Allergène pour certaines femmes, responsable de chocs toxiques (dans de rares cas) et mauvais pour l'environnement. Voilà les torts dont est accusé le tampon classique synthétique. Mais devrait-on réellement le craindre ? Et la serviette sanitaire ? Par quoi peut-on remplacer ces produits d'hygiène ?

Des risques pour la santé ?

Le tampon est utilisé par les femmes nord-américaines depuis 1930. Au début des années 80, une épidémie du syndrome de choc toxique a sévi, touchant des centaines de femmes, dont des dizaines sont mortes. Cette épidémie a été associée à l'utilisation de certains tampons au pouvoir très absorbant. De nos jours, ce type de tampons est disparu des tablettes et le syndrome du choc toxique (SCT) est un phénomène décrit comme très rare par le corps professionnel médical.

Le SCT est une infection qui survient quand des toxines produites par des souches d'une certaine bactérie (staphylocoque) entrent dans le sang. Cette infection est rare et peut aussi être contractée par les hommes, les enfants et les femmes qui n'ont pas de menstruations. Les symptômes sont semblables à ceux de la grippe (fièvre, faiblesse, maux de gorge et de tête, vomissements) et peuvent entraîner la mort en quelques heures dans les pires cas.

Sur le site du gouvernement canadien, on retrouve comme information que « les scientifiques n'ont pu déterminer le lien exact entre l'utilisation des tampons et le syndrome de choc toxique ». Or, on met tout de même les femmes en garde contre le tampon synthétique : « Utiliser des tampons plutôt que des serviettes hygiéniques pendant vos menstruations est un choix personnel. Cependant, vous devriez savoir que l'utilisation de tampons peut présenter certains risques pour la santé, notamment un risque accru du syndrome de choc toxique. »

Au Centre de santé des femmes de Montréal, des recommandations sont faites aux femmes pour éviter de faire un choc toxique. « On dit de ne jamais garder un tampon plus de 12 heures et surtout de choisir un tampon qui correspond à son flux », explique Anne-Marie Messier, la directrice générale du centre.

« Il faut opter pour un tampon "régulier" le plus possible puisqu'on sait que ce sont les tampons super absorbants qui étaient visés par les études et qui ont relevé des problèmes de chocs toxiques. »

Elle ajoute cependant qu'en 40 ans de pratique, sa clinique n'a recensé aucun cas de syndrome de choc toxique.

De son côté, Santé Canada a reçu, depuis 2011, un total de quatre déclarations d'incidents survenus au Canada et six survenus à l'étranger. L'organisme précise que « ces déclarations d'incidents liés à des instruments médicaux sont des associations soupçonnées, qui reflètent l'opinion ou l'observation du déclarant, et non une évaluation par Santé Canada de l'association entre l'instrument et l'incident ».

D'autres préoccupations



Si le SCT ne semble plus une préoccupation très grande chez les femmes qui portent des tampons et qui respectent les règles d'hygiène recommandées, la présence de produits chimiques dans sa composition, elle, semble susciter certaines inquiétudes. La journaliste féministe et auteure Élise Thiébaut fait partie de celles qui se questionnent à ce sujet : « On sait tous qu'ils [les tampons] sont composés de polyéthylène et de polypropylène, des dérivés d'hydrocarbures, des composés chimiques, et ils sont en contact direct avec nos muqueuses », souligne-t-elle dans son livre Ceci est mon sang.

Pour l'instant, selon la Société canadienne du cancer, aucune preuve scientifique ne peut établir de lien clair entre certains cancers féminins et le port de protections hygiéniques.

« Des techniques d'analyse de pointe ont permis de déceler des traces de dioxines dans les tampons. Ces quantités infinitésimales se situent toutefois à la limite de détection ou même en deçà, et ne sont pas considérées comme préoccupantes pour la santé des utilisatrices de tampons. »

Au Canada, les produits de protections sanitaires vendus sont considérés comme des « instruments médicaux ». Les entreprises ne sont donc pas tenues d'inscrire tous les éléments qu'ils contiennent et Santé Canada n'a aucune exigence à cet égard. L'organisme dit surveiller continuellement l'innocuité des produits de santé présents sur le marché et « s'engage à prendre les mesures qui s'imposent si des conditions ou pratiques pouvant causer un risque pour la santé et la sécurité des Canadiens sont rapportées ».

Et l'environnement ?



L'impact sur l'environnement est aussi fortement dénoncé par de nombreux groupes qui militent contre les dessous hygiéniques. Selon le groupe environnementaliste Tampaction, une femme portera en moyenne près de 17 000 protections hygiéniques dans sa vie. Et selon le réseau National Women's Health Network, 12 milliards de serviettes hygiéniques et 7 millions de tampons sont jetés annuellement dans le monde.

« Il y a certainement une conscience qui change chez les jeunes femmes, car on en voit de plus en plus qui utilisent des méthodes alternatives, dont la coupe menstruelle, principalement pour des préoccupations environnementales, précise Anne-Marie Messier. Elles trouvent cela plus naturel et ont le sentiment de moins polluer. On peut même parler d'une tendance, mais c'est vraiment seulement chez les jeunes femmes qu'on la remarque, pas chez les femmes plus âgées. »

Des options écologiques

Que vos préoccupations concernent votre santé ou l'environnement, plusieurs options existent pour remplacer les tampons et serviettes synthétiques classiques. Voici nos propositions.

