Plusieurs curistes disent se sentir beaucoup mieux après une période de détoxificationcation. Avec raison. «On avance comme résultats une peau neuve, une meilleure digestion et une hausse d'énergie. Il faut comprendre que ce n'est pas l'élimination de toxines qui procure les bienfaits ressentis, mais plutôt le retrait des aliments transformés, des gras, du sucre, du café et de l'alcool souvent consommés en excès. Évidemment, si on fait le plein de légumes et qu'on élimine les aliments nocifs, on se sentira mieux», dit la nutritionniste Vanessa Perrone.

Pour Ariel Fenster, professeur de chimie à l'Université McGill et membre fondateur de l'Organisation pour la science et la société, il ne fait pas de doute que l'effet placebo joue aussi un rôle important. «Les gens croient à tort que des toxines s'accumulent dans le corps et peuvent être éliminées par un type de régime, la sueur, des bains de pied ou l'irrigation du côlon. Si vous y croyez, vous avez de bonnes chances de vous sentir mieux, rayonnant. L'effet placebo peut être fort.»

Ces cures n'ont pas qu'un effet immédiat. Elles sont parfois l'élément déclencheur à l'adoption de nouvelles habitudes alimentaires. C'est ce qui est arrivé à Catherine Bleau. Elle a fait une cure l'automne dernier, par curiosité et par défi. «Manger cru était totalement nouveau pour moi. J'ai découvert des aliments comme les graines de chanvre, le fenouil, la betterave crue, une nouvelle façon d'apprêter les légumes. Je crois que la sensation de bien-être vient d'abord de l'élimination de cochonneries. Une noix de cajou devient une gâterie! J'ai adoré l'expérience, j'ai toujours mangé à ma faim et je me suis permis de tricher. Il faut dédramatiser l'expérience et avoir du plaisir.»

Aujourd'hui, elle mange moins de viande et moins de pain, qu'elle choisit avec grains germés. Elle concocte des smoothies santé pour déjeuner. «Et j'ai découvert qu'une salade peut me satisfaire pleinement pour souper. Je dors mieux parce que j'ai l'estomac léger.»

Allison Ulan abonde dans le même sens. Elle avance que la cure permet une amplification de l'odorat et du goût. «On sent davantage, on goûte plus. On n'aura pas l'envie de retourner vers nos anciennes dépendances, telles que les croustilles ou le chocolat. Ça change les choix alimentaires.»

Des limites

«Les personnes qui font ce type de cure croient que ça leur apportera une sorte de purification, de renaissance ultrarapide, dit Jean-Pierre Lemasson. On est prêts à payer pour avoir le sentiment de repartir à neuf. Si ça ne fait pas de mal, pourquoi pas?»

On ne peut toutefois pas effacer les dommages causés par de mauvaises habitudes de vie en quelques jours de cure, souligne Vanessa Perrone. C'est l'effet insidieux des cures: plusieurs croient à tort que, puisque l'on «remet le compteur à zéro», on peut se permettre des excès le restant de l'année sans trop de dommages... avant la prochaine cure.

Olivier Barbier, professeur à la faculté de pharmacie de l'Université Laval, reprend l'image de la voiture: «Si, toute l'année, vous faites le plein avec une essence non purifiée et que, deux fois par année, vous utilisez plutôt de l'essence purifiée, votre moteur sera momentanément nettoyé, mais sa durée de vie sera réduite. Si on a des problèmes de santé, ce n'est pas une cure qui va les régler.» Parfois, ça ne fait que les aggraver.