C'est bien beau, la course, mais à la longue, cela devient souvent moins drôle, parfois souffrant. Comment faire pour rester motivé?

Samedi matin, 8h. La salle du YMCA de Westmount est bondée, remplie de coureurs, souliers de course aux pieds, venus écouter un motivateur : Brent Finnamore, coureur et conseiller en gestion, invité pour l'occasion.

La soixantaine de coureurs ainsi réunis font partie de Team in Training, une équipe de bénévoles qui amassent des fonds pour la Société de leucémie et lymphome du Canada. En échange, la Société leur fournit des entraîneurs, organise des courses en groupe et offre du soutien en tout genre, notamment des conférences du genre de celle de ce matin.

Dans la foule, une seule femme n'est pas en tenue de course. C'est Rebecca Anderson. Elle s'est blessée récemment. Ordre du coach, elle ne peut plus courir le moindre kilomètre pendant six semaines. Inutile de dire qu'elle a le moral dans les talons. S'il y a quelqu'un dans la salle qui a besoin de motivation, c'est bien elle.

Ce qu'elle retient du discours? Que pour être un vrai coureur, un athlète, il faut avoir connu de mauvaises courses. Des journées où l'on a du plomb dans les souliers. Qu'il faut toujours voir le verre à moitié plein. Rester positif. Oui, faire une collecte de fonds, courir un marathon, c'est un défi de taille. Non, ce ne sera pas facile. Mais oui, ce sera possible. «Je suis sortie de là tellement pompée, j'avais juste le goût d'enfiler mes souliers pour rejoindre le reste du groupe, raconte-t-elle. J'avais l'impression d'être une top collectrice de fonds et une athlète olympique. Mais n'écrivez surtout pas ça!» dit-elle en riant.

Il n'a pas été possible d'interroger Brent Finnamore, qui avait quitté la ville pour d'autres mandats de gestion et de motivation. Mais Natacha Viens, sa partenaire en consultation de gestion, par ailleurs coach de l'équipe des marcheurs de Team in Training, a bien voulu répondre à nos questions. «L'idée, pour rester motivé, c'est de bien se préparer mentalement, dit-elle. Parce que dans une course, 80 % du travail, c'est la préparation physique, 5 %, c'est l'expérience de course. Le reste, c'est de la préparation mentale.»

En gros, il s'agit donc d'apprendre à gérer la petite voix négative intérieure pour persévérer.

Attitude gagnante

Pour ce faire, dit-elle, il faut avoir une «attitude gagnante», penser aux raisons pour lesquelles on court, quel souvenir on veut retenir de cette course, quel aspect positif on peut tirer d'un entraînement. «Il faut se construire une confiance inébranlable, résume-t-elle. Au lieu de se dire qu'on ne va peut-être pas être capable, il faut se répéter qu'on est capable. Ne pas se demander : est-ce possible? Mais affirmer : c'est possible!»

Pendant la course, elle suggère quelques trucs pratiques, comme répéter des «incantations motivantes» (certains parlent à leurs jambes, d'autres se répètent qu'ils sont bons), décomposer la course en petits objectifs (je dépasse la fille en rose, je vais jusqu'au poteau), ou carrément penser à autre chose, en autant que ce soit quelque chose d'agréable, il va sans dire (un bon film, un souper particulièrement réussi et, pourquoi pas, un banana split!). «Tout à coup, pouf! On est plus positif!» dit-elle.

Valeurs personnelles

D'après Bruno Ouellette, psychologue sportif, la pensée positive ne suffit toutefois pas : «La pensée positive, c'est superficiel, tranche-t-il. Ce qui sous-tend cette pensée, le pourquoi, c'est ça qui compte. Et ça, ça relève de nos valeurs personnelles : est-ce que je cours pour une cause, la santé, le bien-être, un défi? À la base, ce qui donne la motivation, ce sont ces valeurs.»

Deux facteurs déterminent selon lui si ces valeurs seront suffisamment profondes pour nous motiver à courir : la confiance (à cet égard, oui, la pensée positive peut jouer, concède-t-il), et l'urgence (est-ce que, en ce moment, c'est une priorité dans ma vie?). En gros, conclut-il, le coureur doit se poser trois questions : sur une échelle de 0 à 10, est-ce que la course, c'est vraiment important pour moi? Est-ce que je me sens vraiment capable de le faire? Est-ce vraiment une priorité pour moi en ce moment? «La réponse vous donnera une bonne idée quant à savoir si vous allez continuer ou pas.»