En général, les gens ayant une saine alimentation, s'ils suivent les principes du guide alimentaire canadien n'auront pas besoin de mettre des sous dans l'achat de vitamines, qu'elles proviennent de la pharmacie ou du détaillant de produits naturels. Les vitamines, elles sont dans les aliments.

C'est ce qu'expliquent, chacune à sa manière, la nutritionniste Pascale Chaumette de la Direction de la santé publique, Huguette Turgeon O'Brien, professeure au département des sciences des aliments et de nutrition de l'Université Laval, et Paule Warren, pharmacienne au Carrefour Charlesbourg.Il existe toutefois des exceptions, car, selon l'âge, le sexe et les conditions de santé, il peut être utile, voire nécessaire, de prendre un supplément vitaminé. «Le corps humain est une belle machine et il trouvera tout ce dont il a besoin dans les aliments, poursuit Mme Chaumette. Ça relève presque de la pensée magique de croire que les vitamines peuvent régler les problèmes de santé. Dans la mesure où les gens s'alimentent comme il se doit, ils auront dans leur nourriture bien plus que des vitamines et des minéraux nécessaires à leur santé. Par contre, bien manger, c'est une discipline de vie.»

Dans les cas de maladie ou lors d'une période où il est impossible de s'alimenter correctement, un supplément vitaminé peut être nécessaire. Pour les femmes enceintes, il faut un supplément de fer et d'acide folique et les médecins donnent les conseils en conséquence. Pour les enfants allaités, on suggère aussi un supplément de vitamine D. Par contre, les enfants comme les adultes n'ont pas besoin de supplément avec une bonne alimentation. «Le corps de l'enfant est encore plus efficace que celui de l'adulte pour prendre ce dont il a besoin dans la nourriture», précise Mme Chaumette.

Santé Canada recommande aussi un supplément de vitamine D pour les adultes de 50 ans et plus pour la période d'octobre à mars.

Une évaluation

Mais avant d'acheter des bouteilles de suppléments vitaminés ou des multivitamines dans une pharmacie ou un centre de produits naturels, la professeure Huguette Turgeon O'Brien suggère d'abord aux gens de procéder à une évaluation de leur alimentation avec une diététiste.

Sachant ce qu'il mange, le consommateur sera à même d'ajuster son alimentation pour combler ses besoins avant de dépenser pour des comprimés. Ça peut régler le problème d'apport en vitamines et minéraux, mais ça ne modifie pas la nécessité d'améliorer ses habitudes alimentaires. La consultation d'une diététiste coûtera environ 50 $ et permettra de faire le point ou encore de corriger certaines mauvaises habitudes alimentaires.

«L'adage voulant que plus on prend de vitamine, mieux ce sera pour sa santé est totalement faux, précise Mme Turgeon O'Brien. Alors, faire le point sur ses habitudes alimentaires au moins une fois dans sa vie, ce n'est pas une perte de temps, mais un investissement dans sa santé.»

Les spécialistes s'entendent sur ce point : bien manger rapporte plus en termes de santé et coûte moins cher que s'alimenter avec des pilules.

D'ailleurs, le nouveau guide alimentaire canadien devrait être plus précis et aider les gens à répondre à leurs besoins selon leur âge et leur sexe. Que l'on s'alimente bien ou que l'on croie avoir des carences, l'idéal est de consulter avant de se mettre à avaler n'importe quel produit en vente libre.

Surdose

Les vitamines ne sont pas sans risque pour la santé. C'est le cas des vitamines A, D, E et K. Sur les sites de Santé Canada (www.hc sc.gc.ca/index_f.html) et de Passeport Santé (www.passe portsante.net/fr/Solu tions/PlantesSupplements/In dex.aspx), les consommateurs trouveront des références concernant les vitamines et bien d'autres sujets.

Parmi certains risques associés au groupe ADEK, on note ceci concernant les surdoses de vitamine D qui peuvent causer : maux de tête, nausées, vomissements, perte de poids, fatigue intense. Ces symptômes se résorbent lorsqu'on cesse la supplémentation. En cas de supplémentation vraiment excessive et prolongée, la vitamine D peut provoquer la diarrhée, une augmentation de l'élimination d'urine (polyurie), une sensation de soif, de l'irritabilité, un défaut de croissance chez l'enfant, la surdité, la cécité, voire la mort. »

Pour la vitamine E, on peut lire sur le site de Santé Canada (www.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/ food-aliment/vitam_f.html),que des études montrent que les surdoses de vitamine E n'aideraient pas les patients ayant des problèmes cardiaques. Elle ne réduirait pas non plus l'incidence de cancer, mais l'augmenterait.

Pour les vitamines, comme pour tout autre produit de consommation, mieux vaut s'informer auprès de spécialistes reconnus que des prendre des risques.