Comment cultiver des tomates bio? Ou cuisiner un plat de pâtes aux légumes avec un soupçon d'huile d'olive? Les écoles de Floride s'attaquent cette année à la «malbouffe» et l'obésité, en apprenant aux élèves à cultiver leurs propres légumes.

Car la première économie mondiale est aussi l'une des plus obèses de la planète. Plus d'un adulte américain sur trois était obèse en 2011-2012, selon un rapport du Centre américain de prévention des maladies (CDC), publié la semaine dernière.

Cette piètre statistique, même si elle est en très légère baisse, a poussé les écoles publiques des États-Unis à intéresser les futurs adultes à autre chose qu'à la restauration rapide. En Floride, l'initiative, soutenue par le secteur privé, se concentre dans les quartiers pauvres, là où le taux d'obésité est le plus élevé.

Mercredi, dans le comté de Miami-Dade, qui englobe Miami et sa très grande banlieue, la cuisine italienne était à l'honneur pour la «journée du patrimoine italien».

«Je n'aurais jamais pensé que les tomates ne sont pas aussi grandes ou rouges que celles vendues au supermarché», s'émerveille Demian Woodard, 16 ans, qui participe à la construction d'un laboratoire de culture hydroponique au lycée Miami Northwestern de Liberty City, un des quartiers les plus pauvres de la ville.

«Je n'avais jamais vu, ni goûté au chou-fleur», renchérit Jessica, 15 ans, qui a converti une parcelle de la cour de son école en potager hydroponique, une culture hors-sol où les racines sont plongées dans du substrat alimenté par une solution nutritive.

«Depuis que j'ai appris comment produire ce qu'on mange et qu'on peut améliorer notre alimentation, je te jure que je n'ai pas mangé un seul hamburger-frites», lance Ralston Connor, un lycéen membre du projet «The Education Effect» (L'effet de l'éducation), financé par la banque Chase et l'Université internationale de Floride.

Hilare, l'adolescent pointe sa bedaine dont il attribue la proéminence «aux hormones et aux organismes génétiquement modifiés».

Les agriculteurs: des «popstars»

Le célèbre cuisinier espagnol José Andrés, installé aux États-Unis, est aussi de la partie et dit soutenir ce projet «merveilleux parce que le processus commence dès la culture (des légumes) et on voit que les enfants apprennent combien ce que nous mangeons est important», comme il l'explique à l'AFP.

«Si nous voulons que notre pays, notre monde, notre continent soient plus riches, nous devons conférer aux zones rurales la valeur qu'elles méritent», ajoute celui qui compte une douzaine de restaurants aux États-Unis et a conseillé la première dame Michelle Obama, elle-même très impliquée dans la lutte contre l'obésité, en matière de nutrition.

«Les agriculteurs devraient être des popstars, à l'égal des chanteurs ou des cuisiniers et (le projet) va dans le bon sens, car il va éveiller l'intérêt des enfants», conclut-il.

Demian, Ralston et leurs camarades se disent enthousiasmés par les paroles de José Andrés. «Dès que la récolte de nos légumes sera suffisante, nous voulons organiser une fête pour les lycéens et les parents d'élèves de notre école. Nous voulons réinvestir nos bénéfices pour agrandir le laboratoire hydroponique», raconte Demian.

Mais le chemin est encore long. Aux portes du lycée, comme dans presque tous les quartiers défavorisés aux États-Unis, les enseignes de restauration rapide abondent.

«Depuis que j'ai appris à cultiver et à mieux manger, j'ai convaincu mes parents qu'on pouvait mieux manger à la maison. Mais ça revient très cher de ne manger que des fruits et légumes», se lamente Ralston.