De plus en plus d'adeptes de course à pied bravent le froid et la neige pour poursuivre leur entraînement dehors pendant l'hiver. Certains vont même jusqu'à planifier une première course avant le printemps. Pour bien s'y préparer en ce mois de janvier glacial, parlons équipement, compétitions et conseils de coureurs.

Bon équipement, bonne course

La course hivernale gagne en popularité. Pour que ce soit agréable, choisir des vêtements et accessoires appropriés est primordial. Survol des essentiels pour un sport d'hiver en vogue.

Selon le coureur Pierre Léveillé, qui a participé aux Jeux olympiques de 1984, l'une des règles les plus importantes concernant la tenue d'un coureur hivernal consiste avant tout à éviter le coton. «Le coton absorbe l'eau, garde l'humidité et frotte sur le corps. On est beaucoup plus à l'aise avec des vêtements de laine mérinos, une fibre naturelle performante, ou de fibres synthétiques», explique M. Léveillé, aujourd'hui entraîneur et propriétaire de la boutique Endurance. On préfère un habillement en trois couches: base, intermédiaire et coquille.

Comment savoir si l'on est trop habillé? «Une fois à l'extérieur, si le coureur n'a pas froid avant de commencer son entraînement, c'est que son vêtement n'est pas adapté à la température du moment. Inévitablement, à l'effort, il aura trop chaud.»

Quelqu'un qui s'initie à la course et qui désire s'équiper de la tête aux pieds en période hivernale doit prévoir un budget d'environ 500$.

Bien chaussé 

Pour les chaussures, le marathonien suggère trois options: des souliers à crampons, des chaussures en Gore-Tex (une membrane imperméable et coupe-vent), ou encore des chaussures quatre saisons et ventilées, qui nécessitent de bonnes chaussettes. Des crampons amovibles peuvent être nécessaires lorsque les surfaces sont très glacées. «Crampons ou pas, c'est vraiment une question de choix personnel», dit Pierre Léveillé. Les chaussettes de laine mérinos avec coussinets sont à privilégier.

Mains et tête 

Pour les mains et la tête, il vaut mieux se garder quelques options. On peut commencer la course avec des gants que l'on recouvre de mitaines, une tuque et une cagoule, que l'on porte en combinaison. À l'effort, quand la chaleur corporelle prend le dessus sur le froid, le coureur peut retirer une couche. Il existe également des gants convertibles, avec couvre-doigts pour protéger du vent.

Sécurité sur la route 

«Il faut rappeler que l'on doit courir face aux véhicules et non pas l'inverse», insiste M. Léveillé. Et même si la plupart des vêtements de course à pied ont des bandes réfléchissantes, il importe de se munir d'un élément clignotant pour attirer l'attention des automobilistes. En hiver, comme la période de clarté est raccourcie, le coureur doit s'assurer qu'il est bien visible en tout temps.

Manteau trois saisons 

M. Léveillé recommande de prendre un manteau coupe-vent le plus léger possible et de plutôt travailler avec les couches inférieures: «Une coquille trop épaisse et plus isolante ne sera utile que durant quelques semaines dans l'année, alors que si le coureur opte pour une coquille légère qui coupe bien le vent, il pourra l'utiliser au moins trois saisons, pourvu qu'il porte des couches de base et intermédiaire bien adaptées au climat. C'est un meilleur investissement.»

Couches de base et intermédiaire 

Les deux premières couches, de base et intermédiaire, doivent être ajustées au corps, laisser circuler l'air et être adaptées à l'intensité de l'effort du coureur. Étant donné leur prix élevé et les nombreuses possibilités offertes sur le marché, les conseils d'un spécialiste sont recommandés pour s'assurer d'acheter un vêtement adéquat.

Boutique Endurance

6579, rue Saint-Denis, Montréal

http://www.boutiqueendurance.ca/

Photo Masterfile

Choisir sa première course d'hiver

Les défis hivernaux ne manquent pas au Québec, et l'offre répond aux aspirations des coureurs de tous les niveaux aussi bien qu'aux familles. Pour faciliter la sélection d'un ou plusieurs défis en course à pied, le site Courir.org propose un calendrier qui les regroupe. Envie d'une première course cet hiver?

«Avant de choisir une course, on détermine ses objectifs. Est-ce que c'est pour courir en compagnie de beaucoup de gens, pour se mesurer aux autres ou à soi-même? Est-ce que l'on cherche un événement familial de grande envergure? Ou quelque chose de plus petit et plus convivial? Et puis, faire l'analyse du type de coureur que l'on est facilite le choix de la course. L'offre est très variée. Tous peuvent trouver un défi à la hauteur de leurs attentes, peu importe la saison», explique Nathalie Collin, présidente et cofondatrice de Courir.org.

Vêtements adéquats et sécurité 

Ensuite, il faut s'assurer que la course est bien organisée. La sécurité des participants doit être une priorité, le confort et le plaisir aussi. Avec le temps, certains événements récurrents ont acquis une belle notoriété, d'où leur grande popularité. Le Défi hivernal de L'Île-Bizard est un bon exemple.

«C'est la première sortie officielle de l'année et nous fêtons notre 30e anniversaire cette année. Nous attendons de 1000 à 1200 participants», dit Jean-Pierre Champagne, directeur de course du Défi. L'activité qu'il organise avec son collègue Claude David, sanctionnée par la Fédération québécoise d'athlétisme, aura lieu le 15 février prochain. Des épreuves de 1 à 10 km sont ouvertes à tous. Il y a même une catégorie pour les 11 ans et moins, qui courront 1 km.

