Enviez-vous vos collègues qui ne succombent pas à la gloutonnerie à Noël et respectent sans fléchir leur programme d'exercice physique? Ne vous faites pas trop de mauvais sang. Une bonne partie d'entre eux sont probablement esclaves de la «désirabilité sociale» et mentent sur leurs performances des Fêtes.

«Une bonne partie des gens sont poussés, parfois inconsciemment, à répondre à des questions sur leurs comportements d'une manière qui ne reflète pas ce qu'ils font réellement, mais plutôt ce qu'ils pensent qu'il est désirable de faire dans la société qui les entoure», dit Nicole Widmar, psychologue de l'Université Purdue, en Indiana, qui est l'auteure principale d'une étude publiée l'an dernier dans la revue Preventive Medicine Reports. «Nous avions déjà mesuré cette distorsion créée par la "désirabilité sociale" pour des questions comme le bien-être des animaux, mais pas pour les comportements des Fêtes.»

Les chercheurs de Purdue ont fait un sondage auprès de 620 adultes représentatifs de la population américaine et ont comparé les résultats à ceux d'études sur les comportements réels durant les Fêtes.

Dans certains cas, par exemple pour la consommation d'alcool ou la prise de résolutions du Nouvel An salutaires, la moitié des gens mentent, consciemment ou non.

Il n'y avait pas de différence entre les hommes et les femmes ou selon le niveau socioéconomique, mais Mme Widmar estime qu'avec plus de répondants, une différence entre hommes et femmes serait apparue.

«La distorsion induite par la désirabilité sociale augmente chez les gens qui ont certaines valeurs morales fortes. Dans notre échantillon, par exemple, les personnes âgées, les gens qui n'ont pas d'enfants et les gens qui ont un proche végétarien ont un biais plus fort.»

La psychologue de l'Indiana veut maintenant chercher à déterminer si les obèses ou les gens qui veulent perdre du poids sont plus susceptibles d'être réceptifs à la pression de la désirabilité sociale. Une autre avenue de recherche serait d'étudier des gens pour qui les Fêtes sont plutôt une occasion de faire des cadeaux, par rapport à ceux qui voient là l'occasion de se gâter.

«Le désir de se faire des cadeaux à soi-même est étroitement lié à la tendance à se fixer des objectifs à atteindre», dit Mme Widmar.

Ces objectifs sont généralement étroitement liés à ce que la société trouve désirable.

La distorsion de la désirabilité sociale a surtout été étudiée en Occident. S'applique-t-elle à toutes les cultures? «Certainement, parce que la culture est enracinée dans une société, dit Mme Widmar. Mais les comportements désirables peuvent varier d'une société à l'autre.»

Une société moins obsédée par la minceur aura probablement des distorsions différentes, peut-être inverses, en ce qui concerne la gourmandise lors des grandes fêtes sociales.

La désirabilité sociale est étudiée parce qu'elle influence beaucoup les études psychologiques. «Il nous faut trouver en quoi la désirabilité sociale influence les réponses des gens et la manière d'en tenir compte pour que les études reflètent bien la réalité», dit Mme Widmar.

Quelques faits

- 25 % des Américains disent consommer plus d'alcool durant les Fêtes

- 64 % des Américains consomment plus d'alcool durant les Fêtes

- 42 % des Américains disent consommer plus de dessert durant les Fêtes

- 69 % des Américains consomment plus de dessert durant les Fêtes

- 41 % des Américains disent respecter leur programme d'exercice durant les Fêtes

- 20 % des Américains respectent leur programme d'exercice durant les Fêtes

- 29 % des Américains disent prendre du poids durant les Fêtes

- 71 % des Américains prennent du poids durant les Fêtes

Source: Preventive Medicine Reports

Photo David Boily, Archives La Presse

Une société moins obsédée par la minceur aura probablement des distorsions différentes, peut-être inverses, pour la gourmandise lors des grandes fêtes sociales.