Défi relevé. Les quatre coureurs sélectionnés par La Presse ont tous réussi à franchir la ligne d'arrivée de leur épreuve respective hier, au Stade olympique, à l'occasion du marathon de Montréal. Si la course s'est avérée plus pénible que prévu pour certains, les quatre affirment que l'expérience a été hautement mémorable. Et qu'ils n'arrêteront pas de courir.

Olivier Brière

42,195 KM

20 ans, étudiant en génie civil. Il courait en hommage à son ami Charles, mort en 2008.

 

Plusieurs fois, hier, Olivier a eu envie d'abandonner. Quand on l'a vu apparaître dans le stade, il grimaçait de douleur. Après avoir franchi la ligne d'arrivée au bout de 4 heures et 13 minutes de course, il s'est penché pour reprendre contenance avant d'être accueilli en héros par plusieurs proches. «Merci, mon grand», lui a chuchoté en pleurant la mère de son ami Charles, mort en ski alpin. C'est pour lui qu'il courait. «Dans les derniers kilomètres, j'avais l'impression de faire un kilomètre à l'heure, plus rien n'allait. Alors, je me suis rappelé pourquoi j'étais là et j'ai continué.»

Pourtant, tout avait bien commencé. «Je me sentais prêt et, en début de course, j'avais un bon rythme, j'étais optimiste.» Vers le 20e kilomètre, cependant, des crampes au ventre, qui l'ont tenaillé jusqu'à la fin, ont changé la donne. «J'ai frappé le mur solidement. Je ne pensais pas que ça allait être aussi dur.»

Il ne regrette rien. «J'ai passé un bel été à m'entraîner. Le but premier était de le faire et j'ai réussi.» «Nous sommes fiers de toi», n'ont cessé de lui répéter famille et amis. Avec raison.

 

Photo: André Tremblay, La Presse

Olivier Brière

Nathalie Trudeau

21,1 KM

38 ans, spécialiste en réadaptation pour une compagnie d'assurances et mère de trois enfants. A donné un rein à une amie en 2007.

Très compétitive, Nathalie cachait mal sa déception hier, après sa course. « Je pensais que j'aurais pu accélérer un peu plus vers la fin. Ça n'a pas fonctionné. «Sur sa main, elle avait écrit au stylo son objectif de la journée : 1 h 45. Elle a franchi la ligne d'arrivée près de cinq minutes plus tard.  «Je pensais pouvoir performer de façon incroyable. C'est un peu désolant.» Il s'agit malgré tout de son meilleur temps sur cette distance.

«Dans l'ensemble, ça a bien été. Quand j'ai grimpé la côte Berri, j'étais contente d'avoir fait tant d'entraînements en montées.» Elle a été particulièrement impressionnée par la foule sur le pont Jacques-Cartier. Ils étaient quelque 5000 coureurs à prendre le départ du demi-marathon. «Quand je suis entrée dans le stade, j'ai eu la chair de poule devant tant d'ambiance. Deux de mes soeurs étaient là. J'étais vraiment dans un high.»

Désormais mordue de course, Nathalie sera de plusieurs compétitions dans la prochaine année, promet-elle. Pour le plaisir, mais aussi, sans aucun doute, pour arriver à gruger quelques minutes à son chrono...

Photo: André Tremblay, La Presse

Nathalie Trudeau

Sophie Dufault

10 km

35 ans, directrice d'école, mère de deux enfants et survivante du cancer du sein.

«Je me suis surprise à courir plus vite que je prévoyais et ça, sans avoir la langue à terre», a confié Sophie, tout sourire, hier midi. Son chrono : 55 minutes et 10 secondes.

Sur la ligne de départ, elle était plutôt nerveuse. Jamais elle n'avait participé à une course. «Heureusement que ma famille était là.» Sur les conseils de son entraîneur, elle a pris le départ en première ligne, parmi l'élite. «Pour partir avec une attitude gagnante», précise-t-elle.

Le coup de départ donné, elle est rapidement entrée dans une bulle, concentrée. «La température était idéale et c'était génial de voir les gens le long du parcours. J'ai adoré.» En fin de course, sa petite famille, qui tenait une pancarte, l'a accueillie à bras ouverts.

Un petit regret ? «Je pensais arriver en rampant, alors j'ai été prudente. Trop prudente ? J'aurais sûrement pu ouvrir la machine davantage.» Une petite erreur de néophyte, dit-elle, qu'elle souhaite néanmoins ne pas répéter... l'année prochaine.

Photo: André Tremblay, La Presse

Sophie Dufault

Frédéric Belleville

5 km

31 ans, arpenteur-géomètre et père d'une fille. Il a perdu 150 livres en 10 mois (il pesait 379 livres).

Question de diminuer son stress, Frédéric est arrivé très tôt sur les lieux du départ hier matin pour faire du repérage. C'était sa première course. «Comme mon histoire a été suivie, je sentais beaucoup de pression sur mes épaules.» Sa petite fille, excitée, a mal dormi. Lui aussi.

Même s'il souhaitait commencer mollo - «surtout la côte Pie-IX», souligne-t-il -, il s'est laissé entraîner par l'effet de foule. «Ça a été plus fort que moi.» Il a tout donné. Certaines personnes, qui l'avaient reconnu, l'ont salué. «J'ai vu mes proches, ça a été une belle motivation.»

En fin de parcours, il était vidé. «Le tour dans le stade, c'est long.» Et mauvaise surprise : il s'est trompé de voie réservée avant l'arrivée. «Nous sommes au moins 200 personnes à avoir pris la mauvaise direction.» Son résultat officiel n'en a pas souffert. Sur papier, il a franchi les 5 km en 27 minutes et 10 secondes.

«Je ne voulais pas l'ébruiter, mais je souhaitais terminer en moins de 30 minutes.» À la fin, il savait que c'était dans la poche et il a cessé de regarder sa montre. «Qui aurait pensé, il y a un an, que j'aurais pu faire une course ? Je suis très content.»

À noter : les coureurs de La Presse ont bénéficié d'un entraînement personnalisé offert par l'ancienne médaillée olympique et spécialiste de l'entraînement Caroline Brunet de Peak Center (Club Mansfield). Ils ont aussi reçu de judicieux conseils des diététistes d'ATP Nutrition.

Photo: André Tremblay, La Presse

Frédéric Belleville