Les bébés qui rampent et se tiennent debout tôt ont un niveau cognitif supérieur quand ils ont 4 ans, selon une nouvelle étude américaine. Ils s'adaptent également plus facilement à de nouvelles situations, mais ces avantages ne s'étendent pas aux capacités sociales et de communication.

«Il y a très peu d'études sur le lien entre les principales étapes du développement moteur chez le bébé et les capacités cognitives de l'enfant», explique Edwina Yeung, psychologue aux Instituts nationaux de la santé des États-Unis (NIH) et auteure principale de l'étude publiée dans la revue Pediatrics. «Nous avons interviewé les mères très souvent pour éviter l'incertitude liée à la mémoire. Les associations que nous avons observées ne sont pas surprenantes parce que pour beaucoup d'activités cognitives et pour les facultés d'adaptation, un développement moteur optimal est nécessaire.»

Les chercheurs du NIH ont rencontré les parents des enfants à 4, 8, 12, 18 et 24 mois. Ils leur ont ensuite fait passer un test de développement général à 4 ans. Ils ont tenu compte dans leurs analyses de caractéristiques familiales telles que le statut socioéconomique et les habitudes de vie (tabagisme, alcool) de la mère, de la présence d'un grand frère et de la fréquentation d'une garderie, entre autres. Leur analyse définitive s'est limitée aux 260 enfants, sur l'échantillon total de 600 enfants, qui n'avaient pas de troubles de développement ou d'apprentissage. La plupart des étapes du développement moteur des bébés avaient une incidence sur les capacités cognitives à 4 ans, mais les chiffres étaient statistiquement significatifs seulement pour l'âge où le bébé rampe et où il se tient debout avec de l'aide.

L'étude note que les ganglions gris centraux du cerveau, qui sont responsables du développement et de la coordination moteurs, ont été récemment liés au lobe frontal, siège des décisions. «Les ganglions gris centraux interagissent très étroitement avec le lobe frontal pour réguler les fonctions cognitives», dit Mme Yeung.

Cette dernière était très circonspecte sur les implications et applications possibles de ses résultats. Elle n'a pas voulu s'avancer sur leur utilité pour une détection précoce des problèmes scolaires, sur la pertinence d'une intervention pédagogique préscolaire pour les bébés qui marchent tard ou sur la possibilité qu'un développement moteur tardif donne accès à plus de services éducatifs, par exemple des garderies mieux financées ou des prématernelles. «Ce n'est pas notre travail d'élaborer des politiques publiques», a répondu chaque fois la psychologue américaine.

Ne pas s'inquiéter

Des pédiatres interrogés par Reuters et le site Health News ont avant tout relevé que les parents ne devaient pas s'inquiéter si leur bébé rampe ou marche plus tard que les autres, mais simplement le mentionner à leur médecin.

Le lien entre le développement moteur précoce et des capacités cognitives plus élevées est-il renforcé ou diminué par la richesse? «Les quelques études sur le sujet ont utilisé des échantillons représentatifs de la population américaine, dit Mme Yeung. Il n'y avait pas d'études en fonction de la catégorie socioéconomique.» Elle note toutefois que, dans son échantillon de départ de 2150 enfants, ceux qui avaient des mères plus pauvres et moins éduquées étaient plus susceptibles de ne pas avoir fait toutes les visites nécessaires pour être inclus dans l'analyse finale, qui regroupait 600 enfants.

D'autres études ont montré que les capacités parentales ont plus d'incidence chez les enfants pauvres que chez les enfants riches parce que ces derniers ont déjà accès à un environnement plus susceptible de favoriser le développement cognitif.