Intellectuels, méfiez-vous. Des chercheurs québécois viennent d'établir qu'à la suite d'un effort intellectuel intense, les gens ont tendance à manger davantage, même s'ils ne sentent pas la faim.

«Cet aspect nous a surpris», admet le chercheur Jean-Philippe Chaput, de la faculté de médecine de l'Université Laval. Les participantes à l'étude devaient accomplir trois tâches: lire et résumer un texte de vulgarisation, faire des tests d'attention, de mémoire et de vigilance à l'ordinateur ou simplement relaxer, en position assise.

À la fin de l'exercice, il n'y avait pas de différence notoire dans leur appétit, lorsqu'on leur demandait si elles avaient faim. Pourtant, lorsqu'elles passaient au buffet, celles qui venaient d'être soumises à des efforts intellectuels y allaient plus généreusement. Elles consommaient plus de 200 calories de plus que celles qui sortaient de la séance de relaxation. Et ce surplus n'était pas compensé à la fin de la journée par un repas plus léger. «C'est un surplus calorique net», précise le chercheur. Les résultats viennent d'être publiés dans la revue Psychomatic Medecine.

Le stress montré du doigt

Un travail intellectuel intense est stressant, explique Jean-Philippe Chaput. Cela déstabiliserait plusieurs hormones, dont le cortisol, et ferait finalement chuter la glycémie, le taux de sucre dans le sang. Pour compenser ce glucose sanguin instable, les participantes ont mangé davantage sans même vraiment s'en apercevoir. Parce que leurs corps, lui, sentait ce déficit en sucre.

Est-ce à dire que les intellectuels sont condamnés à être plus gros? «C'est possible», répond le chercheur, qui croit que l'on pourrait même y voir un lien avec l'énorme taux d'obésité. Plus de gens qu'avant travaillent à l'ordinateur, avec des tâches de réflexion, explique-t-il. Un surplus de 200 calories par jour, sans modifier le reste de la routine, équivaut, au bout de l'année, à 20 livres de plus sur la balance.

«Heureusement, l'activité physique régularise la glycémie», précise Jean-Philippe Chaput. La clé, pour ceux dont le travail demande plus d'effort intellectuel que physique, est donc d'inclure des petites séances d'exercice dans la routine. L'équipe de l'Université Laval travaille d'ailleurs sur un nouveau projet de recherche, précisément pour mesurer le rôle de l'activité physique dans cette équation.