Même si elle existe depuis près d'une quinzaine d'années, la technique Essentrics n'est pas encore très connue au Québec. Adoptée par des vedettes et athlètes de haut niveau, elle sert aussi de complément à l'entraînement des joueurs du Canadien. Rien de moins!

En plus des Carey Price, P.K. Subban et leurs confrères, Alexandre Despatie et Joannie Rochette, plusieurs athlètes olympiques ont intégré la technique Essentrics à leur entraînement de haut niveau. De quoi être curieux de cette méthode misant sur l'étirement et le renforcement en mouvement.

Tout commence en 1999. Miranda Esmonde-White, ex-danseuse professionnelle au sein du Ballet national du Canada à Toronto, mise au banc après une fracture à une cheville, met au point une technique d'étirement et de renforcement pour guérir ses douleurs chroniques au bas du dos qu'elle baptise Classical Stretch - The Esmonde Technique. Aux États-Unis, le réseau PBS s'y intéresse et l'ancienne ballerine enregistre sa première émission au tournant du millénaire. Aujourd'hui, Classical Stretch en est à sa 10esaison, sans compter les nombreux DVD présentant la méthode qui ont été lancés depuis.

«Ma mère a inventé cette technique à l'âge de 50 ans. Pour cette raison, l'émission attirait surtout des gens de son âge. Mais parallèlement, elle travaillait avec des olympiens et des athlètes beaucoup plus jeunes. En 2007, nous avons donc décidé de changer notre image et le nom de la technique pour Essentrics», explique sa fille, Sahra Esmonde-White, qui donne des classes dans le studio Essentrics à Montréal, mais aussi un peu partout dans le monde.

Étirer en contractant

En français, «eccentric force» signifie «force excentrique», soit étirer tout en contractant. Ce type de mouvement est à la base de la technique et la différencie des autres méthodes misant sur le stretching, croit la jeune femme qui est désormais le visage de la technique sur les DVD produits par la société. «Avec l'étirement classique, il n'est pas possible de renforcer et de changer la forme de son corps. C'est ce que permet Essentrics. On allonge les muscles tout en les contractant», explique-t-elle.

La technique semble avoir fait ses preuves: en plus de travailler avec les athlètes olympiques canadiens, Mme Esmonde-White et son équipe entraînent aussi les joueurs du Canadien de Montréal depuis deux ans. «On voit les joueurs deux fois par semaine, en complément de leur entraînement, pour les aider à guérir, à prévenir les blessures et à garder leur équilibre. Les gars aiment ça; un joueur m'a même remerciée d'avoir rendu les étirements amusants pour la première fois de sa vie!», raconte-t-elle.

Mais Essentrics est-il fait pour monsieur et madame Tout-le-Monde? Parfaitement, assure l'entraîneuse, qui dit accueillir dans ses classes ceux qu'elle nomme les silent injured (blessés silencieux) et des gens qui n'ont jamais fait d'exercice auparavant.  En 15 ans, jamais personne ne s'est blessé avec notre technique. On ne veut pas sacrifier le corps pour qu'il soit ferme et mince. On mise plutôt sur le long terme, le durable. C'est une technique très respectueuse du corps, qui aide à soulager les douleurs chroniques.»

Essentrics attire aussi des femmes et des hommes qui veulent «changer leur corps», dit l'entraîneuse: maigrir du ventre, des cuisses, tonifier leur corps, leurs abdominaux. «Si on veut un corps qui ressemble à celui d'un danseur, c'est la technique pour y arriver: elle redresse la posture et allonge les muscles», ajoute-t-elle.

Il faut dire que certains mouvements de la technique et l'utilisation de la barre dans les classes évoquent le ballet classique - c'est une ex-ballerine qui l'a inventée, après tout! Mais Essentrics n'est pas de la danse, assure Sahra. «N'allez pas dire aux joueurs du Canadien qu'ils font de la danse! lance-t-elle en riant. L'action d'étirer, d'allonger le muscle est inspirée de la danse, mais je ne décris jamais la technique en parlant de danse, car cela intimide les gens! J'aime mieux parler de combinaison d'étirement et de renforcement en mouvement.»