Nous louons les vertus des petits fruits et croyons jouir pleinement de leurs propriétés. Oui, la science nous en dit du bien, mais une fois transformées en jus aux allégations santé, les baies sont-elles réellement bénéfiques à notre organisme? En fait, la technologie des processus de transformation n'en préserve peut-être pas tous les bienfaits.«C'est vrai que la technologie peut parfois nous faire perdre des biomolécules actives, reconnaît d'emblée André Marette, directeur scientifique à l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF). À l'INAF, on travaille justement sur des procédés qui pourraient au contraire nous permettre d'augmenter les biomolécules actives.»

Nous connaissons par exemple les propriétés anti-inflammatoires de la canneberge, tout comme son effet protecteur contre les infections urinaires. Mais on ignore encore quelle quantité de jus de canneberge on doit consommer pour profiter pleinement de ses bienfaits. Il est probable qu'il soit nécessaire de boire plusieurs litres de jus aux allégations santé avant de bénéficier pleinement de ses effets. «Il faut maintenant trouver une façon, avec la technologie qu'on possède à l'INAF, de concentrer davantage les principes actifs, indique André Marette. Ensuite nous pourrons offrir un jus qui aura de réels effets santé.»

Buvons moins, mangeons plus

D'ici à ce que la recherche sur les procédés de fabrication s'améliore et nous permette de ne consommer qu'un verre ou deux, peut-être serait-il pertinent, sinon nécessaire, de se tourner vers... les fruits.

«La solution n'est pas d'augmenter votre consommation quotidienne de jus afin de maximiser, par exemple, votre apport en antioxydants. Prenez plutôt un verre de jus de 125 ml et mangez des fruits et légumes frais afin de profiter de tous leurs composants tels que les fibres qui ne se retrouvent pas nécessairement dans un jus», recommande Kate Comeau, nutritionniste chez Vivaï.

La nutritionniste Michèle Cossette est du même avis et recommande de consommer des fruits plutôt que de boire du jus qui, rappelle-t-elle, contient une bonne quantité de sucre, aussi naturel soit-il.

«Les études suggèrent que les gens qui mangent plus de fruits et légumes riches en antioxydants auraient moins de risques de contracter certains cancers. Mais on ne peut pas dire que ce sont les antioxydants qui préviennent le cancer puisque ces aliments contiennent aussi d'autres composés», souligne-t-elle.

En ce qui concerne les nutraceutiques, il faudra donc attendre encore un peu, le temps de la mise au point de certains procédés de fabrication et, surtout, d'obtenir des résultats d'études cliniques prouvant l'efficacité des futurs aliments fonctionnels tant attendus.

Entre-temps, l'essentiel, nous dit Michèle Cossette, serait sans contredit de profiter pleinement des aliments à leur plus simple expression et, surtout, de retrouver le plaisir de manger.

DÉCOUVERTE: des baies qui préviennent diabète et obésité

Quatre petits fruits, provenant de plantes forestières du Québec et du Brésil, préviendraient le diabète et l'obésité, selon une étude réalisée par deux chercheurs de l'Université Laval dont les résultats ont été divulgués le 26 septembre.

Les chercheurs André Marette et Yves Desjardins ont ajouté des extraits de ces fruits au régime alimentaire riche en sucre et en gras de leur souris. Deux des extraits testés ont empêché la prise de poids et l'apparition de symptômes du diabète. Les deux autres, dont un provenant d'une espèce de cerisier québécois, ont amélioré la résistance au glucose sans toutefois prévenir le gain de poids chez les souris testées.