La pollution automobile augmente de plus de 25% le risque de cancer du sein à Montréal, selon une étude montréalaise. Les femmes qui habitent près des grands axes de circulation pourraient même avoir un risque 1,5 fois plus élevé.

«Quelques études américaines ont lié pollution automobile et cancer du sein, mais la nôtre a 10 fois plus de stations de mesure atmosphérique», explique l'une des auteures, France Labrèche du département de santé environnementale de l'Université de Montréal, qui a travaillé avec des collègues de l'Université McGill. «Il faut encore faire des études pour déterminer si c'est un lien de cause à effet et confirmer l'ampleur du risque. Ça mérite un approfondissement.»

À titre de comparaison, les femmes qui prennent la pilule anticonceptionnelle pendant moins d'un an dans leur vie ont une augmentation du risque de 78% et celles qui ont une soeur et une mère atteintes du cancer du sein ont un risque 136% plus élevé. L'étude, publiée dans la revue Environmental Health Perspectives, a comparé le taux de cancer du sein à des mesures du dioxyde d'azote atmosphérique (NO2) en 2006 et à des extrapolations du NO2 pour 1986 et 1996. À chaque augmentation de cinq parties par milliard (ppb) du NO2 atmosphérique, le risque de cancer du sein augmentait de 25%. À Montréal en 2006, les stations de mesure du NO2 avaient une moyenne de 11,3 ppb, avec un minimum de 4,3 ppb et un maximum de 37,4 ppb.

«Ce n'est pas le NO2 comme tel qui est le coupable, dit le Dr Labrèche. Nous avons des résultats d'une étude antérieure qui montre que c'est probablement le benzène ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Le NO2 est un indicateur de pollution atmosphérique.»

Les analyses de l'étude ne sont pas statistiquement significatives, mais l'épidémiologiste est convaincue qu'elles l'auraient été si l'échantillon avait été plus grand, par exemple 600 femmes au lieu de 383. «Dans un sous-groupe de l'échantillon, qui regroupait des femmes ayant habité plus de 10 ans près d'un axe routier, le risque était encore plus grand. Mais ce n'était pas encore statistiquement significatif parce que ce sous-groupe était très petit.»

Recommanderait-elle à une femme habitant près du Métropolitain, et dont la mère et la grand-mère sont mortes du cancer du sein, de déménager? «Oui, mais je trouve ça dangereux et délicat de faire ce genre de recommandation. Les gens habitent déjà où ils sont. Le rôle des antécédents familiaux est probablement plus important. Quantifier les risques avec une seule étude, c'est délicat.»