Un enfant dont la mère a souffert de diabète de grossesse a deux fois plus de risque d'avoir des troubles de langage, selon une recherche de l'Université Laval publiée cette semaine dans la prestigieuse revue Pediatrics.

«Ce qui nous a étonnés, c'est qu'à 7 ans, les différences persistent», dit Ginette Dionne, psychologue et coauteure de l'étude.

Cette étude a porté sur 1835 enfants nés au Québec entre octobre 1997 et juillet 1998, et aussi sur 998 jumeaux nés entre novembre 1995 et juillet 1998.

Les mères de ces enfants ont souffert de diabète de grossesse dans 6% des cas. Le taux était deux fois plus élevé pour les mères de jumeaux.

Les enfants ont subi une douzaine de tests psychologiques jusqu'à l'âge de 7 ans. Et dans tous les tests sauf un, les enfants dont la mère avait souffert de diabète étaient, en moyenne, moins forts en langue.

Par exemple, à 18 mois, ils connaissaient de 4 à 12 mots de moins sur une échelle de 77 mots. À 30 mois, l'écart atteignait jusqu'à 10 mots en moins sur une échelle de 100 mots.

Selon les chercheurs, cela s'expliquerait par l'exposition du cerveau du foetus à des taux élevés ou fluctuants de glucose, une forme de sucre, pendant la grossesse.

Environ 10% à 15% des enfants peuvent souffrir à un moment ou à un autre d'un trouble de langage qui interfère avec leur développement.

Le diabète est un dérèglement du système de régulation du taux de glucose dans le sang.

Facteur génétique

Le diabète de grossesse est apparenté au diabète de type II, qui frappe les adultes, et plus particulièrement les adultes obèses. Les deux types de diabète ont la même source et sont tous deux en augmentation.

En étudiant l'échantillon de jumeaux, les chercheurs ont trouvé un facteur génétique qui pourrait protéger certains enfants des effets néfastes du diabète de grossesse. «Certains enfants sont à risque, d'autres non, dit Mme Dionne. Cela semble être génétique, selon ce qu'on observe chez les vrais jumeaux, qui ont le même risque, par rapport aux faux jumeaux, où l'effet peut être différent.»

La scolarité de la mère semble aussi être un facteur qui peut mettre les enfants à l'abri des retards de langage.