En 2010, la petite Megann Ayotte Lefort, 6 ans, est décédée à son école de Pointe-aux-Trembles des suites d'un épisode allergique-asthmatique, alors qu'elle était au service de garde lors d'une rencontre parent-professeur. À la suite de la publication du rapport du coroner l'année suivante, une coalition a vu le jour afin de réclamer l'adoption d'une loi pour protéger les enfants souffrant d'allergies alimentaires et d'asthme.

«Le Québec accuse un retard pour encadrer et uniformiser les pratiques dans les milieux de garde et scolaires. Il y a une bonne volonté manifestée de toute part, mais chacun y va avec son degré de connaissances. Avec cette loi, nous voulons uniformiser les pratiques», explique Gervais Bélanger, d'Asthme et Allergies Québec.

Inspirée de la Loi de Sabrina instaurée en 2006 en Ontario, cette loi viserait l'implantation d'un programme de prévention et des mesures d'urgence qui régissent l'anaphylaxie dans le réseau scolaire.

Un premier pas vient d'être franchi le 4 avril: un règlement permet dorénavant à quiconque d'administrer l'épinéphrine en situation d'urgence. «Nous poursuivons nos pressions pour l'adoption d'une loi. Jusqu'à maintenant, le gouvernement a montré une belle ouverture. On espère que ça se concrétisera rapidement», explique Marie-Josée Bettez, présidente de Déjouer les allergies, aussi membre de la Coalition. Maman d'un garçon de 14 ans allergique à 25 aliments, elle se dit en défaveur de l'exclusion des allergènes en milieu scolaire, à l'exception des arachides et des noix. «L'exclusion crée beaucoup d'insatisfaction et de tensions. Je crois plutôt à la prévention et à l'encadrement», assure-t-elle.

Une campagne de lettres aux ministres de l'Éducation et de la Santé et des Services sociaux, initiée par la Coalition, compte aujourd'hui 3275 envois.

«On va commencer par sécuriser nos écoles et garderies, mais il y a encore beaucoup d'éducation à faire auprès du grand public et même des professionnels de la santé. Les personnes allergiques ne sont pas toujours prises au sérieux, mais le danger est encore présent. Je préconiserais une publicité-choc pour vraiment faire réagir la population», conclut Gervais Bélanger.