Est-on plus exposé à la pollution de l'air assis sur sa selle de vélo, derrière le volant de son auto ou dans le métro? S'il est encore difficile d'avoir des réponses personnalisées, les cyclistes, bien qu'au grand air, semblent les plus épargnés.

Comme en décembre, les vitesses maximales autorisées étaient réduites de 20 km/h vendredi en Ile-de-France, en raison de niveaux excessifs de poussières en suspension dans l'air. Cette pollution, récurrente pendant l'hiver, est aussi de retour dans le centre et le nord de la France.

Au-delà des précautions d'usage pour les personnes les plus sensibles à cette pollution de l'air extérieur, classée cancérogène en octobre par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), opter pour un mode de transport plutôt qu'un autre peut aussi permettre d'épargner ses poumons, rappellent des experts interrogés par l'AFP.

Choix et durée du parcours, niveau de polluants dans la ville, mais aussi taux d'inhalation de l'air en fonction de l'effort produit: de nombreux paramètres entrent en ligne de compte pour déterminer l'exposition d'un individu à la pollution, rappelle Marc Durif, spécialiste de l'air à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris).

Sans grande surprise, l'exposition dépend d'abord de la proximité au trafic automobile, source principale en ville de deux polluants particulièrement problématiques: particules ou poussières en suspension (appelées PM 10 ou PM 2.5 en fonction de leur taille, inférieure à 10 micromètres ou à 2,5 micromètres) et le dioxyde d'azote (NO2). Des polluants pour lesquels la France ne respecte pas les valeurs limites européennes.

L'automobiliste, source importante de polluants, est donc aussi le plus exposé, explique Marc Durif. Loin de «protéger» les passagers de la pollution, l'habitacle a plutôt tendance à l'accumuler. C'est d'autant plus vrai quand le conducteur est coincé dans des embouteillages, au moment où les moteurs polluent le plus.

Une étude comparative menée à Toulouse montre que l'automobiliste subit des niveaux plus importants de dioxyde d'azote, de monoxyde de carbone et de benzène que le piéton, le cycliste, mais aussi l'usager du bus et du métro.

Des particules dans le métro

Dans le métro, la pollution se résume principalement aux particules -- poussières de ballast et issues des systèmes de freinage des trains -- dont les concentrations sont globalement plus importantes qu'à l'extérieur.

À mi-chemin entre métro et auto, le bus soumet ses passagers à une pollution un peu moindre que la voiture (un peu plus de particules, mais moins en ce qui concerne les autres polluants), parce que les bus sont généralement moins pris dans les embouteillages, selon cette étude menée en 2008-09 par l'organisme de surveillance de Midi-Pyrénées, l'Oramip.

Le cycliste apparaît le mieux loti, à temps de parcours égal, selon cette étude pionnière. Il est à la fois moins directement plongé dans le trafic et échappe à l'effet accumulation.

Toutefois, si les concentrations en particules mesurées en vélo sont plus faibles que dans le métro, la différence s'atténue si on tient compte du fait que le cycliste, avec l'effort, va inhaler trois fois plus d'air que l'usager du métro, nuance l'Ineris. Mais le cycliste garde plusieurs longueurs d'avance, surtout en tenant compte du bénéfice global pour la santé de la pratique de la bicyclette par rapport aux autres modes de transport.

Des recherches sont en cours, notamment sur les effets des différents types de particules sur la santé, pour quantifier toujours mieux cette exposition.

L'association Airparif, qui permet déjà de façon assez sommaire sur son site (www.airparif.asso.fr) d'évaluer son exposition au NO2 lors d'un trajet en voiture, développe de son côté un outil pour permettre à chaque Francilien d'avoir une idée de son exposition à la pollution en fonction du mode de transport qu'il choisira.