Mal adapté à nos besoins, un oreiller risque non seulement de nuire à la qualité du sommeil, mais d'engendrer différents problèmes de santé. Puisque nous passons le tiers de notre vie au lit, nous avons tout intérêt à prendre le temps de choisir le bon !

Esthétique ne rime pas avec confort

On n'imagine pas un lit douillet sans se le représenter avec plusieurs oreillers rebondis et moelleux. Or, l'oreiller qui plaît pour ses qualités esthétiques n'est souvent pas le même qui convient aux besoins du dormeur.

« Les gens ont plusieurs oreillers inutiles, souvent achetés en promotion sans considération pour les critères qui devraient influencer leur choix, comme leur morphologie et le confort que procure l'oreiller », note Louis-Martin Despa, directeur régional chez Dormez-vous

Résultat, malgré une surabondance d'oreillers dans nos maisons, nous serions nombreux à n'avoir pas encore su dénicher le bon.

Un mauvais oreiller crée un inconfort et force le corps à s'ajuster continuellement durant la nuit. Des raideurs musculaires, un sommeil moins profond ou une impression d'être plus fatigué au réveil qu'au moment de se coucher, sont parfois des indices qu'il est temps de changer son oreiller.

« Lorsque la colonne n'est pas bien alignée, ça exerce des pressions sur les vertèbres et ça peut à terme créer une adhérence entre les vertèbres et même contribuer à les déplacer, explique Annie Lalonde, chiropraticienne à la MultiClinique Parc Santé.

Le corps a également besoin d'une bonne circulation sanguine et d'oxygénation pour éliminer ses déchets. Une tension sur les articulations et les muscles nuit à ce processus.

Par ailleurs, selon le Dr Pierre Mayer, pneumologue à la clinique du sommeil du CHUM, la position de la tête peut avoir une influence sur le ronflement, l'apnée du sommeil et le reflux gastro-oesophagien, sans oublier que l'oreiller peut favoriser ou exacerber des allergies aux acariens et à la poussière.

Une question de morphologie

Chaque morphologie a ses particularités : la longueur du cou, la largeur des épaules et le poids de la tête sont des aspects dont il faut tenir compte au moment de choisir un oreiller. Pour savoir si un modèle nous convient, et puisque bon nombre de magasins ont des politiques de non-remboursement sur ce genre d'articles, on ne devrait pas hésiter à tester la marchandise avant de sortir son portefeuille.

« Pour faire une bonne évaluation, il faut d'abord repérer un matelas qui correspond à celui qu'on a à la maison, car la hauteur de la tête sera plus ou moins élevée selon sa fermeté », conseille Louis-Martin Despa, directeur régional chez Dormez-vous.

On choisira ensuite un oreiller selon la façon dont on dort, les meilleures positions étant d'être allongé sur le dos ou le côté. « La position ventrale est à proscrire, car elle impose un stress important sur les hautes cervicales, souligne Annie Lalonde. C'est un réflexe de protection. »

Que l'on dorme sur le dos ou sur le côté, la colonne devrait toutefois demeurer en position neutre lorsque la tête est déposée sur l'oreiller. Tout est question d'épaisseur.

Si on dort sur le dos, on devrait avoir un poing et demi (le nôtre) de dégagement entre le menton et le sternum. Si l'espace est plus grand, l'oreiller est trop mince ; moins, c'est qu'il est trop haut.

Lorsqu'on dort sur le côté, le nez et le menton devraient être dans le même axe que le sternum. Un cou incliné est signe que l'épaisseur de l'oreiller n'est pas adéquate.

Un bon oreiller favorisera un sommeil profond et moins turbulent. Malgré tout, rares sont les personnes qui demeurent statiques toute la nuit. Certains modèles d'oreillers sont donc configurés pour répondre aux besoins des dormeurs polyvalents.

Peu importe le modèle choisi, encore faut-il l'utiliser correctement. L'oreiller devrait combler l'espace sous le cou pour bien le soutenir et l'épaule devrait être positionnée à la bordure de l'oreiller, et non dessus. Quant à la tête, elle devrait être centrée sur l'oreiller, à moins d'utiliser un modèle adapté à la fois à un sommeil sur le dos et sur le côté. Dans ce cas, l'oreiller sera plus mince au centre : lorsqu'on est couché sur le côté, on déposera plutôt la tête sur les bords de l'oreiller.

Ce qui se cache sous l'oreiller

On distingue deux catégories d'oreillers, ceux de type confort et ceux de type support que préconisent les spécialistes en santé interrogés. Rien n'empêche, toutefois, de trouver son bonheur dans l'une ou l'autre des deux catégories. Louis-Martin Despa, directeur régional chez Dormez-vous, explique les avantages et inconvénients des matériaux les plus courants.



Les oreillers «confort»


Bourre synthétique

Avantages : l'intérêt de ces oreillers est avant tout décoratif. Ils sont peu coûteux.

Inconvénients : ils n'offrent pas un bon support. Leur durabilité est faible si on les utilise pour dormir.

Durabilité : de 6 mois à 1 an

Prix : de 10 $ à 60 $

Laine, soie et autres fibres naturelles

Avantages : ils régulent la température et sont plus durables que leurs équivalents synthétiques.

Inconvénients : ils ne sont pas assez fermes pour offrir un bon support. Non recouvertes, ils constituent un emplacement de choix pour les acariens.

