Une étude sur des souris a pour la première fois montré qu'une exposition à la caféine pendant la gestation pouvait avoir des effets néfastes sur le développement du cerveau de leur progéniture, a indiqué mercredi le coordinateur de l'étude.

Alors que les études faites tant sur l'homme que sur l'animal étaient jusqu'à présent peu concluantes, une équipe de chercheurs de l'Inserm a découvert que la caféine donnée aux mères affectait le cerveau en développement, en entraînant notamment une plus grande sensibilité aux crises d'épilepsie chez les bébés souris et des problèmes de mémoire spatiale chez les souris adultes.

Pas question toutefois d'extrapoler ces conclusions à la femme enceinte «sans prendre en compte les différences de développement et de maturation entre les espèces», a averti Christophe Bernard, directeur de recherche à l'Inserm, lors d'un point de presse organisé à Paris.

Selon lui, il s'agit d'une «première preuve de concept» qui doit déboucher sur d'autres travaux chez les primates, mais également chez les femmes pour «évaluer, à court et à long terme, les conséquences sur les nouveau-nés de la caféine ingérée pendant la grossesse et l'allaitement».

L'étude a été publiée dans la revue américaine Science Translational Medicine.

Le café est la substance psychoactive la plus consommée au monde, y compris pendant la grossesse. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux femmes enceintes de ne pas consommer plus de deux grandes tasses de café par jour.

Pour analyser les effets de l'exposition à la caféine, les chercheurs ont reproduit chez des souris femelles une consommation de café régulière, équivalente à deux ou trois tasses chez l'homme, tout au long de la période de gestation (20 jours), et ce jusqu'au sevrage de la progéniture, en ajoutant de la caféine dans l'eau de boisson.

Ils ont découvert que la caféine affectait le cerveau en construction en ralentissant la migration d'une petite partie des neurones qui libèrent le GABA, un des principaux médiateurs chimiques du cerveau, vers une région cérébrale impliquée dans le processus de mémorisation.

Ce retard de migration se répercute tout au long du développement et entraine notamment «une plus grande excitabilité cellulaire», précise M. Bernard.

Une étude suédoise avait déjà montré que les enfants de femmes ayant bu au moins une tasse de café par jour pendant leur grossesse avaient un poids de naissance plus faible que ceux nés de mères n'ayant pas consommé de café.

La caféine se trouve principalement dans le café (135 mg dans une grande tasse de café), mais également dans le thé (40 mg dans une tasse de thé), dans les boissons énergisantes ou de type cola ainsi que dans le chocolat.