Les adolescentes qui ont des relations sexuelles précoces sont plus susceptibles de souffrir du cancer du col de l'utérus, selon une nouvelle étude du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

On savait déjà que les femmes issues de milieux défavorisés risquent davantage de contracter ce type de cancer. Mais jusqu'à maintenant, les scientifiques ignoraient les causes de ces disparités.

 

Plusieurs hypothèses avaient été émises. On pensait notamment que les femmes plus pauvres avaient un accès plus limité au test de dépistage du virus du papillome humain (VPH), qui est à l'origine de presque tous les cas de cancer du col de l'utérus.

Malgré l'importance capitale du dépistage, cette hypothèse ne pouvait tout expliquer, indique Silvia Franceschi, chercheuse principale et chef de la section infections des cancers au CIRC, un centre affilié à l'Organisation mondiale de la santé.

«Même dans les populations où il n'y avait aucun dépistage, le taux d'incidence du cancer du col était quand même deux fois plus élevé dans les classes sociales défavorisées», note la Dre Franceschi, jointe à Lyon, en France. Le comportement sexuel ne semblait pas en cause non plus, puisque les taux d'infection au VPH sont semblables d'une classe sociale à l'autre.

L'équipe du CIRC a donc analysé plusieurs facteurs qui distinguent les classes sociales. L'étude a été réalisée auprès de 20 000 femmes principalement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.

Les chercheurs ont réalisé que le facteur le plus important était le début de l'activité sexuelle. Dans l'étude, les femmes issues de milieux défavorisés avaient des relations sexuelles en moyenne quatre ans plus tôt que les femmes de milieux plus aisés.

«C'est n'est pas que le corps des adolescentes soit plus vulnérable, souligne Silvia Franceschi. C'est plutôt lié à la durée de l'infection. Le virus du papillome humain a besoin d'une dizaine d'années pour provoquer tous les dommages, dont le cancer.»

Autre facteur important: les femmes issues de milieux défavorisés ont plus d'enfants et les ont plus jeunes. «Il y a des influences hormonales liées à la grossesse qui peuvent aider le virus à provoquer le cancer», explique la Dre Franceschi.

Le cancer du col de l'utérus tue environ 240 000 femmes par année, dont quelque 380 Canadiennes.