Au Québec, il y a un monde à découvrir sous la surface de l'eau: baleines, phoques, poissons, étoiles de mer, anémones de mer, etc. Il y a également des épaves fascinantes, qui ouvrent une porte sur le passé. Il suffit de plonger.

À 5 ans, Paul Boissinot rêvait de devenir homme-grenouille.

C'était la fin des années 50. Il était fasciné par la série américaine Remous (Sea Hunt), qui mettait en vedette Lloyd Bridges dans le rôle d'un plongeur professionnel.

Il a plongé pour la première fois le 26 juin 1969. «Depuis ce temps, je plonge, raconte-t-il. C'est une façon de vivre, c'est une passion que j'essaie de partager avec les gens.»

Paul Boissinot est président de la Fédération québécoise des activités subaquatiques. En tant qu'officier de plongée à l'Aquarium du Québec, il plonge tous les jours, notamment pour nourrir les poissons et veiller à l'entretien des aquariums. Il interagit avec les visiteurs et répond à leurs questions. De toute évidence, le monde de la plongée sous-marine fascine encore.

«On me demande souvent ce qu'il faut faire pour devenir plongeur.»

L'itinéraire est assez simple, mais attention, il n'y a pas de raccourcis. Les gens qui profitent de vacances dans le Sud pour apprendre à plonger ont une bien mauvaise surprise s'ils entendent se mettre à plonger de retour au Québec.

«Ils doivent de nouveau passer entre les mains d'un moniteur qui leur enseignera à plonger avec la combinaison étanche ou la combinaison isothermique, la cagoule, les mitaines, explique M. Boissinot. C'est difficile de manipuler son équipement avec ces mitaines.»

Plus difficile en eau froide

Le poids de l'équipement, et donc du lest nécessaire pour plonger, est plus important en eau froide qu'en eau chaude.

«C'est plus difficile de sortir de l'eau s'il y a une urgence, indique M. Boissinot. Il faut s'assurer que les gens sont capables de contrôler ça.»

Il rappelle qu'au début des années 90, il y a eu plusieurs accidents de plongée, notamment avec des gens qui avaient appris à plonger dans le Sud et qui n'étaient pas prêts à faire face aux conditions difficiles au Québec.

Le Québec s'est d'ailleurs donné un règlement pour s'assurer que les plongeurs reçoivent une meilleure formation. Ces derniers doivent maintenant obtenir un certificat de qualification pour plonger dans les eaux de la province.

M. Boissinot note qu'il est facile de trouver un bon cours de plongée.

«Il y a quelques écoles indépendantes, mais en plus, les boutiques de plongée ont leur propre école. On peut les contacter.»

La formation comprend quelques heures de cours théoriques et pratiques et un certain nombre de plongées en milieu naturel.

Il existe un grand nombre de formations plus avancées, qui permettent notamment d'apprivoiser la plongée de nuit, la plongée semi-profonde et profonde, la plongée dans le courant, etc., et qui donnent droit à des qualifications supérieures.

Le gouvernement reconnaît les programmes de formation élaborés par de grandes organisations comme PADI (Professional Association of Diving Instructors), CMAS (Conférence mondiale des activités subaquatiques) et NAUI (National Association of Underwater Instructors). Les écoles rattachées aux boutiques de plongée suivent les programmes de formation de l'une ou l'autre de ces organisations et décernent leurs cartes de compétence.

Il faut renouveler le certificat de qualification du gouvernement du Québec tous les trois ans, mais ce n'est pas très compliqué pour le plongeur qui demeure actif.

«Le plongeur doit montrer, par son carnet d'annotation, qu'il a effectué 10 plongées au cours d'une période de trois ans», indique M. Boissinot.

Si ce n'est pas le cas, le plongeur peut faire une petite mise à jour et démontrer qu'il est toujours à l'aise pour effectuer diverses manoeuvres.

«Quand vous apprenez à plonger au Québec, vous pouvez plonger partout dans le monde.»

«Une mecque  de la plongée»

Il soutient toutefois que le Québec est l'«un des plus beaux endroits au monde pour plonger», avec des lieux comme l'île Bonaventure.

«Les phoques viennent jouer avec nous, s'enthousiasme-t-il. Il y a des homards : on aime ça, les voir dans nos assiettes, mais imaginez-les dans leur milieu naturel. C'est aussi le fun de voir les oiseaux, comme les fous de Bassan: ils plongent dans l'eau pour aller dans les bancs de poissons.»

Il mentionne aussi Les Escoumins. «C'est une Mecque de la plongée en Amérique du Nord. On y voit des baleines, la vie marine est assez unique, avec des anémones, des étoiles de mer. Mais c'est sûr que l'eau est froide, ce n'est pas comme dans le Sud, avec un petit costume de bain.»

Une fois bien certifié, le plongeur peut plonger avec ses amis ou profiter des innombrables sorties organisées par les boutiques de plongée.

«Les boutiques dépendent des plongeurs, elles leur louent de l'équipement, remplissent leur bouteille», indique M. Boissinot.

Pendant les longues fins de semaine, les sorties peuvent avoir lieu dans le Bas-du-Fleuve, le long de la Côte-Nord, en Gaspésie. Mais les boutiques organisent également des sorties de quelques heures à proximité des grands centres.

L'équipement coûte assez cher à l'achat, soit entre 1800 et 4000 $. Toutefois, on peut le conserver pendant des années.

«Ce n'est pas comme le ski, qu'on peut vouloir renouveler, indique M. Boissinot. Il n'y a pas de mode en plongée. Quand ta combinaison étanche ou isothermique te fait, tu peux la garder 10 ans.»

