Le disque-golf fait un malheur en Europe, aux États-Unis et dans le reste du Canada. Seul le Québec boude encore son plaisir. Mais grâce à la mise sur pied récente de l'Association disque-golf de Montréal (ADGM), ce jeu, semblable au golf, mais qui se pratique avec des disques volants (communément appelés frisbees), devrait enfin prendre son essor dans la Belle Province.

Il semble en effet que les efforts de l'ADGM commencent à atteindre leur cible.

Depuis cette année, un parcours de 12 trous de disque-golf est installé en permanence dans le parc Ignace-Bourget, dans le secteur sud-ouest de Montréal. Les curieux pourront d'ailleurs assister gratuitement à la finale d'un tournoi dans ce parc, demain à 15h30. On peut du reste y jouer gratuitement été comme hiver. Seule pièce d'équipement requise: un frisbee par joueur.

Un parcours vient en outre d'ouvrir ses portes au mont Ham dans les Cantons-de-l'Est. Prochainement, des parcours devraient également voir le jour à Terrebonne et Longueuil.

Originaire de Californie

Pour les néophytes, le disque-golf, originaire de Californie, se pratique selon une formule structurée depuis une quarantaine d'années. On y joue non pas avec des bâtons et une balle, mais avec des disques semblables à ce bon vieux frisbee. Comme le golfeur trimballe des fers et des bois dans son sac, les adeptes de disque-golf peuvent posséder jusqu'à une douzaine de disques différents (à longue ou courte portée, avec effets, etc.).

Au disque-golf, des paniers de métal surélevés remplacent les trous. Le but du jeu: comme au golf, atteindre le panier avec le moins de lancers possible. Et, toujours comme au golf, les parcours peuvent parfois être jalonnés d'obstacles, comme des arbres ou des plans d'eau à traverser. Cela ajoute au degré de difficulté, comme a pu le constater La Presse au parcours de neuf paniers aménagé au Bic.

Aux États-Unis seulement, on dénombre près de 3000 parcours de disque-golf. En Europe, c'est la Suède qui compterait le plus grand nombre d'adeptes. Au Canada, c'est en Colombie-Britannique et en Ontario que la discipline est le plus populaire. Comment expliquer que le Québec fasse encore aujourd'hui bande à part avec seulement une douzaine de parcours disséminés entre Sherbrooke, Le Bic, Victoriaville, Stoneham, etc.?

À l'assaut du Québec

«Parce que la volonté n'y était pas», lance Fabrice Heloir, président et fondateur de l'ADGM. Mais les choses sont sur le point de changer, explique ce Français d'origine, qui s'est donné pour mission de populariser le disque-golf au Québec. Avec une poignée de bénévoles, il courtise les municipalités, organise des activités de démonstration aux quatre coins de la province et peut initier gratuitement quiconque veut se familiariser avec le disque-golf.

«Ça nécessite peu d'investissement, c'est un sport familial et ça incite les gens à jouer dehors. Il y a plein d'espace dans les parcs qui ne sert à rien. Certains sites sont payants; d'autres, gratuits. Notre philosophie est que ce soit gratuit pour tous», explique celui qui veut intéresser la SEPAQ, la société qui gère les parcs nationaux québécois.

Il n'est pas le seul à tenir ce discours. Peter Lizotte, champion canadien division maîtres (40 ans et plus) en 2001 en Colombie-Britannique, milite aussi pour que le disque-golf soit reconnu à plus grande échelle. «Pour 10000$, tu peux avoir un parcours de neuf paniers de luxe qui va durer 25 ans», assure celui qui vient tout juste d'aménager un parcours à Sherbrooke.

M. Lizotte, un Québécois qui a vécu 35 ans dans l'Ouest canadien, fait figure de précurseur dans le milieu du disque-golf. Il affirme avoir pratiqué ce sport pour la première fois en 1975... à Jonquière. «Ça venait tout juste de commencer en Californie. Deux jeunes de Huntington Beach sont venus s'installer au Saguenay avec leur famille», dit-il.

Il a tout de suite adopté la pratique. En Colombie-Britannique, il a gravité dans l'univers de ce sport et de ses tournois. Ce qui le branche? «C'est un bon sport parce qu'il se pratique en nature, avec des amis», explique-t-il.

Depuis qu'il est revenu au Québec, il y a quelques années, il a noté, avec bonheur, que l'intérêt pour le disque-golf est grandissant. Les joueurs qui souhaitent élever le jeu d'un cran peuvent également participer à des tournois. Le nombre d'événements annuels est en croissance.

S'il n'en tient qu'à Fabrice Heloir et Peter Lizotte, le Québec deviendra la nouvelle Mecque du disque-golf.