Les hommes qui boivent régulièrement trop d'alcool à l'âge adulte s'exposent à un déclin accéléré de la mémoire, entraînant une diminution de leurs capacités d'attention et de concentration, selon une étude publiée mercredi.

Ce risque concerne des hommes buvant plus de 36 grammes (plus de 3,5 verres) d'alcool par jour, selon l'étude épidémiologique conduite par des chercheurs de l'INSERM et l'University College London (Royaume-Uni) chez 5054 hommes et 2099 femmes.

Les résultats, parus dans la revue Neurology, suggèrent qu'une forte consommation d'alcool en milieu de vie (40 à 60 ans) pourrait entraîner un déclin cognitif plus rapide au cours de la vieillesse.

Les participants ont été interrogés à 3 reprises sur une période de 10 ans sur leur consommation habituelle d'alcool (vin, bière, spiritueux, etc.).

Les premiers tests ont eu lieu lorsqu'ils étaient âgés en moyenne de 56 ans. Ces tests ont ensuite été répétés à 2 reprises à 5 et 10 ans d'intervalle.

Les chercheurs ont étudié leurs capacités de mémorisation et leurs fonctions exécutives, c'est-à-dire les capacités d'attention et de raisonnement utilisées pour atteindre un objectif.

Le test de mémoire consistait à mémoriser en une minute du plus de mots possible parmi la liste des 20 mots qui étaient énoncés juste auparavant.

Les fonctions exécutives étaient évaluées à partir de 3 tests : un test de raisonnement logique constitué de 65 questions et de 2 tests de «fluence verbale» durant lesquels les participants devaient écrire respectivement le plus de mots commençant par S et de mots d'animaux, en une minute.

Chez les hommes, aucune différence dans le déclin de la mémoire n'a été observée entre ceux qui ne boivent pas, les anciens buveurs, et les buveurs légers à modérés.

En revanche, les gros buveurs montrent un déclin de la mémoire et des fonctions exécutives plus rapide que les buveurs modérés. Cette différence correspond, selon les tests, à l'équivalent d'un vieillissement intellectuel («cognitif») de 1,5 à 6 années supplémentaires. Par exemple, un gros buveur de 55 ans aurait un déclin de mémoire comparable à celui d'un sujet de 61 ans.

Les effets apparaissent d'autant plus marqués que la consommation est élevée, relève Séverine Sabia de l'University College London qui rappelle plus généralement que le déclin cognitif commence à 45 ans.

L'impact d'une forte consommation n'a pu être évalué chez les femmes, car trop peu d'entre elles buvaient de grandes quantités d'alcool, même s'il semble qu'il y ait un déclin plus rapide des fonctions exécutives chez celles buvant plus de 2 verres d'alcool par jour.

En termes de santé publique, cette étude, en accord avec les précédentes, suggère qu'il est peu probable que boire avec modération soit délétère pour le vieillissement cognitif, selon les chercheurs.