L'ostéonécrose, une maladie qui nécessite souvent une greffe de hanche à un très jeune âge, a une composante génétique, selon une nouvelle étude montréalaise. Cette découverte pourrait mener à de nouveaux médicaments pour cette maladie qui touche entre 500 et 1000 Québécois chaque année.

« On pense que l'ostéonécrose est liée à la prise de corticostéroïdes, particulièrement dans le traitement des cancers », explique Chantal Séguin, du Centre universitaire de santé McGill, qui est l'auteure principale de l'étude publiée dans le Journal of Medical Genetics. « Il s'agit de petits caillots qui bloquent la microcirculation du sang dans les os. Au niveau de la tête fémorale, ces petits caillots provoquent la mort du tissu osseux, qui ne peut plus supporter la charge de la hanche. On appelle ça l'infarctus du myocarde de la hanche. »

Les médicaments oncologiques liés à l'ostéonécrose provoquent un épaississement du sang, selon la Dre Séguin, qui étudie la biologie vasculaire depuis près de 20 ans. « On avait trouvé une seule famille ayant une mutation génétique prédisposant à l'ostéonécrose, des Asiatiques en 2005. Dans notre cas, il s'agit d'une famille québécoise d'origine européenne et d'un tout autre gène. Le gène est plus prometteur parce qu'il joue un gros rôle au niveau des os, de la régulation du sang et est lié à des problèmes de squelette et de neuropathie. »

PRÉVENTION

L'une des patientes de la famille étudiée par la Dre Séguin, dont quatre des enfants sont touchés par l'ostéonécrose, a dû se faire remplacer les deux hanches à 40 ans parce qu'elle ne pouvait pas s'occuper de ses enfants. « Je suis contente que cette découverte puisse profiter à ma fille, qui a 8 ans », dit la Montréalaise de 44 ans, qui préfère rester anonyme pour ne pas faire jaser son entourage. « Ma soeur a eu un diagnostic à 20 ans, alors elle a pu se faire opérer aux vaisseaux sanguins et éviter le remplacement des hanches. Moi, je ne l'ai su qu'à la mi-trentaine, quand j'avais déjà beaucoup de problèmes à marcher. »

Outre une détection plus précoce de la maladie, la découverte de la Dre Séguin pourra faciliter les tests de médicaments pour la prévenir. « Quand nous connaîtrons le mécanisme lié au gène que nous avons identifié, nous pourrons mieux cibler les molécules prometteuses », dit la Dre Séguin.