Santé Canada ne permet pas pour l'instant l'enrichissement facultatif des aliments. Plusieurs produits additionnés de vitamines se retrouvent tout de même sur les tablettes de l'épicerie. Comment est-ce possible? Ils ont été homologués «produits de santé naturels»!

Et comme Santé Canada croule sous les demandes d'homologation, plusieurs produits se retrouvent au supermarché avant d'avoir obtenu leur approbation officielle.

 

«Tout ce qui a l'apparence d'un aliment devrait être traité comme un aliment. Une capsule d'oméga-3 est un produit de santé naturel. Si on met des oméga-3 dans du lait, ça devrait rester un aliment», tranche Denis Roy, de l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels de l'Université Laval.

Les choses ne sont pas si simples.

En remettant à l'ordre du jour son projet de règlement sur les aliments enrichis, Santé Canada veut faire le ménage. Il faut mieux définir ce qu'est un aliment et ce qu'est un produit de santé naturel afin d'éviter que des industriels passent par la pharmacie pour vendre leurs aliments enrichis.

Lassonde, fabricant des jus Oasis, vient de lancer une nouvelle boisson qui n'est pas considérée comme un aliment. «Ce n'est pas parce qu'on voulait passer par la porte d'en arrière: la catégorie «produit de santé naturel» était la seule porte!» explique Solange Doré, vice-présidente recherche et développement de Lassonde.

«Un produit qui contient une substance ajoutée qui n'a aucun usage alimentaire connu, mais qui a uniquement un usage thérapeutique, est susceptible d'être classé produit de santé naturel», tranche Santé Canada.

Depuis 2004, l'organisme fédéral a reçu 1355 demandes de licence de mise en marché pour des produits de santé naturels sous forme d'aliments. Seulement 30 produits ont été officiellement homologués. Plusieurs autres se retrouvent tout de même sur les tablettes, bien qu'ils n'aient pas encore leur autorisation officielle. Santé Canada permet la vente de ces aliments fortifiés en attendant l'examen de leur dossier.

C'est le cas des boissons énergisantes vendues au Canada, qui sont considérées comme des produits de santé naturels. Au total, il y a eu 367 demandes de mise en marché de boissons énergisantes depuis six ans. Santé Canada n'en a homologué que 18. Les autres qui se retrouvent sur le marché bénéficient d'une période de grâce, mais elles ne sont toujours pas homologuées.