Pour la première fois au Canada, Coca-Cola parle du «problème complexe qu'est l'obésité» dans une publicité qui ne montre que des gens minces. Le géant des sodas offre aussi 150 000$ en subventions pour donner des conseils nutritionnels aux Inuits et prévenir le diabète au Québec.

«L'obésité est un problème récurrent en Amérique du Nord, au Canada et au Québec, a dit à La Presse Robert Fleury, vice-président de Coca-Cola Canada. C'est la première fois qu'on en parle aussi ouvertement.» Coca-Cola veut utiliser sa «force en marketing» pour informer la population au sujet de l'équilibre à atteindre entre énergie consommée et consumée. «Si vous buvez et mangez plus de calories que vous en dépensez, vous allez prendre du poids», entend-on dans la publicité Unissons-nous, lancée hier. L'entreprise rappelle l'existence de ses minicanettes de 222 ml et de ses boissons peu caloriques, comme la Vitaminwater Zero, lancée l'an dernier. «C'est notre plus gros succès des quatre dernières années au Canada, dans la catégorie des boissons gazeuses», a indiqué M. Fleury. Cette «opération de charme» a scandalisé Suzie Pellerin, directrice de la Coalition Poids. «L'objectif de Coca-Cola, c'est de détourner le regard de ses produits, a-t-elle dénoncé. Ultimement, c'est de laisser croire que si les gens engraissent, c'est parce qu'ils ne font pas suffisamment d'activité physique.»

Diabète Québec se défend

Coca-Cola vient de renouveler un partenariat de 10 millions donnés en 10 ans à ParticipACTION pour inciter les jeunes de 13 à 19 ans à bouger. La Fondation Coca-Cola remet aussi des subventions de 100 000$ à l'Institut canadien de la santé infantile, pour aider les familles du Nunavut à mieux manger et bouger, et de 50 000$ à Diabète Québec. «Je ne peux pas concevoir que Diabète Québec accepte une telle commandite, alors que ces produits sont un contributeur important à la maladie», a déploré Mme Pellerin. Serge Langlois, président de Diabète Québec, n'y voit pas de contradiction. «C'est une subvention sans restrictions, a-t-il fait valoir. Coca-Cola vend aussi du jus, de l'eau. On est toujours en train de leur taper sur la tête, mais quand ils font quelque chose de bénéfique, on devrait dire bravo.»

Cacher le surpoids

Avec une baisse de 1,2% des ventes de boissons gazeuses aux États-Unis en 2012, Coca-Cola n'a peut-être pas le choix de changer de stratégie. «Coca-Cola s'intègre dans un courant social majeur, a observé Sylvain Desrochers, directeur du certificat en publicité à l'Université de Montréal. Je pense que c'est bien de l'avoir fait.» Mais pourquoi ne montrer ni enfant ni adulte en surpoids dans la publicité? «Il y a trop de gens qui essaient de lier obésité et boissons gazeuses, de faire un lien direct, alors qu'il n'y en a pas, a répondu M. Fleury. Depuis 10 ans, le nombre de calories a baissé de 30% pour le même nombre de litres de boissons non alcoolisées vendues au Canada, alors que le taux d'obésité a continué de progresser.»