Plonger sans se mouiller

Le Saint-Laurent en directLe Centre de découverte du Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, aux Escoumins, organise des plongées en direct, par le truchement d'images en haute définition. Des plongeurs-interprètes décrivent leur plongée et répondent directement aux questions des visiteurs, installés bien au chaud et au sec dans le Centre de découverte.

Découverte du grand océanÀ l'Aquarium du Québec, les visiteurs peuvent emprunter un tunnel qui passe sous un bassin de 350 000 litres d'eau et ainsi côtoyer la vie marine du Pacifique. En prime, ils peuvent poser des questions au plongeur qui nourrit les poissons et entretient le bassin.

La plongée à la téléL'historien et plongeur Samuel Côté part à la recherche des épaves du Saint-Laurent avec son équipe. La chaîne spécialisée Historia diffuse leurs aventures sous le titre Chasseurs d'épaves.

Épaves et histoirePlusieurs épaves intéressantes attendent les plongeurs au Québec. Cinq d'entre elles ont été balisées dans le cadre d'un grand projet, la Route des épaves du Bas-Saint-Laurent. «Ce qui m'intéresse, c'est l'histoire, commente le chasseur d'épaves Samuel Côté. Dans mon esprit, je ne pratique pas la plongée sous-marine, mais je plonge dans les archives.»

Route des épaves du Bas-Saint-Laurent

Empress of Ireland

Longueur: 173,7 mètres

Largeur: 19,8 mètres

Type: Paquebot transatlantique

Circonstances: Coule le 29 mai 1914 au large de Sainte-Luce après avoir été heurté par un charbonnier norvégien (1012 victimes).

Profondeur: 33 à 44 mètres

Niveau: Avancé à technique

Germanicus

Longueur: 106,7 mètres

Largeur: 14,9 mètres

Type: Navire marchand anglais

Circonstances: S'échoue sur le récif du Nord-Ouest (Bic) le 7 novembre 1919.

Profondeur: 16 à 22 mètres

Niveau: Intermédiaire

NCSM Nipigon (récif artificiel)

Longueur: 113 mètres

Largeur: 12,8 mètres

Type: Destroyer d'escorte

Circonstances: Le navire canadien est sabordé en 2003 au large de Sainte-Luce pour constituer un récif artificiel.

Profondeur: 28 à 36 mètres

Niveau: Intermédiaire à avancé

Atlas Scow No. 1

Longueur: 18,3 mètres

Largeur: 12,2 mètres

Type: Chaland

Circonstances: Coule en 1962 au large de Pointe-au-Père.

Profondeur: 16 à 18 mètres

Niveau: Débutant

Frederike. C-2

Longueur: 12,8 mètres

Largueur: 4,9 mètres

Type: Bateau de pêche

Circonstances: Coulé au large de Rimouski en 2015 à la suite d'un incendie.

Profondeur: 23 mètres

Niveau: Intermédiaire

D'Autres épaves

Frederika Lensen

Longueur: 112,7 mètres

Largeur: 15,6 mètres

Type: Navire marchand britannique

Circonstances: Torpillé par un sous-marin allemand le 20 juillet 1942 (quatre victimes). Remorqué et abandonné dans la baie de Grande-Vallée.

Profondeur: 6 à 9 mètres

Niveau: Débutant

Antigua

Longueur: 70,7 mètres

Largeur: 11,2 mètres

Type: Voilier norvégien

Circonstances: S'échoue au large de La Martre lors d'une tempête le 16 novembre 1911 (13 victimes).

Profondeur: 5 mètres

Niveau: Débutant

Montreal

Type: Barque

Circonstances: S'échoue à Cap-Chat (Les Capucins) lors d'une tempête de neige en 1845.

Profondeur: 10 mètres

Niveau: Débutant

Bergeronne Trader

Type: Goélette

Circonstances: Fait naufrage près du Quai des pilotes, aux Escoumins, le 1er novembre 1936.

Profondeur: 40 mètres

Niveau: Avancé

Maraudeur

Longueur: 29,6 mètres

Largeur: 4,9 mètres

Type: Charbonnier

Circonstances: Le Maraudeur coule en face de Noyan en 1940. Il rejoint ainsi deux autres charbonniers, le Naylor et le Vermont, qui ont coulé dans le même secteur en 1899 et en 1900.

Profondeur: 9 mètres

Niveau: Débutant à avancé en fonction de la saison

Mia Perla

Longueur: 13,7 mètres

Type: Yacht

Circonstances: Coulé le 2 août 2008 pour créer un récif artificiel près de la Pointe Beaudet. Fait partie du Parc sous-marin du Lac-Saint-François, qui compte plusieurs épaves sur divers sites, dont un avion Lockheed Lodestar de 1942 près de Saint-Anicet.

Profondeur: 24 mètres

Niveau: Avancé

Photo fournie par Samuel Côté

Le Frédérike. C-2

Eau douce ou salée

Au Québec, il est possible de plonger en eau douce et en eau salée. Voici les caractéristiques des deux types de plongée.

Eau douceProximité: On trouve de beaux sites de plongée près de Montréal

Chaleur: En été, la température de l'eau peut grimper jusqu'à 22-23 °C ou plus.

Visibilité: Superbe visibilité dans la Voie maritime du Saint-Laurent. Certains lacs sont clairs. D'autres, pas du tout.

Épaves: Plusieurs épaves sont accessibles.

Eau salée

Vie marine excitante: Baleines, requins, phoques, il y a de quoi voir.

Fraîcheur: L'eau peut être vraiment froide, autour de 4 °C parfois.

Visibilité: La visibilité est parfois excellente. Parfois, beaucoup moins, notamment à la fonte des neiges.

Épaves: De belles épaves à visiter, mais plongée parfois très technique.

Plus dense: Il faut plus de lest pour descendre.

Photo Masterfile