Tomates contre le cancer, jus de fruits contre l'Alzheimer, ail contre le sida: l'impact de ce qu'on mange sur ces grandes maladies est difficile à prouver et les spécialistes ne s'accordent que sur la nécessité d'une nourriture équilibrée et de qualité.

«La santé vient en mangeant», assure un opuscule publié en 2002 dans le cadre du «Programme national nutrition santé» (PNNS) , qui recommande de consommer chaque jour 5 portions de fruits ou légumes, 3 produits laitiers et 3 féculents, et de diminuer la consommation de graisses, de sucre et d'alcool.

Surveiller son alimentation permet de prévenir des maladies telles que diabète, hypercholestérolémie -qui mènent aux maladies cardiovasculaires- ou ostéoporose.

Mais pour les maladies sans lien direct avec l'alimentation, telles que cancer, sida ou maladies neurodégénératives, les études scientifiques restent contradictoires. Et si un équilibre alimentaire est plus que recommandé, il n'y a pas d'aliment miracle.

Les études cependant foisonnent.

Selon une enquête européenne, la consommation de fibres, de fruits et de légumes pourrait limiter les risques de cancer colorectal. Pour le cancer du poumon, on évoque l'effet protecteur des fruits. Boire du thé vert, riche en catéchine, serait bénéfique -à raison de cinq tasses par jour- contre le cancer de la prostate.

Les graisses industrielles, dont l'impact cardiovasculaire est connu, doubleraient le risque de cancer du sein. En revanche le soja le diviserait par trois. Mais certains parlent de lien de causalité «faible».

Le même soja, riche en antioxydants (qui combattent la destruction des cellules), pourrait accroître le risque d'infertilité.

Le lycopène, un antioxydant qui donne leur couleur rouge aux tomates, réduirait le risque de cancer. Mais pour l'agence américaine de l'alimentation et des médicaments (FDA), «il n'y a pas d'indication solide» en ce sens.

Quant au jus de grenade, il serait bon pour l'Alzheimer. Et vive les polyphénols qu'on trouve dans le vin rouge !

Les vertus de poissons à forte teneur en oméga-3 paraissent indéniables -mais les poissons sont riches aussi en mercure ou en PCB, toxiques.

«Il n'y a pas de bons ou de mauvais aliments, dit-on à l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments). Une alimentation équilibrée est avant tout diversifiée».

Cinq fruits et légumes par jour, peu de graisses animales, «ça reste une règle de bon sens», remarque le Pr Dominique Belpomme.

Le Réseau national alimentation cancer recherche (NACRe) estime qu'une alimentation diversifiée, privilégiant fruits et légumes et limitant l'alcool, protège contre nombre de cancers (bouche, poumon, estomac, pancréas, vessie).

De même, le Fonds mondial de recherche contre le cancer (FMRC) recommande, sur la base de 7000 études mondiales, d'éviter les boissons et aliments à teneur élevée en sucres ou sel, faibles en fibres ou riches en matières grasses, et d'augmenter la consommation de légumes, fruits, céréales complètes et légumes secs.

Pour faire face au déclin des fonctions cognitives lié au vieillissement, il faut nourrir correctement le cerveau: diminuer les acides gras saturés, mais surtout «varier les apports», car «tous les nutriments sont indispensables au cerveau», selon la gériatre Monique Ferry.

Bien manger serait aussi une condition d'un traitement anti-sida réussi, la malnutrition diminuant la capacité du système immunitaire à bénéficier des traitements et à résister aux effets secondaires.

Mais une alimentation saine ne remplacera jamais les antirétroviraux, en dépit des déclarations intempestives de l'ex-ministre sud-africaine de la santé, surnommée «Dr Betterave», sur le rôle de l'ail, du citron et de légumes pour combattre le sida.