En raison de l'épidémie d'obésité, l'apnée du sommeil est en hausse chez les enfants. Elle pourrait même expliquer une partie de l'augmentation des cas d'hyperactivité.

«Nous pensons qu'au moins 20% des cas d'hyperactivité pédiatrique s'expliquent par l'apnée du sommeil», explique Ronald Chervin, un pédiatre de l'Université du Michigan qui a publié de nombreux articles sur les troubles du sommeil chez les enfants.

 

«Un enfant qui fait de l'apnée du sommeil ne dort pas assez. Mais le manque de sommeil ne s'exprime pas comme chez l'adulte. Comme il a tendance à cet âge à vouloir rester réveillé pour apprendre et faire l'expérience du monde, il va se sur-stimuler pour lutter contre la fatigue, il va être agressif, va avoir des problèmes de comportement. On constate que souvent, quand on traite l'apnée du sommeil des enfants hyperactifs, ils n'ont plus besoin de leurs médicaments stimulants.»

Une étude de l'Université de Montréal, publiée dans la revue Pediatrics, vient d'ailleurs de constater que les enfants hyperactifs dorment moins bien que la moyenne.

Une autre étude, californienne celle-là, a constaté que 19% des enfants hyperactifs sont obèses, comparativement 12% des enfants qui n'ont pas de maladie chronique. Entre 0,7% et 10,3% des enfants sont atteints de troubles respiratoires du sommeil, selon l'Association pulmonaire du Canada.

«L'épidémie d'obésité explique probablement la hausse des cas d'apnée du sommeil que nous observons en clinique, dit le Dr Chervin. Auparavant, les enfants qui en souffraient avaient généralement un problème d'amygdales trop volumineuses. Maintenant, une amygdalectomie ne règle pas toujours les troubles de sommeil.»

Dans certains cas plus rares, des problèmes de contrôle neuromusculaire des voies respiratoires sont en cause chez les enfants.

Si l'obésité est la responsable, outre une perte de poids, un masque aidant les voies respiratoires à rester ouvertes peut être porté la nuit, comme chez les adultes souffrant d'apnée du sommeil.

Le problème commence tout juste à être détecté.

«Il va peut-être y avoir des problèmes à long terme, dit le Dr Chervin. Par exemple, des études ont montré que les enfants qui font de l'apnée du sommeil ont une pression sanguine plus élevée. Ils ne courront pas de risque de crise cardiaque comme les adultes, mais ce risque plus tard dans la vie pourrait augmenter.»

La prévalence est aussi mal connue. L'an dernier, le Dr Chervin a publié dans la revue Proceedings of the American Thoracic Society une méta-analyse de 48 études montrant que l'apnée du sommeil est diagnostiquée chez 1% à 4% des enfants, qu'entre 1,5% et 6% des enfants ronflent selon leurs parents (le ronflement est l'un des symptômes de l'apnée du sommeil) et qu'entre 4% et 11% des enfants ont des troubles du sommeil.