payer des frais de 0,49% des ventes nettes de chaque produit participant, avec seuil minimum de 300$ par produit. Les autres entreprises devaient payer des frais d'évaluation de 150$ à 700$ et des frais de licence de 1225$ à 3625$, afin de couvrir les dépenses du programme. Tous les fabricants ne choisissaient pas d'y participer, si bien que des aliments très nutritifs se retrouvaient sans crochet, alors que d'autres qui l'étaient moins l'exhibaient fièrement.

Ne pas se fier aux logos

À quel logo doit-on désormais accorder sa confiance? Aucun, selon Mme Leduc. «Je recommande davantage de lire l'étiquette nutritionnelle et la liste des ingrédients, a-t-elle indiqué. Chaque programme a ses critères, il est donc très difficile de s'y retrouver.»

La Fondation a dit vouloir continuer «à fournir de l'information sur la saine alimentation» au moyen de bulletins d'information et de son site internet. Elle a également précisé avoir «dirigé de nouveaux fonds vers la recherche innovante axée sur la nutrition».