Parce que l'une pratique le hockey et l'autre, le patinage artistique, nos journalistes se sont lancé un défi: chacune a tâché de prouver à l'autre que son sport est LE sport de lames par excellence. Pour étayer leur argumentaire, elles ont rencontré plusieurs mordus. Voici autant de raisons de sortir ses patins, qu'ils aient des dents ou pas!

Jamais sans leurs patins

Recrues ou vétérans, amateurs ou expertes, ils ont en commun l'amour qu'ils vouent à leur sport préféré. Témoignages.

Hockey: Retour en enfance

Débutant: Paul Deshaies, 45 ans, Programmeur

Passionné de hockey, Paul Deshaies hésitait : était-il trop vieux pour commencer à jouer? Absolument pas, lui a assuré un collègue qui venait lui aussi de commencer «sa carrière» de hockeyeur. En septembre dernier, le programmeur a donc grossi les rangs des Flyers, une équipe d'une ligue de hockey pour débutants. «Je n'étais pas capable de patiner de reculons ni de freiner, mais je me suis lancé.» Depuis, il joue une fois par semaine. Un vrai retour en enfance, s'exclame-t-il. «Mon seul regret, c'est de ne pas avoir commencé avant!»

Patinage artistique: Jamais trop tard

Débutant: Serge Renaud, 52 ans, Conseiller en sécurité financière

Pendant les 50 premières années de sa vie, Serge Renaud n'avait jamais vraiment patiné. À 51 ans, il a décidé de s'y mettre. Sa conjointe, Manon, faisait du patinage artistique et il a eu envie de se joindre à elle et d'en faire une activité de couple. «Et puis, je trouvais ça beau, du patinage artistique. Je regardais les compétitions à la télévision, j'admirais cette élégance, cette habileté sur deux lames.»

Hockey: Pour se dépasser

Passionnée: Julie Boyer, 43 ans, Médecin

Julie Boyer a fait ses débuts au hockey à l'âge de 9 ans. Aussi mordue que talentueuse, elle a fait partie de l'équipe du Québec aux Jeux du Canada de 1991. Entre le travail et la vie de famille avec trois jeunes hockeyeurs (!), elle chausse ses patins dès qu'elle le peut. Car le hockey, pour elle, va bien au-delà du disque que l'on pousse dans le but: «[C'est] apprendre des échecs, des défaites, passer par-dessus les mauvaises décisions (dont celles de l'arbitre), apprendre à jouer, donc à travailler, avec des gens qu'on apprécie moins, mais qui font partie de l'équipe.»

Patinage artistique: Une révélation

Passionné: Jean-Claude Deschênes, 67 ans, Employé dans une imprimerie

Jean-Claude Deschênes ne fait pas les choses à moitié. Pendant 20 ans, il a fait du karaté et s'est rendu jusqu'à la ceinture noire. Ses articulations ont cependant écopé. Plus, il s'est mis au judo. Ses épaules n'ont pas apprécié. Mais ses jambes étaient encore solides et quelqu'un lui a montré un mouvement de patinage artistique. Ça l'a accroché. À l'âge de 62 ans, il a décidé de s'y mettre sérieusement. Il s'entraîne plusieurs fois par semaine. «Je travaille et je fais juste cela. C'est une passion.»

Hockey: Une place chez les pros

Experte: Cassandra Poudrier, 24 ans, Défenseur pour les Canadiennes de Montréal

Lorsqu'elle avait 3 ans, Cassandra a reçu une paire de patins blancs. La fillette n'a jamais voulu mettre ces étranges patins avec des dents. Elle a plutôt joué au hockey... avec de «vrais» patins, lance-t-elle à la blague. Elle joue aujourd'hui dans la Ligue canadienne de hockey féminin, avec les Canadiennes de Montréal. «Ce sport est construit autour de l'équipe, s'enthousiasme-t-elle. Être ensemble, c'est le but ultime et c'est ce que j'aime du hockey.»

Patinage artistique: Magie sur glace

Experte: Isabelle Chaput, Dans la quarantaine, Comptable

Isabelle Chaput a commencé le patinage artistique relativement tard, soit en 1re secondaire. Mais l'avantage, à cet âge, c'est qu'on progresse très rapidement. Elle s'est jointe à une équipe de patinage synchronisé pour faire de la compétition. Elle a mis le patinage artistique de côté pendant ses années d'université, pour s'y remettre par la suite. «C'est le plaisir de la glisse. Quand tu acquiers un nouveau mouvement, c'est comme de la magie.»

Que le meilleur gagne!

Le ton est enjoué, bien sûr, mais nos mordus sur lames ne se sont pas fait prier pour vanter les mérites de leur sport. Dans le coin gauche, le hockey, et dans le droit, le patin artistique!

Avantages physiques

Hockey: Sport intense, le hockey amène ses adeptes à se dépasser et à développer leurs réflexes. «On se donne à fond pendant quelques secondes, puis on relaxe, comme des intervalles!», explique Julie Boyer. C'est l'occasion aussi de prendre conscience de son corps, ajoute Paul Deshaies: «On sollicite des groupes de muscles qu'on ne sollicite pas souvent dans d'autres sports!»

Patinage artistique: Contrairement à ce qu'on peut penser, le patinage artistique peut être très cardio, surtout si on est avancé. «Les cours de groupe peuvent être très intenses», affirme Isabelle Chaput. Il faut suivre le rythme, répéter de nouveaux enchaînements, travailler vite, tout en conservant une bonne technique.

