Appelons-le Donald. Il est dans la quarantaine, s'entraîne régulièrement, fait attention à son alimentation et ne fume pas. En cette belle journée, comme plusieurs personnes, il part faire du vélo.

Le parcours est plus difficile aujourd'hui. Donald a mal au coeur, il sent qu'il ne digère pas bien son déjeuner. Il veut malgré tout battre son chrono précédent. Tout à coup, il se sent essoufflé, ressent une douleur dans la poitrine et s'arrête. Heureusement, il y a des secouristes à proximité, qui le trouvent plutôt vert: ils lui installent de l'oxygène et demandent une ambulance et un défibrillateur. Donald perd connaissance et cesse de respirer. Il est mort.

Quelques chocs plus tard, son coeur bat de nouveau et il se dirige vers l'hôpital. On lui donne les soins appropriés et il sort sain et sauf de l'hôpital quelques jours plus tard.

Mais que s'est-il passé? Donald a fait un infarctus, une crise cardiaque. Au fil des années, une plaque s'est formée au sein des coronaires, les vaisseaux qui nourrissent son coeur d'oxygène. Cela a réduit leur calibre, sans que Donald ne ressente quoi que ce soit. Un caillot de sang s'est installé sur la plaque et a bloqué le vaisseau cette journée-là ou les jours précédents. À l'effort, son coeur a souffert d'un manque d'oxygène et a flanché.

Les plus importants facteurs de risque de Donald étaient son âge et le fait qu'il soit un homme. Il y avait également des histoires semblables dans sa famille. Sachez quand même que le tabagisme, le manque d'activité physique et la mauvaise alimentation sont responsables de 8 troubles cardiaques ou accidents vasculaires cérébraux sur 10! Autres facteurs importants: le diabète et le stress chronique. En contrepartie, consommer des fruits et des légumes tous les jours, faire de l'activité physique et consommer de l'alcool modérément (une consommation par jour pour les femmes et deux pour les hommes) sont des facteurs de protection.

Dans ces conditions, qu'est-ce qui lui a nui? Il faut savoir reconnaître les symptômes d'un malaise cardiaque. Ils sont parfois assez clairs: essoufflement, serrement ou brûlement dans la poitrine, douleur irradiant les bras, le dos ou la mâchoire, sudation. Parfois, ils sont plus subtils: nausée, inconfort au creux de l'estomac, peau moite. Ils arrivent souvent à l'effort ou lorsqu'on subit un choc émotionnel important. L'angine donne les mêmes symptômes que la crise cardiaque, mais ils sont moins forts et durent moins longtemps. Les douleurs sont habituellement soulagées par le repos. Si vous ressentez ces malaises, cessez toute activité physique et consultez immédiatement un médecin. Aux urgences, quelques tests permettront de savoir si le coeur est en cause.

Donald, sa famille et ses amis sont soulagés d'avoir pu compter sur la vitesse de réaction des secouristes. Si vous êtes témoin d'un arrêt cardiaque, vous devez agir vite. Chaque minute qui passe augmente de 10% le risque de mourir! Faites le 9-1-1, demandez s'il y a un défibrillateur à proximité et commencez les manoeuvres de réanimation sans hésiter. Vous ne pouvez pas mal faire, il est mort! Massez vite (plus de 100 compressions à la minute), massez fort (comprimez le thorax d'au moins deux pouces) et minimisez les interruptions. Si vous voulez augmenter les chances de réussite de votre manoeuvre, suivez un cours de réanimation cardio-respiratoire (RCR). Ça ne prendra que quelques heures de votre temps et vous pourriez sauver des vies!

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Urgentologue, chercheuse en médecine d'urgence pédiatrique, mère de trois enfants, sportive, la Dre Chantal Guimont est aussi professeure au département de médecine familiale et de médecine d'urgence de l'Université Laval et coanimatrice de l'émission Les docteurs à Radio-Canada.