Pour ceux qui tentent une première expérience de compétition, M. Champagne insiste sur l'importance de respecter ses limites et de bien se vêtir. Mme Collin ajoute que les ateliers de course offerts dans les boutiques spécialisées peuvent aider à tirer le maximum d'une telle expérience.

Plus de coureurs, plus de courses 

Malgré le froid et la neige, il est donc possible de relever un ou deux défis avant le printemps. Pour les coureurs qui préfèrent attendre que la saison hivernale se termine, le mois de mai est l'un des plus chargés en activités de course à pied.

Elle court depuis près de 20 ans et compte plus de 500 courses à son actif.

Si le nombre de joggeurs en entraînement augmente, le nombre de participants aux défis suit la tendance, comme le confirme Mme Collin: «Lorsque j'ai commencé à courir sur les circuits du Québec, on comptait environ 50 événements au calendrier. Maintenant, on en dénombre près de 350 et la liste ne cesse de s'allonger.»

Pour commencer, on fera bien de choisir une épreuve près de chez soi, pour éviter le stress du déplacement. Par la suite, plusieurs transformeront une course en prétexte pour visiter une nouvelle région. C'est une façon originale de visiter la province, de voir du pays, de rencontrer des gens et de faire de l'activité physique.

http://www.circuitendurance.ca/fr/racehivernal.htm

http://courir.org/

Rencontre avec des coureurs

Voici trois adeptes de course hivernale, du débutant au coureur d'élite. Pour eux, la neige n'est pas un obstacle. La course est une activité prioritaire toute l'année.

Mathieu Lalande, le débutant

Il fait du sport depuis plus de 20 ans: vélo de montagne, musculation, ski alpin et entraînement cardiovasculaire de haute intensité. Cet hiver est sa première saison en course à pied.

«C'est tout nouveau pour moi. Je voulais un relever un nouveau défi. J'ai commencé à courir au début du mois de novembre et j'ai décidé de poursuivre pendant l'hiver en me donnant comme limite une température de -15°C», explique Mathieu Lalande. Programmeur-analyste, il court trois fois par semaine durant son heure de dîner.

Photo PATRICK WOODBURY, Le Droit

Pour lui, l'équilibre est essentiel. Il combine ses circuits du midi avec un programme d'entraînement intérieur et de bonnes habitudes de vie: une alimentation saine, 30 minutes d'activité physique par jour et suffisamment de sommeil.

«Quand j'ai commencé, je courais à peine 10 minutes. Aujourd'hui, je cours trois fois plus longtemps. Mon but premier est de m'inscrire à une course de 5 km en début d'été puis à 10 km. Ça s'annonce plutôt bien», affirme Mathieu Lalande.

Son truc pour que l'entraînement se déroule bien: «S'écouter. Je ne me mets surtout pas de pression. Je suis attentif à ce que je ressens et ça me permet de savoir jusqu'où je peux repousser mes limites. C'est une exploration personnelle très bénéfique», conclut-il.

Angélique Richer, l'intermédiaire 

Angélique Richer combine course à pied, natation, musculation et yoga à raison de quatre ou cinq fois par semaine: «J'ai toujours pratiqué plusieurs sports à la fois. Jeune, j'ai participé aux Jeux du Québec dans plusieurs disciplines. Puis, plus récemment, avec un voisin marathonien, j'ai découvert le mont Royal en course hivernale. J'ai eu la piqûre. J'ai tout de suite intégré la course dans mon calendrier d'activités.»

Angélique Richer n'aime pas le froid glacial ou humide et, pour elle, la température idéale pour la course hivernale se situe entre -2 et -10°C. Mais elle court tout de même à longueur d'année. Conceptrice, productrice et animatrice, elle est souvent en déplacement pour le travail.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, LA PRESSE

«Je me suis mise à la course plus sérieusement pour deux raisons: avec une bonne amie, nous réalisons chaque année un demi-marathon dans une ville différente. Ça nous permet de voyager, de joindre activité physique et découverte d'une région. Nous souhaitons réaliser le Iron Girl pour nos 40 ans», confie Angélique Richer.

Dany Croteau, l'expert 

Après une courte pause, le coureur d'élite est revenu à la compétition sur route en 2006. Comme il participe à une quinzaine de courses par année, il n'a pas le choix de courir l'hiver pour maintenir ses acquis et préparer la saison suivante.

Hiver comme été, l'hydratation est une priorité pour quelqu'un dont la durée des sorties peut facilement atteindre 75 minutes. «Souvent, je remarque que les gens ont tendance à trop boire, explique Dany Croteau, physiothérapeute et bientôt ostéopathe. Un entraînement de moins de 40 minutes ne devrait pas nécessiter que l'on s'hydrate de façon exceptionnelle. Par contre, pour des séances plus intensives en hiver, il faut être ingénieux puisque l'eau finit par geler. Je me prépare un mélange d'eau chaude et de poudre de Gatorade dans un thermos, que je laisse dans la voiture. Puis, j'organise mon circuit en boucle, pour pouvoir revenir m'hydrater.»

L'un des rares ayant le privilège d'être commandité par la marque Saucony, le coureur d'élite n'a pas peur de l'hiver. «Oui, le froid peut être irritant, mais c'est très rare que la température m'empêche de sortir. Jusqu'à -20°C, c'est à l'extérieur que je cours. Néanmoins, je dois quand même ajuster mon entraînement en période hivernale pour que mes sorties soient le plus bénéfiques possible.»

Parmi les compétitions importantes à l'agenda de Dany Croteau figurent les 21 km de la Banque Scotia de Montréal, les 10 km de la Descente Royale et les 42 km d'Albany.

Photo Zoomphoto Inc Event, fournie par Dany Croteau