Avantages psychologiques

Hockey: Il n'y a pas meilleur moyen pour évacuer les frustrations du quotidien, lance Julie Boyer. «On se sent aussi comme un superhéros sur la glace. On glisse sur deux petites lames, à toute vitesse, en évitant les autres joueurs, en poursuivant une petite rondelle... c'est impressionnant quand on s'y arrête.»

Patinage artistique: Pour Jean-Claude Deschênes, le patinage artistique renforce la persévérance et l'estime de soi. «On réalise qu'on n'a rien pour rien, que rien ne tombe du ciel, qu'il faut travailler fort pour atteindre un but. Mais lorsqu'on y arrive, on se réalise.»

Intégration dans sa vie

Hockey: Les occasions d'intégrer une équipe sont nombreuses, à condition d'accepter d'aller au lit parfois très tard, expliquent nos passionnés. Qu'à cela ne tienne, le jeu en vaut la chandelle à plusieurs chapitres, croit Cassandra Poudrier. «Ça nous permet d'avoir un dépassement individuel dans un contexte collectif. On a tous le même but!»

Patinage artistique: Serge Renaud patine deux soirs par semaine. En tant que conseiller financier, il fait lui-même son horaire de travail. «J'essaie de ne jamais mettre de rendez-vous à mon horaire le lundi et le vendredi soir.» Il trouve également le temps de répéter ses mouvements lors de séances de patinage libre à l'aréna de son quartier. Ce ne sont malheureusement pas tous les arénas qui le permettent.

Nouveaux objectifs

Hockey: Les défis sont nombreux pour les amateurs de hockey. «J'aimerais bien arriver à faire des pivots des deux côtés!», souhaite simplement Paul Deshaies. Julie Boyer explique pour sa part qu'elle doit s'entraîner hors glace pour maintenir son niveau sur la glace. Enfin, Cassandra Poudrier souhaite communiquer sa passion aux jeunes joueuses.

Patinage artistique: Serge Renaud travaille fort sur ses changements de direction: le trois, qui permet de changer de direction sur un seul pied, et le mohawk, qui permet de passer d'un pied à l'autre tout en conservant la même carre. Mais son réel objectif, cette année, c'est de maîtriser les croisés arrière et de réussir un saut de valse.

Ce qu'il y a de mieux

Hockey: Julie Boyer ne tarit pas d'éloges au sujet du hockey: «C'est un sport d'équipe, très rapide, intense et qui stimule une certaine agressivité qui peut être très positive. Il y a plein de petites épreuves durant un match - que l'on gagne ou que l'on perd - [et] on a toujours l'occasion de se reprendre. Le match n'est jamais fini... jusqu'à la fin!»

Patinage artistique: Isabelle Chaput aime beaucoup l'aspect technique du patinage artistique. Chaque détail est important. «Ça a l'air facile, mais il suffit d'un petit changement dans la position sur la lame pour qu'un mouvement soit réussi ou pas: ça fait que ça tourne tout seul ou que ça tourne carré.»

Pourquoi nous sommes les meilleurs

Hockey: «Au hockey, il peut toujours arriver quelque chose de différent, il n'y a pas une partie pareille!», fait valoir Paul Deshaies. L'aspect collectif n'est pas à négliger, ajoute Cassandra: «En patin artistique, tu as quatre minutes pour te faire valoir - avec le sourire, en plus! - alors qu'au hockey, on a 60 minutes et on peut rebondir si on fait une erreur.»

Patinage artistique: Les patineurs artistiques aiment l'aspect non violent de leur sport, mais aussi son aspect individualiste. «Le hockey, c'est un sport de gang, note Jean-Claude Deschênes. Tu es toujours en équipe. Alors qu'avec le patinage artistique, tu peux t'entraîner seul. Et puis si tu manques ton coup, c'est de ta faute, tu ne peux pas blâmer quelqu'un d'autre.»

Photo Ivanoh Demers, La Presse

Tous gagnants

Patinage artistique ou hockey, l'important, c'est de se mettre des lames aux pieds et d'aller jouer sur la glace. Même en tant qu'adulte, il est possible de s'initier à ces sports. Voici quelques pistes.

Équipement

Hockey: L'équipement de hockey peut être onéreux (plus de 1000 $ avec les patins), mais les débutants peuvent profiter de rabais, surtout au printemps et en août. Les sites de petites annonces regorgent aussi d'offres intéressantes. Plusieurs détaillants d'articles de sport offrent d'ailleurs de désinfecter l'équipement, pour ceux que cette option rebuterait.

Patinage artistique: L'équipement de patinage artistique n'est pas très coûteux. Patins: de 120 à 200 $ pour des débutants. De 500 à 1000 $ pour les patineurs très avancés. Casque: un casque de hockey est obligatoire pour les débutants: de 60 à 100 $. Pour le reste, des vêtements de sport sans prétention font l'affaire.

Formation

Hockey: Partout au Québec, des ligues récréatives accueillent les joueurs de tous les niveaux. Dans les arénas, on trouve aussi des offres sur les babillards pour se joindre à des équipes, de façon ponctuelle.

> CANLAN Ice sports, à Brossard

> CEPSUM de l'Université de Montréal

> Cours «hockey moms» pour les femmes, chez Evolution Ice, à Dorval

> D'autres ressources sur Trouve une glace

Patinage artistique: Quelques clubs et organisations offrent des cours de patinage artistique spécialement pour les adultes. La formation offerte par les deux premiers clubs suit de près le programme Patinage Plus de Patinage Canada.

> Les lames argentées

> Club de patinage artistique adulte de Saint-Hubert

> CEPSUM de l'Université de Montréal

> Atrium du 1000 De La Gauchetière

> Des clubs de patinage artistique locaux peuvent également offrir des programmes pour les adultes. Il faut s'informer auprès d'eux.