LA COUPE MENSTRUELLE



La coupe menstruelle est un récipient qui s'insère à l'intérieur du vagin, pour y recueillir le sang. Elle est fabriquée en silicone et ne contient donc ni latex ni plastique. Elle est sans BPA, inodore, et plusieurs entreprises la fabriquent sans teinture ni colorant. Le silicone a l'avantage de ne pas dessécher ni perturber la flore vaginale. La coupe doit être portée durant les menstruations et doit simplement être retirée, puis vidée de son contenu au besoin, avant d'être réinstallée.

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La coupe menstruelle est très économique et écologique. Elle coûte environ 40 $ et peut durer jusqu'à 10 ans. Elle a comme grand avantage sa gestion très simple. Elle peut rester en place facilement 12 heures sans fuites. Finalement, la coupe est très petite donc subtile à trimballer et invisible lorsque installée (pas de petite corde qui dépasse).

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Certaines femmes peuvent ne pas aimer devoir insérer les doigts dans le vagin pour retirer la coupe. Il faut aussi prévoir de l'eau à portée pour le retrait, ce qui peut s'avérer délicat dans une salle de bain publique. L'expérience est de mise pour une installation parfaite et sans fuite. Les premiers mois sont difficiles, il faut persévérer !

Prix et points de vente 



La coupe menstruelle se trouve dans la majorité des pharmacies et magasins de produits naturels au coût d'environ 40 $.

- Evelyne Audet, La Presse



LA CULOTTE ABSORBANTE THINX



La compagnie THINX a développé une petite culotte absorbante à porter durant les règles, sans aucune autre protection nécessaire. Plusieurs modèles existent en fonction de son flux. La plus absorbante, la « Hiphugger », contient l'équivalent de deux tampons, selon l'entreprise.

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C'est de loin la méthode la plus facile pour gérer ses menstruations, soit le simple port du sous-vêtement. Son efficacité s'est avérée impeccable dans notre cas. Aucune fuite. La culotte est jolie, confortable et d'une grande qualité. Après un rapide rinçage à la main, elle se lave très bien à la machine et reprend chaque fois sa forme et son confort initiaux.

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Si la culotte se lave à la machine, elle doit sécher à plat. Puisque le tissu absorbant est assez épais, elle prend un certain temps à sécher. On doit donc prévoir plusieurs culottes. Elle absorbe correctement et ne cause aucune fuite, mais une légère sensation d'humidité se fait sentir après quelques heures. Son coût est élevé, environ 46 $ (35 $US) en plus des frais de livraison.

Prix et points de vente



On peut commander les culottes THINK exclusivement sur le site web de l'entreprise.

- Evelyne Audet, La Presse



LE TAMPON ÉCOLOGIQUE TAMPON TRIBE



« Changer le monde un tampon à la fois », tel est le slogan de la jeune société américaine Tampon Tribe. Le concept ? Proposer une solution de rechange écologique aux tampons et serviettes hygiéniques usuelles, avec des produits faits en coton biologique, qui ne contiennent aucun chlore ou dioxine, et qui sont également 100 % compostable - donc sans colle ou composante en plastique, que ce soit l'applicateur du tampon (en carton) ou l'emballage des serviettes hygiéniques (en film d'amidon compostable). Le tout, sous forme d'abonnement mensuel (8 $ par mois), qu'on peut personnaliser selon notre flux menstruel.

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L'idée d'abonnement mensuel est chouette. Tampon Tribe est une société socialement responsable et engagée : elle s'engage à verser une partie de ses revenus à des oeuvres de charité choisies.

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Le prix (il faut compter 8 $ de frais de livraison pour le Canada) et le fait que, malgré l'aspect écolo, les produits de Tampon Tribe ne sont évidemment pas réutilisables.

Prix et points de vente



L'abonnement mensuel est offert à 8 $ par mois (plus les frais de livraison), pour ensemble de 16 tampons ou de 10 serviettes hygiéniques. Des protège-dessous (8 $ pour 24) sont aussi offerts. Offert en ligne.

- Iris Gagnon-Paradis, La Presse



LES SERVIETTES HYGIÉNIQUES LAVABLES LÖTUS



Nouvelle division de la marque québécoise de couches lavables Omaïki, Lotüs propose des serviettes hygiéniques lavables et réutilisables (et aussi d'autres produits lavables comme des compresses d'allaitement, tampons démaquillants, etc.). Le tout, avec de jolis coloris et un design qui se veut féminin. Offertes en plusieurs variations (protège-dessous, mini, maxi et tanga) censées convenir même aux flux les plus abondants, les serviettes tiennent en place grâce à un bouton-pression fixé sur les ailes. On peut se procurer un sac imperméable afin de pouvoir y ranger les serviettes souillées lorsqu'on est à l'extérieur de la maison.

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Les avantages écologiques, mais aussi financiers. Selon les calculs de l'entreprise, 24 serviettes Lötus équivalent à 1800 serviettes jetables. Sur une période de cinq ans, les dépenses en serviettes hygiéniques jetables peuvent atteindre 1000 $, mais à peine 190 $ pour les lavables.

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Le côté pratique est, disons-le, peu ragoûtant : il faut idéalement rincer la serviette une fois retirée et, malgré les lavages, elles restent tachées. Les serviettes traditionnelles offrent aujourd'hui une technologie qui permet de se sentir au sec pendant plusieurs heures, ce qui n'est pas tout à fait le cas ici.

Prix et points de vente



60 $ pour un ensemble de départ comprenant une pochette imperméable, deux protège-dessous, deux mini-maxi et deux maxi. Aussi offert en ensemble de deux serviettes (de 16 à 28 $ selon la protection). Offert en ligne et dans quelques points de vente.

- Iris Gagnon-Paradis, La Presse

PHOTO FOURNIE PAR LUNACOPINE

La coupe menstruelle