À l'été 1976, la petite Nadia Comaneci charmait la planète aux Jeux olympiques de Montréal. Dans les prochains jours, une compétition importante se tiendra au complexe sportif Claude-Robillard en vue de la sélection olympique. En 40 ans, la gymnastique a beaucoup évolué, tout en gardant un petit côté conservateur. Regard en arrière sur une discipline de fer.

L'héritage Comaneci

Été 1976. Montréal accueille les Jeux olympiques. Une jeune Roumaine marquera ces Olympiades et sera même couronnée « reine des Jeux » : Nadia Comaneci.

La jeune fille de 14 ans, vêtue d'un maillot blanc rayé aux couleurs de la Roumanie, avait conquis le monde en enchaînant les saltos avec l'agilité d'une gazelle. L'été prochain marquera les 40 ans des exploits de la petite Nadia, en même temps que se tiendront les Olympiques de Rio.

Toutefois, à quelques mois des Jeux, la composition de l'équipe canadienne de gymnastique n'est pas encore officialisée. La compétition International Gymnix, qui aura lieu à Montréal au cours des prochains jours, constitue une des étapes vers la sélection finale. « Notre compétition fait partie du processus olympique, explique Francine Bouffard, entraîneure de haut niveau au club Gymnix. Tout va se jouer jusqu'à la fin. C'est une course intéressante. »

La compétition de gymnastique féminine s'annonce relevée puisqu'une quinzaine de pays seront présents, dont les États-Unis, la France, le Japon, la Roumanie, la Russie et la Grande-Bretagne.

Le premier 10

Rappelons qu'en 1976, Nadia Comaneci avait été la première gymnaste à obtenir la note parfaite de 10 à une épreuve olympique. À l'époque, un tel niveau de perfection constituait une impossibilité technique ! « Les gens n'avaient jamais pensé qu'on pourrait avoir une note de 10, donc les tableaux indicateurs avaient seulement une unité et deux décimales, observe Francine Bouffard. On pouvait obtenir jusqu'à 9,99, mais pas 10. »

Après la routine parfaitement exécutée de Nadia Comaneci aux barres asymétriques, il y a eu un délai anormalement long avant que la note soit donnée, se souvient Francine Bouffard. Jeune gymnaste de 12 ans à l'époque, elle agissait comme porte-pancarte aux Olympiques de Montréal. Elle a donc assisté à tous les exploits de Nadia Comaneci en direct au Forum, où se tenaient les épreuves de gymnastique. « J'ai eu la chance de la voir aux Jeux tous les jours ! », raconte-t-elle, visiblement ravie de remuer ces bons souvenirs.

« Quand ils ont finalement affiché la note de 1,00, il y a eu un silence, poursuit Francine Bouffard. Mais lorsque les gens ont compris que c'était 10 et non 1, ils se sont mis à hurler et le Forum a vibré. J'en avais des frissons ! »

Quatre décennies de changements

Presque un demi-siècle plus tard, la performance de Nadia Comaneci reste remarquable. Mais comme dans tout sport, les choses ont pris le temps d'évoluer.

D'abord, le tableau indicateur a été modifié, évidemment. Mais des changements plus profonds se sont aussi produits quant à la notation. Les gymnastes sont maintenant évalués sur la difficulté de l'exercice ainsi que sur l'exécution, donc leur score final peut dépasser le simple 10. Cette façon de juger permet d'ajouter des niveaux de difficulté infinis, en plus de réduire les risques d'ex aequo. « C'est Nadia qui a amené ça, dans un sens, soutient Mme Bouffard. C'est la répercussion de ses notes de 10 à Montréal qui a fait bifurquer les choses. »

Les appareils aussi ont beaucoup évolué, tant chez les hommes que chez les femmes, ainsi que le niveau de difficulté des acrobaties. Les gymnastes sont-ils meilleurs grâce à des appareils plus performants, ou est-ce la qualité supérieure des agrès qui a poussé les athlètes plus loin ? « C'est un peu la poule ou l'oeuf, croit Mme Bouffard. Mais la plupart du temps, ce sont les athlètes qui ont poussé les nouveautés en essayant de nouvelles techniques. »

Parmi les choses qui n'ont pas changé, toutefois, il y a la discipline, la force et la rigueur que les athlètes doivent mettre pour réussir. S'il se cachait beaucoup de travail derrière le sourire de Nadia, il en est de même pour toutes les petites gymnastes qui participeront à l'International Gymnix dans l'espoir de se rendre aux Olympiques.

International Gymnix, à partir de demain jusqu'à dimanche au Complexe sportif Claude-Robillard.

Un grain de folie

Elle s'appelle Sophina DeJesus, elle a les cheveux bleus et elle bouscule le monde sage de la gymnastique avec les mouvements de hip-hop qu'elle intègre à ses routines.

Au début du mois de février, la gymnaste de 21 ans qui concourt pour l'UCLA (University of California, Los Angeles) a embrasé la foule lors d'une rencontre contre l'Utah. Car non seulement sa routine était-elle impeccable du point de vue technique - elle a obtenu le score de 9,925 -, mais elle a aussi intégré plusieurs mouvements de danse à sa chorégraphie. Entre deux lignes d'acrobaties, la puissante gymnaste a enchaîné des pas de hip-hop en se déhanchant, au grand plaisir des spectateurs et des collègues de son équipe, qui l'encourageaient sur le côté du tapis en imitant ses gestes.

La vidéo de sa performance est devenue virale et a fait le tour du monde. Sophina DeJesus a aussi récidivé en intégrant quelques mouvements de moonwalk dans sa routine à la poutre.

Dans une discipline aussi stricte que la gymnastique, ce vent de folie est pratiquement du jamais vu. Il faut dire que Sophina DeJesus évolue dans le réseau universitaire, un milieu plus souple. « Les règles sont différentes. Et c'est un gros spectacle », nuance Francine Bouffard, entraîneure de haut niveau au club Gymnix.

Règles assouplies

La gymnastique demeure un sport conservateur, mais les règles se sont quelque peu assouplies avec le temps. Par exemple, en compétition, les filles ont maintenant le droit de porter des maillots sans manches - avant, seules les manches longues étaient admises.

Pour les routines au sol, les mélodies avec voix sont permises depuis quelques années, après avoir été interdites pendant longtemps. Une chose est certaine, les musiques choisies doivent coller à la personnalité de l'athlète. « Tu as une minute et demie pour faire tes acrobaties, tes sauts, tes tours et démontrer qui tu es. Ce n'est pas très long ! », résume Francine Bouffard.

Vous voulez vous initier à la gymnastique ? Votre enfant est intéressé ? Voici quelques suggestions de clubs où pratiquer cette discipline.

Pour les jeunes, récréatif et compétitif 

> Club Gymnix

Au Complexe sportif Claude-Robillard, à Montréal

> Club Flipgym

Au Centre Père-Marquette, à Montréal

> Club Gym-Richelieu

Trois adresses sur la Rive-Sud

> Club de gymnastique Père-Sablon (spécialisé en gymnastique masculine)

Au Centre Père-Sablon, à Montréal

Pour tous 

iSaute

Centre de trampoline à Anjou

Barani

Club de trampoline et sol acrobatique (tumbling) à Laval

Gymnastique libre

La plupart des centres de gymnastique (Gymnix, Flipgym, Père-Sablon...) offrent des séances où on peut profiter des installations sans assister à un cours. Renseignements sur les sites internet des clubs.