Le système immunitaire est un guerrier redoutable. Il chasse et attaque les bactéries, virus, parasites et champignons. Il est aussi responsable des réactions allergiques lorsqu'il reconnaît à tort un allergène comme un danger. Pour expliquer la hausse des allergies alimentaires, les chercheurs se penchent sur les facteurs environnementaux.

Proposée en 1989 par le chercheur londonien David Strachan, l'«hypothèse hygiénique» soutient que le développement des allergies est favorisé par un retard de maturation du système immunitaire causé par une exposition réduite aux agents infectieux.

«Aujourd'hui, on prend des antibiotiques, on ne mange plus les mêmes choses, on se lave les mains plus souvent, on se fait vacciner. Nos conditions d'hygiène se sont améliorées. Notre système immunitaire s'en trouve bouleversé», explique le Dr Guy Delespesse, allergologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal et professeur à la faculté de médecine de l'Université de Montréal.

«On observe qu'un enfant élevé dans une ferme, par exemple, est moins susceptible de développer des allergies qu'un enfant à la ville. Est-ce en raison de l'hygiène, de l'exposition aux microbes et animaux, de la pollution des villes? C'est encore hypothétique», explique la Dre Marie-Noël Primeau, pédiatre-allergologue à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

La hausse de la prévalence des allergies s'expliquerait peut-être simplement par le contenu de nos assiettes.

«On évoque la diminution de gras comme l'oméga-3 au profit de gras d'autres origines. Des études se penchent sur la baisse d'antioxydants aux propriétés anti-inflammatoires dans nos fruits et légumes. Le manque d'exposition à la vitamine D a aussi été évoqué comme potentiellement responsable des allergies. Pour l'instant, nous n'avons pas de réponses, que des questions», ajoute la Dre Primeau.

Les enfants consomment aujourd'hui une plus grande variété d'aliments à un plus jeune âge, soulève par ailleurs le Dr Rémi Gagnon, du Centre hospitalier de l'Université Laval. «Nous voyons davantage d'allergies au sésame, par exemple, ou aux crustacés chez les plus jeunes, alors qu'auparavant, on le voyait surtout chez l'adulte», souligne-t-il.

Autrement, la prise de conscience accrue et un meilleur diagnostic expliqueraient en partie l'augmentation de la prévalence des allergies alimentaires, selon les experts.

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Les allergies alimentaires au Québec

300 000 Québécois en souffrent

4 % de la population d'âge adulte

6 à 8 % des enfants

18 % d'augmentation de cas entre 1997 et 2008 chez les moins de 18 ans

Source : Association québécoise des allergies alimentaires