Le gouvernement britannique a annoncé mercredi l'introduction dans deux ans d'une taxe sur les boissons sucrées non-alcoolisées pour lutter contre l'obésité infantile, une mesure adoptée seulement par quelques pays dans le monde comme la France ou le Mexique.

«Nous introduirons une nouvelle taxe sur l'industrie des boissons sucrées qui sera prélevée sur les sociétés et sera introduite dans deux ans pour leur laisser le temps de changer la composition de leurs produits», a déclaré le ministre britannique des Finances George Osborne en officialisant la mesure lors de la présentation du budget au Parlement.

Il a insisté sur le fait que les sodas étaient «l'un des principaux facteurs de l'obésité infantile».

Selon des chiffres officiels publiés en 2015, 28% des enfants de 2 à 15 ans - et 61,9% des adultes - sont en surpoids ou obèses en Angleterre, ce qui en fait l'un des pires pays européens en la matière.

Les maladies liées à l'obésité coûtent à l'économie 27 milliards de livres par an, soit la moitié de la facture du système de santé, a précisé M. Osborne.

La taxe s'appliquera aux boissons contenant plus de 5 grammes de sucre pour 100 millilitres. Elle devrait selon ses estimations rapporter plus de 520 millions de livres (plus de 700 millions d'euros).

L'argent prélevé servira à doubler les fonds consacrés au sport dans les écoles, a précisé M. Osborne.

Le célèbre chef britannique Jamie Oliver s'est immédiatement réjoui de cette annonce: «On a réussi!» a-t-il lancé sur Instagram. «Courageux, logique et soutenu par tous les gens sensés... une nouvelle géniale» a-t-il ajouté, alors qu'il a lui-même fait campagne pour une telle taxe.

«La question maintenant est de savoir si les géants de l'industrie du soda vont proposer des produits moins sucrés plutôt que de simplement en augmenter le prix», a commenté Isabelle Szmigin, professeur de marketing à l'université de Birmingham.

Le Royaume-Uni s'apprête ainsi à imiter des pays comme la France et le Mexique où une taxe sur les boissons sucrées existe respectivement depuis 2012 et 2013 ou encore l'Afrique du Sud, où elle doit entrer en vigueur en avril 2017.

Les pays scandinaves ont été pionniers en la matière. En Finlande, une telle taxe a été introduite dès les années 1940 et le Danemark a introduit une taxe sur le Coca-Cola en 1953.

Ce n'était pas à l'époque une question de santé publique mais une mesure protectionniste qui devait aider l'industrie brassicole danoise. Remodelée au fil du temps, elle a fini par être supprimée au 1er janvier 2014.

En France, la taxe a rapporté 309 millions d'euros en 2014 selon le ministère des Finances qui table sur des recettes similaires en 2015 et 2016.

D'autre pays européens ont essayé en vain récemment d'introduire une telle taxe. Ainsi la Roumanie en 2010 mais elle a fini par renoncer, face notamment à l'opposition des chaînes de restauration rapide.