Les femmes nées prématurément semblent présenter des risques de complications plus élevés pendant leur propre grossesse, selon une étude à laquelle a participé une docteure du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine, à Montréal.

L'étude tend à démontrer que les risques d'hypertension gestationnelle, de diabète gestationnel et de prééclampsie sont pratiquement deux fois plus élevés pour les femmes nées avant 32 semaines de grossesse, comparativement aux femmes nées à terme.

Elle a également a permis de découvrir «que les femmes nées avant terme présentent un risque plus accru de développer des complications durant la grossesse et que ce risque augmente proportionnellement au niveau de prématurité», a expliqué lundi la Dre Anne Monique Nuyt, spécialiste et chercheuse en néonatalogie au CHU Sainte-Justine et à l'Université de Montréal.

Les chercheurs ont utilisé les données de l'Institut de la statistique du Québec et de la Régie de l'assurance maladie du Québec, plus précisément les archives médicales et les dossiers de naissance de 7405 femmes nées prématurément et celles de 16 714 femmes nées à terme entre 1976 et 1995 au Québec.

Des femmes nées prématurément, 554 ont vu le jour à moins de 32 semaines de grossesse et 6851 autres sont nées après 32 à 36 semaines.

Comme l'ont découvert les chercheurs, près de 20 pour cent des femmes nées à moins de 32 semaines de grossesse présentaient au moins une complication de grossesse, comparativement à 11,4 pour cent chez les femmes nées à terme.

«L'incidence est presque deux fois plus importante», résume Dre Nuyt, la chercheuse principale l'étude publiée lundi par le Journal de l'Association médicale canadienne. Elle précise toutefois que ce type d'étude par observation ne permet pas d'établir un lien de causalité.

Autrement dit, la recherche ne permet pas de prouver que les femmes nées prématurément ou de «faible poids» à la naissance auront nécessairement des grossesses à risque.

Il semble néanmoins que ces femmes présentent des risques de complications plus importants pendant leurs grossesses, a déclaré Dre Nuyt, identifiant le facteur de la naissance prématurée comme un «nouveau facteur de risque, non identifié jusque-là».

Le mécanisme liant la naissance prématurée aux complications pendant la grossesse demeure inconnu, mais la chercheuse suggère que de possibles changements physiologiques liés à une naissance prématurée et à «faible poids» puissent ensuite augmenter les chances de diabète gestationnel ou d'autres complications.

L'incidence des complications pendant la grossesse pourrait laisser présager un risque élevé de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral ou de diabète de type 2 qui apparaîtrait plus tard dans la vie des femmes adultes.

«Certaines personnes considèrent que la grossesse est une fenêtre qui permet d'entrevoir à quoi ressemblera la santé cardovasculaire et métabolique d'une femme», rappelle la chercheuse.

Un nombre beaucoup plus important de bébés nés avant 32 semaines de grossesse ont survécu au cours des trente dernières années, en comparaison avec le passé. Cette situation pourrait laisser entrevoir qu'une partie plus importante de la population pourrait être exposée aux risques de la haute pression, du diabète de type 2 ou d'autres problèmes de santé, écrivent les auteurs dans leur étude.

Dre Nuyt avertit cependant la population de ne pas s'alarmer.

«Les gens ne devraient évidemment pas avoir peur de fonder une famille et les femmes ne devraient pas craindre de tomber enceintes. Comme c'est le cas avec tout autre sujet, l'important, c'est d'être informé, et de s'assurer que le professionnel de la santé qui s'occupe de nous soit lui aussi informé», explique-t-elle.

«Cette étude permettra probablement de faire un meilleur suivi pour une femme enceinte qui a le diabète de type 2, par exemple.»