Exactement 7h43 de sommeil; 7738 pas; 33 minutes de vélo; 2042 calories dépensées. Pour un total de 1197 points. Voilà, vous savez tout de notre activité physique. Les capteurs d'activité ou accéléromètres qui fleurissent sur le marché permettent de dresser un portrait assez juste du niveau d'activité de la personne qui les porte. Outil utile ou simple gadget?

Fitbit, Fuelband de Nike, Up de Jawbone, Shine de Misfit Wearables, on ne compte plus le nombre de capteurs d'activité arrivés sur le marché au cours des dernières années. Auparavant plutôt réservés à l'élite sportive et médicale, en raison de leur prix assez prohibitif, ces petits appareils se démocratisent. Il ne faut maintenant plus compter qu'une centaine de dollars pour mettre la main sur l'un d'entre eux. Une bonne nouvelle, selon Maxime St-Onge, entraîneur, docteur en sciences de l'activité physique et auteur du blogue DrKin.com. «Ces appareils peuvent absolument aider les gens à bouger plus», indique celui qui a collaboré à un programme, mené à l'hôpital Sainte-Justine, qui incorporait de nouvelles technologies à la promotion de l'activité physique. «L'aspect ludique est très intéressant, ainsi que la notion de communauté. Les athlètes que j'entraîne comparent tous leurs résultats. Cela dit, ce n'est pas un remède miracle et ça ne réglera pas le problème d'obésité demain matin, mais ça fait des années qu'on pousse pour que les accéléromètres soient utilisés.»

Vous n'êtes pas un grand sportif? C'est parfait. Les capteurs d'activité se distinguent des montres GPS et cardiofréquencemètres en ce qu'ils ne servent pas tant à mesurer l'intensité d'un entraînement qu'à dresser un portrait plus global de l'activité physique quotidienne. Vous traversez le couloir pour vous rendre au photocopieur? Votre bracelet-parce que le capteur d'activité se porte le plus souvent au poignet- comptabilisera vos pas. Idem si vous sortez le midi pour acheter un sandwich. La plupart des appareils mesurent également d'autres activités comme la course, le vélo, le tennis ou la natation. Toute activité permet de récolter des points et éventuellement d'atteindre l'objectif qu'on a inscrit dans les réglages de l'appareil.

Selon Maxime St-Onge, les gens ont du mal à évaluer leur niveau d'activité. C'est là que les accéléromètres peuvent aider. «On est fondamentalement mauvais, pourri, nul pour évaluer notre niveau d'activité physique. On pense que l'activité physique, c'est du sport ou de l'entraînement. La définition de l'activité physique, c'est toute action musculaire qui a besoin d'énergie. Sur un an, on est capable de savoir combien d'argent on fait. Mais la plupart des gens n'ont aucune idée de l'activité physique qu'ils ont faite en une demi-journée.»

Les mesures de ces capteurs ne sont pas fiables à 100%, mais elles permettent tout de même d'obtenir un portrait assez juste de son activité physique, croit Maxime Saint-Onge. «Un accéléromètre mesure l'accélération. Pour cela, c'est très fiable. Mais, la majorité des accéléromètres à la mode sont portés au poignet, parce que c'est l'endroit où les gens ont moins tendance à l'oublier. C'est un endroit où il y a beaucoup de variabilité. Ça surestime certaines activités, ça en sous-estime d'autres. Sur une période de 24 heures, ça donne une mesure assez intéressante. C'est ce qui est super important en promotion de l'activité physique.»

Selon lui, les données sont moins fiables en ce qui a trait à la conversion en calories et en pas. «Avec de très bons accéléromètres, validés par une tonne d'études, dans le meilleur des cas, la précision tourne autour de plus ou moins 300 calories par jour. C'est une variation énorme.» Pour mesurer sa dépense énergétique, mieux vaut donc utiliser le système de points et comparer les données d'une journée à l'autre.

On a testé

Pendant une semaine, nous avons testé le Shine, dernier-né des capteurs d'activité, qui a fait son entrée en août dernier dans l'Apple Store au coût de 119,95$. L'appareil, qui suit le mouvement à l'aide d'un accéléromètre trois axes, a d'emblée séduit la communauté médiatique geek. Wired a même titré «Comment le Misfit Shine réinvente ce qu'un capteur d'activité devrait être. »

C'est principalement par son design que le Shine se démarque des autres. Exit le bracelet fluo en caoutchouc. Gros comme une pièce d'un dollar, le Shine, qui est résistant à l'eau, peut se porter non seulement sur un bracelet, mais aussi sur le collet de sa chemise ou même sur son soulier. Le Shine est discret. Il aura fallu deux jours avant que quelqu'un nous questionne sur la présence de ce drôle de bracelet à notre poignet.

Le Shine n'est pas parfait. En raison de son design épuré, l'appareil lui-même ne montre pas beaucoup de renseignements. Pour avoir un portrait de son activité, il faut le synchroniser par Bluetooth à l'application qui y est associée sur iPhone (il n'est malheureusement pas compatible avec Android). Comme plusieurs autres, il ne tient pas compte des escaliers grimpés. De plus, il s'égratigne facilement, son mode d'utilisation n'est pas intuitif et le système de tapotements qui vise à signaler le début d'une activité (on tape trois fois sur le médaillon pour signaler qu'on s'apprête à faire du vélo, par exemple) mériterait d'être amélioré.

Mais, oui, porter un capteur d'activité a un effet incitatif. On en vient à être en compétition contre soi-même et à vouloir absolument battre ses résultats de la veille. Le défi devient alors de décrocher et d'évacuer ce sentiment de culpabilité qui s'empare de nous quand on s'accorde une journée pour relaxer.