Exit le «flying yoga», où l'on se suspend à un drap pendu au plafond. Voici venu le «climbing yoga», qui se pratique au sommet d'un mur d'escalade, une combinaison audacieuse venue à l'esprit d'une professeure de yoga en Birmanie.

Les variantes de yoga les plus bizarres font régulièrement le «buzz» sur les réseaux sociaux, du «beer yoga» (yoga en buvant de la bière) au «paddle yoga» (sur une planche de paddle) et au «goat yoga» (avec des chèvres).

Le plus courant des yogas défiant les lois de la gravité était jusqu'ici le «flying yoga», en vogue dans les salles de fitness du monde entier.

En Birmanie, Khin Myat Thu Zar a quant à elle eu l'idée de «mélanger yoga et escalade» il y a six mois, quand elle s'est initiée à la grimpe. Une idée pas si farfelue qu'il y paraît, le yoga étant utilisé par certains grimpeurs avant d'attaquer une paroi, pour s'échauffer le corps.

«La sensation n'est pas la même quand on fait du yoga sur le mur ou au sol», assure cette professeure de yoga de 32 ans, qui a troqué ses habits d'avocate il y a cinq ans pour se consacrer au yoga.

Le club d'escalade Climb'O clock, récemment ouvert dans le centre de Rangoun, capitale économique birmane en pleine mutation, l'a autorisée à proposer ses cours sur son mur d'escalade.

Ses sessions, qui débutent par un échauffement collectif au sol, attirent entre sept et dix participants, une majorité de femmes mais aussi deux hommes.

Le mur d'escalade ayant été construit au rez-de-chaussée d'un immeuble, les passants curieux peuvent voir ces femmes en tenue lycra monter une à une sur le mur d'escalade, équipées d'un harnais et assurées par un employé du club.

Depuis le sol, Khin Myat Thu Zar accompagne l'élève par la parole, le rassurant jusqu'à ce qu'il se détache du mur et ose se lancer dans des poses de yoga en hauteur, suspendu à une corde.

«Je n'ai pas assez de force dans les mains pour faire du yoga classique», explique Myint Myat Sandy, une des élèves.

Sandar Win, une autre élève, habituée des salles de musculation, n'est quant à elle pas venue au yoga-escalade à cause d'une défaillance physique, mais parce que la relaxation inhérente au yoga est encore plus forte en hauteur.

Relaxation décuplée



«J'adore le sentiment que j'éprouve à la fin des sessions de yoga, mon esprit est totalement en paix», explique cette quadragénaire, elle-même propriétaire d'une salle de gym.

La multiplication des salles de sport ces dernières années fait partie des nombreux changements en cours dans la capitale économique birmane où l'on voit de plus en plus d'immeubles modernes, de supermarchés et de voitures étrangères.

Une séance d'une heure de yoga-escalade coûte près de dix euros (15 $), une somme importante dans un pays qui reste l'un des plus pauvres d'Asie, après des décennies de junte militaire et de fermeture au monde.

Depuis l'autodissolution de la junte en 2011, aujourd'hui remplacée par un gouvernement civil dirigé par l'ex-opposante Aung San Suu Kyi, la société évolue vite.

Et si de nombreux habitants de la capitale, femmes comme hommes, continuent de porter la longue jupe traditionnelle dite longyi, de plus en plus la troquent régulièrement pour des pantalons et baskets.

«Les choses changent. Les habits de sport sont tendance maintenant en Birmanie. Murs d'escalade et salles de gym se multiplient», assure Khin Myat Thu.

«Je veux que le monde entier sache que l'on fait du "climbing yoga" (yoga-escalade) en Birmanie!», dit-elle dans un sourire.

Son prochain projet: emmener ses élèves pratiquer le yoga-escalade en extérieur, sur de vraies parois de pierre, pour que la communion avec la nature soit enfin complète.