Pour offrir des services en région éloignée ou pour faire partager une expertise entre deux centres séparés de quelques kilomètres, la télésanté ne connaît pas de frontière. C'est avec l'aide des centres de coordination rattachés aux centres hospitaliers universitaires qu'elle s'inscrit de plus en plus dans la pratique médicale au Québec.

« La télésanté est un modèle de prestation de service qui a une valeur ajoutée sans équivoque. On est conscients qu'il y a beaucoup de potentiel à exploiter dans ce domaine pour augmenter l'efficacité du réseau », explique Antoinette Ghanem, conseillère principale en télésanté au RUIS McGill.

Malgré tout le positif que l'on colle à cette nouvelle façon de faire de la médecine, sa mise en place soulève aussi des enjeux organisationnels, financiers et technologiques. Selon la conseillère, il faut faire plus d'efforts du côté du provincial pour encadrer le développement de la télésanté et voir à son intégration harmonieuse dans le réseau.

De son côté, Annabelle Mathieu, infirmière et conseillère en télésanté au CHUM, n'en doute pas une seconde : la télésanté améliore la qualité de vie, l'accessibilité et la continuité des soins.

« Je crois à son potentiel. Ça nécessite une gestion de changement, mais il y a un bénéfice pour les équipes et les patients. »

Patrick Besner, 44 ans, a participé à un projet de suivi diabétique à distance au CHUM. « Lorsqu'on m'a parlé du projet, je l'ai vu comme une occasion pour m'aider à garder une bonne discipline dans le suivi de mes résultats », dit-il. Le programme de télésoins a permis un rapprochement entre le patient et le réseau de la santé. Quotidiennement, un professionnel de la santé pouvait voir les résultats des glycémies capillaires de M. Besner et intervenir en cas de valeurs critiques. « Je me souviens, alors que j'étais en vacances, que j'ai cessé d'entrer les données pendant quelques jours. Une infirmière m'a tout de suite téléphoné pour s'assurer que tout allait bien », précise-t-il.

L'exemple du Nunavik

Au Nunavik, de la psychiatrie à l'imagerie médicale, en passant par la neurologie, plusieurs spécialités médicales ont développé des applications pour le nord de la province. « Sans télésanté, aller faire un test à Montréal, c'est au minimum trois ou quatre jours d'absence. Pour nous, la télémédecine est déterminante », explique la Dre Nathalie Boulanger, directrice des services professionnels et médecin-conseil à la régie régionale de santé du Nunavik. Elle voit d'un bon oeil le développement des technologies de médecine virtuelle même si beaucoup de travail reste à faire au chapitre de la coordination, de la logistique et du perfectionnement de la technologie.

Favoriser l'accessibilité

Le ministre Gaétan Barrette le répète depuis longtemps déjà, une des priorités ministérielles est de faciliter l'accès aux soins pour les patients. « Pour y arriver, on croit que la télésanté peut aider. Mon souhait, c'est que toutes les spécialités embarquent », explique Olga Paquin, chef de service au Centre de coordination en télésanté du CHU de Québec-Université Laval.

Pour l'avenir, elle espère une technologie encore plus facile d'utilisation. « On s'en va vers des solutions logicielles que l'on pourra avoir sur nos téléphones, nos tablettes, nos ordinateurs », poursuit-elle.