À bout de patience, de nombreux parents québécois finissent par monnayer les bouchées de légumes: «Tu auras du dessert si tu manges ton brocoli», «termine ton assiette sinon, tu restes à la table».

Or, l'utilisation de récompenses modifierait les préférences alimentaires de l'enfant en le détournant des légumes au profit des aliments sucrés et peu santé, précise Geneviève Dulude, qui a étudié, dans le cadre de sa thèse à l'Université de Montréal, les attitudes et les comportements de la mère québécoise, l'alimentation et le poids de l'enfant préscolaire.

Le rôle du parent s'avère par conséquent important lors de l'acquisition des bonnes habitudes alimentaires. L'enfant aura d'ailleurs tendance à manger ses légumes ou non suivant le style alimentaire du parent -autoritaire, démocratique, négligent ou indulgent. «Le parent qui démontre de l'enthousiasme quant au plaisir de manger certains aliments augmentera leur acceptation auprès de l'enfant», affirme la diététiste.

La résistance de l'enfant serait d'abord liée à la méconnaissance des aliments, ce qu'on appelle la néophobie ou peur des nouveaux aliments. Avant qu'il ne soit adopté par l'enfant, un légume doit lui être présenté une quinzaine de fois. Varier les achats et les recettes permettra aussi d'ouvrir l'horizon culinaire de l'enfant. En goûtant à une multitude d'aliments, il apprendra ainsi à les aimer.

Les parents devraient plutôt lâcher du lest à leurs enfants lors du repas, soutient la chercheuse. En initiant les enfants au plaisir de manger de tout plutôt que de les récompenser, les parents parviendront à faire passer le message «mange tes légumes!» plus efficacement.

La compilation des questionnaires remplis par 122 mères québécoises d'enfants âgées de 3 à 5 ans démontre que près d'un tiers d'entre elles considèrent l'heure des repas comme un moment difficile à faire passer.