Durabilité : deux ou trois ans

Prix : de 50 $ à 70 $

Duvet et plumes

Avantages : on les apprécie pour leur gonflant et leur aspect douillet. Une distinction s'impose toutefois entre le duvet et la plume. Comme il n'a pas d'arêtes, le duvet laisse passer l'air. La plume, elle, offre un meilleur support mais respire moins bien. On trouve souvent des modèles d'oreillers hybrides dans lesquels la plume est concentrée au centre de l'oreiller et recouverte de duvet pour plus de confort.

Inconvénients : ces oreillers sont trop mous pour offrir un bon support. Ils peuvent piquer s'ils sont en plume. À éviter pour les personnes qui ont des allergies et des sensibilités respiratoires.

Durabilité : deux ou trois ans

Prix : de 50 $ à 200 $

Fibre microgel

Avantages : offrent la même sensation douillette que ceux bourrés de plumes et de duvet, mais en version synthétique, hypoallergénique. Ils régulent la température.

Inconvénients : tout comme dans le cas du duvet et de la laine, leur fermeté est insuffisante pour offrir un bon support.

Durabilité : à venir

Prix : de 70 $ à 90 $

Les modèles «support»

Latex

Avantages : durables et se présentent dans des versions naturelles. Ils épousent bien les formes de la tête et offrent un bon maintien, tout en repoussant les acariens.

Inconvénient : peuvent donner l'impression de rebondir.

Durabilité : quatre ou cinq ans

Prix : de 90 $ à 120 $

Mousse mémoire

Avantages : offrent un bon support et ne créent pas de points de pression puisqu'ils se moulent à la tête. Les mousses de bonne qualité sont durables et gardent longtemps leur forme. On en trouve en soja, une matière naturelle considérée comme étant plus « santé ».

Inconvénients : sensibles à l'humidité et aux sels contenus dans la sueur, et souvent chauds. Il existe plusieurs qualités de mousses mémoire, dont certaines en pétrole. Les modèles bas de gamme se dégradent rapidement.

Durabilité : de 3 à 5 ans

Prix : de 80 $ à 180 $

Mousse mémoire de type Tempur

Avantages : à l'instar des autres mousses mémoire, elle n'exerce pas de points de pression et se moule à la tête. Sa particularité est de présenter des bulles ouvertes dans lesquelles l'air entre pour réguler la température et faire en sorte que l'oreiller retrouve sa forme. Elle est plus résistante que les mousses synthétiques.

Inconvénient : elle est sensible aux liquides qui peuvent s'incruster dans ses bulles.

Durabilité : cinq ou six ans

Prix : de 100 $ à 160 $

L'avis de la spécialiste

L'oreiller devrait être assez ferme pour supporter le poids de la tête. Le reste est une question de confort et de durabilité. Les modèles orthopédiques sont un choix intéressant, selon Annie Lalonde, car ils se présentent en différents formats et ont été étudiés afin de fournir les conditions optimales pour un bon sommeil. Les mousses mémoire sont également un choix intéressant, car elles moulent le cou et conservent une bonne densité avec le temps. Pour les raisons opposées, la chiropraticienne déconseille les oreillers en plume et en duvet. « La tête doit pouvoir être soutenue afin de se décontracter. Il existe différentes matières hypoallergéniques, en latex ou d'autres matériaux offrant une bonne fermeté. Un oreiller à 29,99 $ peut très bien faire l'affaire ! S'il est moins durable, on le changera alors plus souvent. »

Note : ces données tiennent compte d'une utilisation dans des conditions d'entretien optimales. Les prix varient en fonction de la qualité de chacun des matériaux et sont représentatifs de la marchandise offerte dans les magasins Dormez-vous.

Entretien 101

Bien utiliser votre oreiller, cela veut également dire l'entretenir correctement. « Pour diminuer les allergies aux acariens et à la poussière, il faut favoriser un matériel hypoallergénique ou mettre une housse. La littérature est claire et montre une diminution des symptômes d'allergies, un sommeil supérieur et une fatigue moindre dans ces conditions », souligne le Dr Pierre Mayer.

Une housse peut être lavée toutes les deux semaines, ce qui n'est pas le cas pour un oreiller. Très peu de modèles tolèrent d'ailleurs un lavage. On aura donc tout intérêt à couvrir son oreiller pour le protéger, et par le fait même sa santé, en empêchant les poussières, les peaux mortes et l'humidité de s'y loger au moyen d'une pellicule perméable à l'air et imperméable aux liquides.

Couvrir son oreiller d'une housse est également une façon de prolonger la durée de son achat. « On évacue en moyenne un tiers de tasse de sueur durant la nuit. La sueur s'incruste dans l'oreiller et crée un milieu humide dans lequel les bactéries et moisissures peuvent proliférer. Elle contient aussi des sels qui détériorent les matériaux et en altèrent la qualité et la densité », précise Louis-Martin Despa.

Malgré tous ces bons soins, il faudra forcément changer son oreiller au bout d'un certain temps, souvent autour de deux ans, selon le type de rembourrage ou de tissus choisis et en fonction de la chaleur et de la pression exercée par la tête. Des changements physiologiques peuvent également imposer un nouvel achat : une prise de poids, par exemple, modifiera ses besoins.

Pour savoir si son oreiller fait encore son travail, la meilleure manière est encore d'évaluer s'il répond aux mêmes critères qu'au moment de l'achat. Faites le test !