Le gouvernement fédéral annonce une modification de l'étiquetage des médicaments appartenant à la catégorie des «analgésiques opioïdes à libération contrôlée».

Ottawa veut ainsi empêcher l'abus des opioïdes, tels l'OxyContin, qui peuvent entraîner de graves conséquences pour la santé. L'étiquetage a été modifié pour retirer l'utilisation contre la douleur «modérée».

La ministre de la Santé, Rona Ambrose, a mentionné lundi, lors de l'assemblée annuelle de l'Association médicale canadienne, que le Canada était maintenant le deuxième plus grand consommateur par habitant de ces médicaments dans le monde, derrière les États-Unis. Elle a par ailleurs souligné que près d'un million de jeunes Canadiens âgés de 15 à 24 ans avaient déclaré avoir utilisé des médicaments d'ordonnance au cours des 12 mois qui ont précédé une enquête réalisée en 2012.

La ministre Ambrose estime que ces chiffres sont effrayants et inacceptables.

Selon elle, trop de gens abusent de médicaments d'ordonnance, et un trop grand nombre en souffrent et en meurent.

Une étude de 2012 laisse entendre que près d'un million de Canadiens âgés de 15 à 24 ans ont indiqué avoir consommé des médicaments sous ordonnance dans les derniers 12 mois.

L'Enquête de surveillance canadienne de la consommation d'alcool et de drogues a également permis d'apprendre que 410 000 Canadiens ont dit avoir abusé de médicaments sous ordonnance tels que les analgésiques opioïdes, y compris le Demorol et l'OxyContin, les stimulants comme le Ritalin et l'Adderall, et les tranquillisants et les sédatifs tels que le Valium, l'Ativan et le Xanax.

De son côté, Santé Canada invoque une étude ontarienne publiée plus tôt cet été et qui concluait que les surdoses mortelles de substances comme l'oxycodone et la morphine s'étaient multipliées au cours des 20 dernières années, et que l'utilisation d'analgésiques créant une dépendance et particulièrement puissants avait gagné du terrain. Santé Canada souligne par ailleurs que si ces substances sont efficaces pour calmer la douleur, elles peuvent entraîner des risques importants pour la santé, dont la surdose accidentelle et la mort, et ce même si elles sont consommées en respectant les doses recommandées.

Aux yeux de David Juurlink, toxicologue médical à l'Université de Toronto, il est «difficile de se prononcer contre» les changements à l'étiquetage, mais l'OxyContin et d'autres médicaments auraient dû être restreints aux patients éprouvant des douleurs chroniques dès leur apparition sur le marché. «Cela ne risque pas de modifier la façon dont les médecins prescrivent des opioïdes», mentionne-t-il en entrevue. «Ce train a déjà quitté la gare.»

Ottawa doit aller bien plus loin, croit-il. «Ce dont nous avons vraiment besoin, ce sont des initiatives fédérales pour quantifier le taux de mauvaise utilisation des opioïdes, pour éduquer correctement les médecins à propos de l'équilibre entre les risques et les avantages des substances, et peut-être même un appui fédéral à une enquête sur la façon dont ces médicaments sont mis en marché au pays.

«Cela est en cours aux États-Unis, et pour de bonnes raisons. Pourquoi cela ne se produit-il pas ici? Je n'en sais rien.