L'automne, c'est la saison du canicross, ce sport de course à pied que pratiquent ensemble le chien et son maître: température idéale, calendrier de course et d'activités chargé et bonne préparation pour les sports attelés d'hiver. Si le canicross existe depuis une trentaine d'années en Europe, l'intérêt que les Québécois portent au sport attelé est relativement nouveau.

Un sport à découvrir

Accessible à tous, la pratique du canicross est une excellente base à plusieurs autres sports attelés. Pour que la symbiose s'installe entre les deux acteurs, certains principes de base doivent être respectés non seulement pour éviter les blessures, mais aussi pour faire du canicross une activité de coopération entre le propriétaire et son chien.

Si on envisage la pratique du canicross, il faut d'abord s'assurer que le chien est en mesure de fournir un tel effort. Il faut voir le canicross comme une activité physique de haute intensité, et le maître doit amener le chien à développer graduellement ses capacités cardiovasculaires. «C'est un sport d'athlète, ça prend un animal qui a la capacité de le faire et qui a une bonne santé au niveau orthopédique et neuromusculaire», précise Régine Bélanger, clinicienne au service de chirurgie des animaux de compagnie au Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV).

Dans les cas où le sport est pratiqué de façon régulière, la vétérinaire recommande également «un bon examen annuel pour s'assurer qu'il n'y a pas de conditions sous-jacentes qui pourraient empêcher la réalisation du sport ou mettre en danger l'état du chien». Elle insiste également sur l'importance de se procurer le bon équipement et, surtout, prévient qu'on ne doit pas courir lorsqu'il fait trop chaud, les chiens étant très sensibles aux coups de chaleur.

L'habituer au harnais

La première étape avant même de sortir en sentier, c'est d'habituer le chien au harnais.

«Si on veut faire ce sport pendant longtemps, il faut commencer par apprendre au chien à aimer le harnais. La plupart des chiens n'aiment pas se faire contraindre, alors il faut faire des exercices pour qu'il apprennent eux-mêmes à entrer dans le harnais», explique Simonne Raffa, propriétaire de De main de maître, éducation et comportement canin.

Mme Raffa recommande de donner des récompenses au chien dès que l'on sort le harnais pour qu'il fasse une association positive. Ensuite, on lui présente des récompenses à travers l'accessoire pour l'amener à l'apprivoiser. Finalement, il pourra entrer lui-même dans l'outil. «C'est important d'y aller graduellement. Les chiens aiment le canicross, mais l'étape du harnais est plus complexe pour les propriétaires», ajoute celle qui est aussi adepte de sports attelés.

Comme les humains, les chiens ont des préférences, et certains sont moins sportifs que d'autres. Ce ne sont pas tous les chiens qui aiment tirer et courir, mais avec de l'entraînement, Mme Raffa croit qu'un chien peut apprendre à apprécier le sport: «Il faut faire en sorte que ce soit positif et ne pas faire des entraînements trop difficiles. On fait de courtes pratiques au terme desquelles le chien a encore envie de courir. On fait aussi des pratiques en groupe. Courir avec d'autres chiens est très aidant aussi. S'il voit que les autres courent devant lui, il voudra suivre le groupe, faire partie de la gang.»

Attention aux blessures

Tant du côté du chien que de l'humain, il faut prévenir les blessures. Le canicross demande de grands efforts physiques aux deux membres de l'équipe. La kinésiologue Angelica Kozak, fondatrice de Kinovie, explique l'importance de faire attention au patron de course: «Il ne faut pas attaquer du talon, on doit aller chercher l'arche du pied et courir en dessus de notre centre de masse, nos hanches. On y va de petits pas rapides, pour éviter les blessures au niveau des tibias, hanches et genoux. Le degré d'activité physique dépendra du type de chien, de la puissance et de sa force.»

La kinésiologue donne aussi des cours de cani-marche, bootcamp canin et cardiocanin, des activités de conditionnement physique complètes où l'on peut amener notre chien. «Par exemple, dans un cours de 90 minutes qui se donne en sentier, on parcourt environ 5 à 6 kilomètres», illustre-t-elle. 

Au fil des cours qu'elle offre, Mme Kozak voit la relation entre l'animal et l'humain évoluer: «Le chien devient le coach et pousse le maître à se dépasser, à faire de l'activité physique. Ils développent une relation où ils sont des coéquipiers.»

Rencontre avec des adeptes

Quatre sportifs nous font part de leur expérience avec le canicross.

Sophie Dubois et Peanut, 3 ans

Trois fois par semaine, elle pratique la randonnée en forêt et la course à pied avec Peanut, un beagle.

La première sortie avec votre chien, c'était comment?

Ma chienne était curieuse, mais elle a très vite compris comment cela fonctionnait et maintenant elle adore. Elle sait quand on va courir en groupe, elle reconnaît les vêtements de course et sait quand on va sortir. Cela a beaucoup renforcé nos liens. Elle est mon entraîneuse privée !

C'est un sport ou une activité?

Les deux! Un moyen pour moi de libérer la pression et d'avoir du plaisir avec mon animal. Lorsque je cours dans le bois avec elle et Kinovie, j'oublie mon stress, mon quotidien et mes soucis.

