Le tabac affecte presque tous les organes contribuant, outre au cancer du poumon, à de nombreuses pathologies graves, met en garde vendredi le Médecin Général des États-Unis dans un rapport qui fait le bilan de 50 ans de lutte contre le tabagisme.

«Un demi-siècle après la publication du premier rapport du Médecin Général américain, qui établissait pour la première fois un lien entre cigarette et cancer du poumon, la liste déjà longue des maladies provoquées par le tabac et le tabagisme passif continue à s'allonger», souligne le Dr Boris Lushniak, le Médecin Général par intérim.

Celui-ci rappelle que «le rapport du Médecin Général de 2004 concluait déjà que le fait de fumer affectait quasiment tous les organes. Les résultats de ce dernier rapport viennent conforter ces conclusions».

«Il montre que fumer contribue aussi à la dégénérescence maculaire liée à l'âge (la forme de cécité la plus courante, ndlr), au diabète, au cancer du foie, à des complications chez les personnes atteintes d'un cancer et chez celles qui en guérissent ainsi qu'à la tuberculose, à des problèmes d'érection, au bec de lièvre chez les nouveau-nés, aux grossesses extra-utérines, à l'arthrite, à l'inflammation et à des dysfonctionnements immunitaires», précise-t-il.

En outre, «le tabagisme passif est désormais lié à un risque accru d'accident vasculaire cérébral», ajoute le responsable sanitaire.

Il souligne que le tabagisme reste la principale cause de mortalité évitable aux États-Unis.

Depuis la publication du premier rapport du Médecin Général américain le 11 janvier 1964 mettant en garde contre les dangers du tabac, plus de 20 millions d'Américains sont morts à cause de la cigarette, dont environ 2,5 millions de cancer du poumon et de maladies cardiovasculaires dus au tabagisme passif, indique le document, objet d'une présentation à la Maison-Blanche.

En plus de ces décès, 100 000 bébés ont été victimes du syndrome de la mort subite du nourrisson et de complications dues à une naissance prématurée ayant résulté du tabagisme, surtout de la mère, relèvent les autorités sanitaires.

Le tabac, 5,7 millions de morts par an dans le monde

Le rapport de janvier 1964 avait marqué le début d'une campagne sans relâche contre le tabac, qui a permis d'éviter 8 millions de décès.

Malgré des progrès spectaculaires - 18 % de la population américaine fume aujourd'hui, contre 42 % en 1964 -  443 000 Américains meurent encore chaque année d'une maladie liée au tabagisme. Dans le monde, le tabac fait 5,7 millions de morts par an.

«Ce nouveau rapport montre que le tabac reste un immense fardeau pour notre pays», insiste la ministre de la Santé, Kathleen Sebelius, relevant que le coût économique du tabagisme dépasse 289 milliards de dollars par an.

De récentes enquêtes indiquent que les fumeurs utilisent de multiples produits du tabac, surtout les jeunes. La proportion des collégiens et lycéens qui fument des cigarettes électroniques a plus que doublé de 2011 à 2012.

«Nous devons surveiller les tendances d'utilisation d'une variété grandissante de produits du tabac dans tous les segments de la société car les groupes de tabac continuent à mettre sur le marché de nouveaux produits qui créent et maintiennent une dépendance à la nicotine», explique le Médecin Général.

Malgré tous ces défis, «les États-Unis peuvent éliminer le tabagisme dans la prochaine génération», insiste Mme Sebelius.

Elle cite par exemple une forte augmentation de la taxe fédérale sur le tabac, qui dépasse désormais un dollar par paquet de cigarettes et qui va encore fortement grimper en 2014. «Nous savons qu'augmenter le coût des cigarettes est un des moyens les plus efficaces de prévenir et de décourager le tabagisme», note-t-elle.

La ministre a rappelé que, pour la première fois dans l'histoire du pays, l'Agence des produits alimentaires et des médicaments (FDA) a l'autorité (depuis 2009), de réglementer les produits du tabac, «ce qui jouera un rôle clé pour réduire leurs effets nocifs dans la population».

Enfin, ajoute-t-elle, les campagnes publiques anti-tabac visant notamment les jeunes et financées par des taxes acquittées par les groupes de tabac devraient aussi contribuer à faire reculer la cigarette.