Depuis la mi-juillet, les bébés qui naissent au Québec ne doivent plus recevoir d'antibiotique dans les yeux peu après leur naissance, au cas où leur mère serait infectée par la gonorrhée ou la chlamydia. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a annoncé, dans un courriel envoyé le 15 juillet aux dirigeants du réseau et aux associations concernées, son intention d'abroger l'article de loi qui rend obligatoire cette application d'onguent.

Quand cela sera-t-il fait? «À l'automne», a répondu Marie-Claude Lacasse, relationniste au MSSS. Déjà, les médecins et sages-femmes peuvent-ils cesser de mettre l'érythromycine - l'antibiotique utilisé au Québec - dans les yeux des nouveau-nés? «Effectivement, a dit Mme Lacasse. Puisque l'onguent ne serait plus pertinent, on peut arrêter de l'appliquer.»

Signé par Horacio Arruda, directeur national de santé publique, et Louis Couture, sous-ministre adjoint, le courriel rappelle qu'en mars, la Société canadienne de pédiatrie s'est prononcée contre cette prophylaxie (le fait de donner un médicament pour prévenir une maladie).

La Société a souligné «les limites des preuves scientifiques de l'efficacité de l'érythromycine pour prévenir l'infection oculaire» et «ses effets potentiellement nocifs», ainsi que «la diminution des taux rapportés de la conjonctivite néonatale» causée par les bactéries responsables de la gonorrhée ou de la chlamydia en Amérique du Nord, fait valoir le MSSS.

Formation d'un groupe d'experts

Prochaine étape: le Ministère va confier «à un groupe d'experts le mandat de produire des recommandations concernant la prévention de la conjonctivite néonatale causée par la gonorrhée et la chlamydia (N. gonorrhoeae ou C. trachomatis), et les moyens à mettre en place pour en favoriser l'application, a précisé Mme Lacasse. Cela permettra le développement d'une norme de pratique».

D'ici là, «l'application des recommandations actuelles du Guide québécois de dépistage des ITSS doit être optimale», indiquent MM. Arruda et Couture. Le Guide prévoit le dépistage systématique des ITSS dans le bilan prénatal de toutes les femmes enceintes. Ces tests sont répétés au besoin vers la 28e semaine de grossesse et lors de l'accouchement, en cas de comportement à risque de la future mère ou de son partenaire.