Photo Chantal Lévesque, fournie par Canicross Nahak Sport

Sophie Dubois et Peanut, 3 ans

Vanessa Bérubé et Tyson, 22 mois

Trois fois par semaine, elle pratique le canicross, la randonnée en montagne et bientôt l'agilité avec Tyson, un husky croisé malamute.

La première sortie avec votre chien, c'était comment?

Mon chien était très énervé. Non seulement il devait s'adapter à l'équipement, il vivait également l'excitation de tous les autres chiens. Malgré ça, il a été un naturel dès notre premier départ. Nous nous sommes mis à courir et il a tracté comme un pro, tout en restant bien concentré sur le parcours.

Qu'est-ce que vous aimez le plus dans ce type d'activité avec votre chien?

J'aime voir mon chien à son aise. Je le sens heureux et plein de vie. Son énergie se transmet et cela me donne de la motivation pour bouger. Le regard de mon chien épuisé mais heureux à la suite d'une sortie est tout simplement magique.

Photo Sylvain Fafard, fournie par Canicross Nahak Sport

Vanessa Bérubé

Amélie Bruneau et Saku, 3 ans

Plusieurs fois par semaine, elle pratique la marche, le jogging, le cardiocanin, la randonnée en sentier et en montagne avec Saku, un retriever de la Nouvelle-Écosse.

Déjà fait des courses ou compétitions avec votre chien?

Notre première course était un 5 km dans le cadre du Championnat Sirius à Bromont. Nous sommes partis dans une vague qui était pour débutants. J'ai adoré l'expérience et Saku aussi! L'événement m'a permis de découvrir à quel point il y a une grande communauté dans ce sport puisque différents clubs de canicross étaient présents. J'ai aussi découvert le bikejoring, vélo tiré par le chien... un peu plus casse-cou.

Qu'est-ce que vous aimez le plus dans ce type d'activité avec votre chien?

Il s'agit d'une activité complète, tant pour le maître que pour le chien. Il dépense son énergie, socialise avec d'autres chiens dans un contexte structuré et il est stimulé mentalement du fait qu'il doit suivre des consignes.

Photo Chantal Lévesque, fournie par Canicross Nahak Sport

Amélie Bruneau et Saku, 3 ans

Sunil Sarwal et Laika, 2 ans

Il pratique le canicross, le jogging et la randonnée plusieurs fois par semaine avec Laika, croisée entre husky et berger blanc.

La première sortie avec votre chien, c'était comment?

Elle a adoré. C'était très naturel pour elle de suivre les autres chiens. Son côté husky, j'imagine... C'est devenu son activité préférée, et chaque fois, je vois à quel point elle est heureuse.

C'est un sport ou une activité?

Ça reste une activité pour le moment, mais nous allons commencer à faire des compétitions bientôt. Dès qu'elle sera bien entraînée et qu'elle ne s'arrêtera plus en sentier chaque fois qu'elle sent quelque chose d'intéressant.

Photo Chantal Lévesque, fournie par Canicross Nahak Sport

Sunil Sarwal et Laika, 2 ans

En pleine croissance

L'organisation Canicross Québec fait la promotion du canicross et conjugue ses efforts avec les différents clubs pour faire connaître le sport et soutenir son développement. Pour certains adeptes plus compétitifs, l'entraînement en sentier mène à une série de courses organisées aux quatre coins de la province.

En cinq ans, le nombre d'événements de canicross a explosé au Québec. «Avant, il n'y en avait que quelques-uns par saison, pour entre 15 et 25 participants. Aujourd'hui, c'est pratiquement tous les week-ends, partout en province. Certaines courses attirent jusqu'à 150 coureurs», explique Laurence Boudreault, co-coordonnatrice de Canicross Québec.

Si certaines courses rassemblent des sportifs de haut niveau, il ne faut surtout pas se sentir intimidé face à l'élite. «Chaque course ne fonctionne pas de la même façon, mais en règle générale, les courses sont amicales et inclusives. Le but est d'avoir du plaisir», assure Mme Boudreault. Cependant, avant de s'inscrire, le coureur et son chien doivent maîtriser certains commandements de base et détenir un minimum de connaissances quant aux sports attelés, que ce soit en course à pied, vélo, ski ou trottinette.

Laurence Boudreault et son conjoint Hérick Julien ont également mis sur pied FouBraque, une école pour initier le grand public à une pratique sécuritaire du canicross. D'autres clubs ou organismes au Québec offrent aussi des ateliers d'initiation. Tant pour la sécurité et le confort du chien et de son maître, ces quelques heures d'initiation en groupe peuvent faire toute la différence.

Calendrier

> Bristol Dryland 2016 - Championnat canadien

28 au 30 octobre, Bristol (Québec)

> Colosse et son molosse d'automne

5 novembre, Saint-Mathieu-du-Parc

> Le défi SCFN - Édition automne 2016

12 novembre, Sports canins les Foulées du Nord, ski, L'Épiphanie

> Canicross de Noël 2016

3 décembre, Sherbrooke

Photo fournie par Canicross Nahak Sport